lundi 30 juin 2014

Samedi 30 juin 2001



Le type qui crée son entreprise (Faustin): «Je suis un aventurier.»

La mystérieuse invitation de Nadia.
Texte de l’invitation:
«Il ne vous arrivera jamais que ce que vous… fête !
Partages et amitié pour renconter artistes… de la vie que nous sommes tous!
Samedi 30 juin 2001 à partir de 18 h… jusqu’à l’aube
pour échanger un sourire, un verre ou deux vers, un baiser ou + si affinités…
Pour tous renseignements, doutes, angoisses ou autres interrogations métaphysiques : Laurence vous écoute au 06 XX XX XX.»
(Le tout illustré de photos de Niki de Saint-Phalle.)

samedi 28 juin 2014

Dimanche 29 juin 1851



«Parlons donc, même si nous montrons toutes nos fautes et nos faiblesses, — car c’est un signe de force que d’être faible, de le savoir et de l’exprimer — non de façon délibérée et ostentatoire, toutefois, mais incidemment et sans préméditation.»
Melville à Hawthorne

Mercredi 28 juin 2001



Tarkovski et ses exercices transcendantaux.

Signe d’espoir: les homosexuels palestiniens ont franchi les frontières pour venir manifester aux côtés des homosexuels israéliens dans les rues de Tel Aviv.

À Starlinge : Vanessa est auteur, elle rédige des questions pour l’émission de télé le Maillon faible, elle ne veut pas qu’on touche à son «œuvre». 

Tête de litote.

Fin de journée, il a fait chaud, on a sué. Chantal dit à Grégoire: «Bouge pas, tu remues ton odeur.»

“Elles lèvent les yeux au ciel, est-ce qu’elles prient, où regardent-elles les avions qui viennent les bombarder?”

“Elle avait une si belle poitrine qu’un quelconque soutien-gorge n’aurait pu que la déformer.”


vendredi 27 juin 2014

Mercredi 27 juin 1984



C m’attendait cachée derrière la porte mais comme j’ai tardé à fermer la 4L elle n’a pu s’empêcher de montrer son bout de nez. 
«Tiens papa vlà un cadeau. 
— Un cadeau pour qui? 
— C’est pour ta le cadeau.»
Après avoir dîné d’œufs à la coque nous descendons tous les quatre à Enghien manger des grosses glaces. Poire belle Hélène pour E, Sweet sweet Cristina plus Chantilly pour moi. Et deux grosses boules d’un rouge rose, violacé, vif, à la fraise pour C. A goûte à tout. Douceur du soir. Ah ces merveilleux soir de juin.

Discussion pénible dans l’appartement du cinquième étage avec madame Bertin et cet agent immobilier qui est somme toute un imbécile. Il l’appelle «Charmante». «Mais dites-moi Charmante, etc.» Et moi je suis «Ami». «Qu’en pense-vous Ami?, etc.» Il cherche comme tous ses confrères à faire croire que tout est réglé alors que rien ne l’est.

Ce matin une jeune étrangère – pas si jeune, 25, 30 ans – me demande comment être servi par le garçon de café. Puis elle me pose d’autres questions (toutes en anglais) sur les croissants, sur la façon de payer ses consommations. Moi, gros rustre je reste le nez plongé dans mon livre (archéologie de Chypre) sans me rendre compte qu’elle cherche un moyen d’entamer la conversation. Ce n’est que plus tard en marchant sur le trottoir que je m’aperçois que je me suis fait «draguer». (Elle avait de magnifiques yeux bleus.)

Tournée pénible chez les éditeurs à qui il faut rendre les livres sur l’opéra. Je me retrouve vers midi rue de l’Échiquier puis rue des Petites-Écuries, puis rue du Château-d’Eau. Ça tombe bien. Mes cousins – tous deux là – me paient un jus de pamplemousse. Ça bavasse. La journée aurait été bonne si, premièrement, je n’avais pas perdu le porte-clefs chien en lego de E, si, deuxièmement, je n’avais pas rayé place Saint-Sulpice la carrosserie de sa voiture, qui jusqu’à présent était restée impeccable.

Je remercie Dieu pour m’avoir permis, m’avoir fait don à 36 ans des deux plus belles filles du monde.

Je prie pour B qui […]
Retour à l’angoisse et l’exaltation.

Angoisse n’est pas le mot, ni désespoir ni malheur. Je ne sais. Peut-être le poids du monde devant le malheur des êtres, devant l’inertie de la matière (rien que le fait de me sentir en ce moment trop gros), devant le «grandiose écroulement du monde».
Exaltation: la terre est pourtant si belle, et l’univers, et la musique des sphères! et le sentiment, la conviction, intérieure, intime profonde de la présence toute proche du monde spirituel […].
Cet amour si possible, si là, si présent, et pourtant impossible, si difficile entre les êtres.
Je tourne toujours autour et j’y reviens toujours, à cette phrase là qui résume la condition humaine qui fait notre malheur et notre bonheur, qui fait notre impuissance, notre angoisse, notre désespoir et notre ferveur, notre exaltation: «nous sommes ensemble mais pas encore».

jeudi 26 juin 2014

Mardi 26 juin 1984



C tourne autour de la chambre. Elle s’ennuie. Elle attend sa mère qui est sous la douche. A dans l’autre chambre de son lit gémit doucement. Puis sa voix s’éteint elle s’est endormie. L’air chaud de l’après-midi a fait place à une très fraîche douceur du soir. Nous avons entendu un avion tout à l’heure vers sept heures sinon tout est calme. Les oiseaux se taisent vite le soir mais le matin dès cinq heures nous pouvons les entendre piallier. Leur chant toutefois n’est pas susceptible de nous réveiller.

Michel Foucault, un des hommes que j’admirais le plus – sans bien le connaître du reste –, est mort hier soir. 

C maintenant dans le lit à mes côtés s’énerve après l’oreiller, le drap – ah ! les choses qui résistent et ne veulent jamais obéir –, elle gémit, elle pleure puis va se plaindre à sa mère.

Dures heures de travail à remplir des caisses et des caisses – vingt-cinq en tout – au hall Garnier: nous remballons l’exposition ratée sur l’opéra.

C: au centre de chaque cerise, il y a une noisette. 

Le bébé de B est définitivement perdu. 
[…]

Ainsi va la mort. ainsi va la vie: Céline et Julien sont nés ce mois-ci. Et une petite Cinghalaise qui va bientôt naître ou qui est déjà née, qui est peut-être un garçon, et qui nous sera assez proche bientôt.

Ce matin à la fois un poids d’angoisse devant l’état du monde et une exaltation à la pensée de mon actuel destin en écoutant l’inachevé messe en ut de Mozart. Je mélange dans ma tête la vie – la joie, les pleurs – de mes filles et le destin de Foucault. 

E semble rajeunie ces jours-ci. Toute mince, presque petite, un aspect de jeune fille sage.

mercredi 25 juin 2014

Lundi 25 juin 2007



Je vais essayer d’entrer en contact avec mes filles aînées par télépathie.

mardi 24 juin 2014

Lundi 24 juin 2002



Guerre des riches contre les pauvres : en Méditerranée un yacht de trente mètres éperonne un petit bateau et noie ses occupants ; à Cannes deux jeunes qui font la course en auto fauchent un ou des piétons ; à Lyon une porsche qui roule en centre-ville à vive allure dans un couloir de bus où c’est strictement interdit blesse gravement un homme de soixante ans ; à Ivry des jeunes dans une porsche également, toujours dans un couloir réservé au bus, tuent une femme enceinte et ses deux filles, le père reste seul avec un bébé de quatorze mois.

lundi 23 juin 2014

Dimanche 23 juin 2002



Ce matin à six heures j’assiste à un accident. Peut-être le seul à voir. Une petite voiture blanche seule sur la route, sur la voie de gauche qui vient de Rueil monte sur le terre-plein central, arrache le feu tricolore, pivote sur elle-même en se balançant, oscillant, chaloupant, avant de s’immobiliser en travers de la route. 
J’étais en train de prendre une photo de nuages (splendides encore une fois, le soleil levant caché par une barre noire qui vers le haut s’effiloche en petit moutons blancs jusqu’à un ciel pur d’un bleu encore sombre).
Je n’appelle pas la police persuadé que quelqu’un d’autre le fera. Lorsque je prends mon café je m’énerve parce que les secours n’arrivent pas. Comme je ne vois pas le ou les passagers sortir je m’inquiète davantage. Deux ou trois conducteurs d’autres voitures regardent, sortent de leur véhicule, se penchent sur le siège du conducteur, qui m’est caché par un prunus de la contre-allée, puis repartent. 
La police et les pompiers arrivent. Un pompier sort une énorme bonbonne qu’il approche de la voiture mais n’utilise pas. Les pompiers du samu ne font rien. Je m’imagine alors que le conducteur est mort. Puis, imagination galopante, que c’est parce qu’il m’a vu prendre une photo, parce qu’il avait été intrigué et avait détourné les yeux de l’autre côté pour voir ce que je photographiais qu’il est mort. Je suis responsable de sa mort.
Mais quelques minutes plus tard une jeune femme en vêtement de sport, décontractée, sort de la voiture du samu et répond au questions des policiers (je ne l’avais donc pas vu y entrer). 
Enfin une dépanneuse vient ramasser la voiture et les pompiers balaient les débris. La bonbonne n’était pas une bouteille d’oxygène, trop grosse, mais un extincteur. Je suis impressionné par le nombre de papiers que plusieurs de ces hommes remplissent, pompiers, policiers, le conducteur de la dépanneuse, et même deux passagers d’une petite voiture blanche qui a stationné une minute à quelques mètres et qui est repartie très vite, encore des policiers, en civil — je suppose que ce sont des policiers. 
Très peu de badauds, des lève-tôt qui promènent leur chien, Jean-Pierre l’ex-tapissier qui est bien du genre à fourrer son nez partout, une vieille de l'immeuble d’en face en robe de chambre. 
Une heure plus tard, nulle trace, cet accident n’a pas eu lieu.


dimanche 22 juin 2014

Samedi 22 juin 2002



Histoire de la petite dame qui tenait jusqu’au début de cette année la petite boutique de sandwichs vietnamiens au 7 rue Saint-Jacques, racontée par elle-même, hier matin. 
Il y a vingt-sept ans un homme avait voulu l’épouser.
Or elle était déjà mariée, en secret, avec un autre — en secret à cause des traditions du pays, des pressions familiales, parce que son mari n’était pas de la même classe sociale qu’elle — je ne sais plus lequel des deux était d’origine noble.
L’homme qui avait voulu l’épouser a disparu de sa vie. 
Avec son mari elle a eu une longue vie de famille ordinaire, des enfants, etc.,  et elle a bien mené sa barque:  aujourd’hui elle possède des restaurants et autres affaires d’import-export. 
Aujourd’hui elle a cinquante-neuf ans et elle a divorcé. 
Au printemps, elle me l’avait dit, elle partait à la Guadeloupe. Eh bien elle y a retrouvé des cousins qui n’avaient pas perdu l’homme de vue. Ils ont insisté pour lui téléphoner. Il a failli les rejoindre sur-le-champ à la Guadeloupe, mais il ne put le faire. Qu’importe, de retour à Paris, il l’a appelé. Il se sont revus. Ils vont s’épouser. 

Elle m’avait abordé, guillerette, en me disant: «Vous savez, je me marie!»



samedi 21 juin 2014

Mardi 21 juin 2011



Je me souviens de la fête de la musique à Embrun. Sous une pluie battante, un orchestre sous une bâche, cinq spectateurs sous des parapluies.
Je me souviens du 14 juillet à Châteauroux. La dernière fois que j’ai dansé le rock — avec Michèle. La dernière fois de ma vie que j’ai dansé. Mes enfants se sont tellement moqués de moi.

vendredi 20 juin 2014

Mercredi 20 juin 2007


Géraldine était une blonde un peu timide, discrète, studieuse. Mais elle était d’une sensualité folle quand elle dansait, l’air de rien, naïve; elle se métamorphosait alors en «femme fatale» — à se damner. Puis elle redevenait la jeune fille sage assise à l’écart sur un banc, faisant tapisserie. 
À la fac, aussi loin que je l’ai connue, elle avait ce qu'on appelait un «petit ami» (on ne couche pas, on s’embrasse dans les coins), Paul. Dans les couloirs, quand ils allaient en cours, Paul lui passait toujours le bras autour du cou et comme il était plus petit qu’elle leurs deux silhouettes enlacées dessinaient une figure curieusement asymétrique. On les voyait venir de loin.

Philippe et le gros Michel sont partis camper en Bretagne avec Géraldine (1973). Philippe en avait toujours pincé en secret pour Géraldine. Il tenta sa chance, et «ça marchait». Il veut dire qu’il avait de l’espoir, qu’il y croyait. Mais Paul, le copain attitré, les a rejoints. Alors Philippe, gentleman et timide, a arrêté de jouer. 
Et à ce moment, ce fut le placide Michel qui entra dans la danse. Michel a courtisé Géraldine, si bien qu’elle a cédé, elle lui a fait les yeux doux, elle s’est abandonnée. Paul a été mis peu à peu à l'écart, jusqu'à ce qu'il quitte la Bretagne penaud et très fâché. On n’a plus jamais entendu parler de lui.
Philippe, lui, est resté, avec les deux autres, il n’était plus que spectateur malheureux, paralysé, et le dindon du vaudeville. Quelles vacances!

(Michel et Géraldine sont toujours mariés. Ils ont eu quelques enfants.)

Tout cela Philippe me l’a raconté hier — avec une nuance de regret.



jeudi 19 juin 2014

Lundi 19 juin 2000



Mitterrand avait des centaines de cartons. J’en ai trois, mais bien plus intéressants.

A a avorté deux fois parce que son mari ne voulait plus d’enfants. 
Je ne sais si c’est pour garder un homme mais B a aussi avorté deux fois. 
C a failli être quittée par son mari à cause d’un enfant que celui-ci ne voulait pas, elle dit d’ailleurs que jamais les maris ne veulent délibérément d’enfants.
Quand on lui parle de troisième enfant les larmes perlent sur les joues de D.

Pari de Pascal atténué: épouses n’avortez jamais pour garder les maris! Si vous gardez l’enfant vous risquez de perdre le mari. Si vous tuez l’enfant vous n’êtes pas sûr de garder le mari. Dans le premier cas vous gagnez l’enfant et ne risquez presque rien. Dans le second cas vous perdez l’enfant et n’êtes même pas sûr de gagner le presque-rien.

mercredi 18 juin 2014

Mardi 18 juin 2002



Je lis la Vie de Catherine M, je vais voir Salò: ce que la vie peut être lourde parfois.

Il fait très chaud.
Une belle histoire: aux États-Unis un feu de forêt immense risque de durer tout l’été, il a été initié par une femme qui avait décidé de brûler certaines lettres d’amour qu’elle avait reçues.

mardi 17 juin 2014

Samedi 17 juin 2000


On n’en veut à personne, il n’y a pas d’accusé, ce n’est pas notre faute si notre vie, si l’être humain est incompatible. Avec quoi? Avec rien, avec lui-même, incompatible dans un sens absolu, sans attribut. Nous sommes incompatibles, nous l’avons toujours été, les conditions sociales le cachaient, nous avons mis cela au jour, enfin! nous vivons avec la vérité! Eh oui, c’est difficile. Eût-il été préférable de vivre dans le mensonge? La question n’a pas de sens, c’est fait.

lundi 16 juin 2014

Vendredi 16 juin 2000



Dans les brumes du sommeil. Je parle beaucoup le matin peut-être parce que je ne suis pas encore connecté à l’horrible vie quotidienne avec les autres, ils ne m’inhibent pas, ils ne me polluent pas l’esprit en venant me rappeler leur existence, je suis encore sous l’emprise des rêves où la vie de l’esprit est plus vagabonde.
Ce matin, à peine levé j’écris non pas ce que je pense, ce que je cherche mais ce que je trouve sans chercher, ce qui est là tout seul, comme si ce n’était pas de moi mais quelqu’un d’autre qui parlait tout seul en moi:

«Goût des lèvres: on ne peut le connaître c’est-à-dire l’apprécier avec justesse que par comparaison.»

«L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, ceux qui se couchent tard ont le présent, ceux qui ont des insomnies leur passé, quant à ceux qui dorment beaucoup, il leur reste toujours la vie des rêves.»

«Allez, sois gentille, juste un peu, avant qu’elles soient souillées par le café, les croissants, les cigarettes, les poussières des chemins, le bruit, le brouillard des mots, avant qu’elles appartiennent aux autres, qu’elles aillent vivre leur vie sociale, pendant qu’elles ont encore leur pureté nocturne, qu’elles n’ont proféré aucune phrase humaine, qu’elles n’ont été touchées par personne, laisse-moi goûter tes lèvres.»

Mais non seulement je parle mais encore je suis à l’écoute:

Nouvelles du monde: un type tire sur les automobiles qui passent sur le boulevard périphérique parisien; un banquier est inculpé pour détournement de biens sociaux (qu’est-ce que c’est que cela, des «biens sociaux», y en a-t-il d’autres?), il s’appelle comte de…; les soldats algériens de la première guerre mondiale touchaient une solde quatre fois moindre que les soldats français.

Et puis une heure plus tard, l’esprit est brouillé par les ondes radioactives du monde, je n’ai plus qu’à me recoucher, il n’y a plus rien à faire dans ce monde. À moins qu’on ne se recouche pas seul: où il reste encore quelques bricoles amusantes et agréables pour s’occuper, n’est-ce pas? je ne vais pas te détailler ce que tu connais si bien: léchage, suçage, production de variées humidités entre deux douches.

dimanche 15 juin 2014

Jeudi 15 juin 2000



«Je hais la Démocratie (telle du moins qu’on l’entend en France) parce qu’elle s’appuie sur “la morale de l’évangile” qui est l’immoralité même, quoi qu’on en dise, c’est-à-dire l’exaltation de la Grâce au détriment de la Justice, la négation du Droit, en un mot l’antisociabilité.» 
Flaubert

samedi 14 juin 2014

Mercredi 14 juin 2000



Inês est incomparable: «Montaigne, quelle merveille! j’aimerais bien pouvoir le lire.»

Aujourd’hui, rien, que du travail, mollement. Ennui difficile solitude, mes moralistes ne suffisent pas. D’abord ils sont trop intelligents pour moi, et puis ils ne sont qu’en papier. Je préfèrerais prendre une bière avec une jolie fille un peu bête. Charlotte n’appelle pas. Je l’ai rencontrée le 17 mai et pas revue depuis. C’est très difficile d’être seul.

«Délirants médiocres» disait Drieu de Michaux, de Jouve, lequel Drieu s’y connaissait peu en délires, sauf les inadmissibles – les politiques –, et bien plus en médiocrité.

jeudi 12 juin 2014

Lundi 12 juin 2006



Par X, des nouvelles de W. La principale est que madame Y, la mère de N enfants, la belle-sœur du Z qui écrit des livres blabla, la belle-sœur de A, celle dont les N enfants ont un prénom avec un B, qui est âgé d’à peu près (20 + N + 1) ans, a un amant. Grand bien lui fasse. Il fallait que le monde entier le sache, voilà, ce n’est pas perdu, c’est dans le journal: madame Y a un amant!

Hier Honfleur.
 À Honfleur, métaphores maritimes: 
Honfleur, quai Sainte-Catherine, 2006:
6, la Cambuse;
12, la Lieutenance;
14, le Bouchon;
20, Côté port; 
22, le Corsaire; 
30, l’Annexe; 
32, l’Albatros;  
40, la Lipouille; 
42, le Clipper; 
44, l’Hippocampe; 
52, le Perroquet vert; 
54, la Bisquine; 
74, la Cabane du pêcheur; 
76, l’Ascot; 
78, la Crevette.



mercredi 11 juin 2014

Lundi 11 juin 2012



Je ne me souviens plus de ce que je fais. Si, retrouvé, tout bête, au supermarché de Guérande, achats de victuailles, de chaussettes et de slips.


mardi 10 juin 2014

Lundi 10 juin 2002



J’ai retrouvé dans Guibert l’idée que j’avais eu de roman à contrainte folle: un roman où il y aurait la totalité des mots de la langue française. Précisons: les mots de mon “corpus” (le vocabulaire que je suis en train de faire pour ***), environ trente mille, chacun utilisé une seule fois (noms, verbes, adverbes, adjectifs), en ne se servant plusieurs fois que des “petits mots” et des verbes être et avoir — je suppose que c’est difficile de procéder autrement. Déjà là que. 

lundi 9 juin 2014

Vendredi 9 juin 2006



Hier soir, en larmes dans mon lit, à prier, puis maudire, à hurler, angoisses, l’homme n’est fait que pour la mort et la souffrance (hier à la télévision un père racontait comment sa fille de vingt ans qui est morte brûlée vive dans l’incendie d’un centre équestre avait agonisé pendant trente longues secondes).

Ce matin, guilleret, je suis possédé par cet air de Maurice Chevalier: «dans la vie faut pas s’en faire, moi je n’m’en fais pas, toutes les p’tites misères sont bien passagères, tout ça s’arrangera.» Je suis ainsi, imprévisible. Je ne peux être que désespéré ou exalté; pas de modération dans mes humeurs.

dimanche 8 juin 2014

Jeudi 8 juin 2000



Le ciel est trop bleu. Nous sommes à découvert. L’univers nous regarde, et nous sommes nus face à lui. Les nuages nous couvrent, nous cachent, nous protègent.

«C’est très simple, j’ai envie de coucher avec toi, qui as envie de coucher avec moi.
— Et avec d’autres?
— Pas toi?»

samedi 7 juin 2014

vendredi 6 juin 2014

Jeudi 6 juin 2002



Avant-hier, allumé par une nana dans le métro. Je ne la remarque même pas. Presque pas. Je lis Hervé Guibert, et j’aperçois de temps à autre au-delà de ma page ses jambes sous des bas violets dépassant largement d’une jupe courte. Elle est assez belle, porte bien sa cinquantaine. Lorsque je prends mon rer je sens son regard dans mon dos – elle reste sur le quai, assise, elle ne va pas vers Saint-Germain. Je m’assois près de la vitre. Elle me fait alors un large et généreux sourire, auquel je réponds timidement (pourtant pas de risque, dans dix secondes elle aura définitivement disparu de ma vie).

Ça doit être le printemps car hier, c’est A qui m’allume. Frôlements, rires de connivence, bisous accentués sur les joues, allusions incessants à son «goût» pour l’érotisme, etc., toute l’après-midi. 

I : délétère, mortifère.

Jusqu’en 1975, en France, un mari qui tuait sa femme qu’il avait surpris en flagrant délit d’adultère pouvait être acquitté par les tribunaux. 

Je lis le journal de Guibert : délétère, mortifère.


jeudi 5 juin 2014

Lundi 5 juin 2000



Voici les préférences sexuelles selon des statistiques, sondages, sûrement auprès du grand peuple qu’on appelle américain.

Tout d’abord les femmes:

1° être léché
2° caresse du clito avec le doigt
3° à cheval sur l’homme
4° en variant les positions
5° 69
6° massages sur le corps du partenaire
7° masturber le partenaire
8° avec deux partenaires
9° se masturber
10° fellation

Puis les hommes:

1° fellation
2° en variant les positions
3° avec deux partenaires
4° jouer avec la poitrine de la partenaire
5° sodomie
6° 69
7° sado-maso légère
8° se faire masturber
9° lécher
10° se masturber

[Je crois que je ne suis pas un homme normal…]

mercredi 4 juin 2014

Mardi 4 juin 2013



Très mauvais réveil à cause d’un très mauvais rêve. Je fais tout ce que je peux pour des amis, puis j’apprends qu’ils ne m’ont pas invité à telle ou telle chose. Je sais qu’ils sont en un certain endroit, sans moi. Je me décide à y aller malgré tout. Boîte de nuit, j’y retrouve V qui a une robe charleston, une perruque frisée blonde et qui danse, je la rejoins, elle me prend par le cou, et me dit, ce qui me tue: «Que fais-tu là? tu n’as pas payé ta place.»

mardi 3 juin 2014

Samedi 3 juin 2000



Ascension du Monte Sacro: Nietzsche et Lou. 
Un demi-siècle plus tard, elle confie à Malraux, croisé dans un salon parisien: «Je voudrais tout de même bien me souvenir si je l’ai embrassé ou non, sur ce chemin au-dessus du lac de Côme.»

L’infinie mélancolie de la première forme du conditionnel passé.

lundi 2 juin 2014

Vendredi 2 juin 2000



On pourrait tout aussi bien écrire 200 ou 20 000, quelle importance.

Monsieur Gallimard: “J’achète les génies… euh, j’sais pas bien les r’connaître, bon, j’achète ceux qui savent les r’connaître, et puis j’achète tout, je paie comptant. Après, on verra bien. Et ceux qui n’en sont pas, on f’ra croire, ça marchera.” 
Ça a couru, ça a galopé; Céline, il pouvait les insulter, ils pipaient pas, forcément, ils avaient les dividendes à l’arrivée. Voir dans la brochure publicitaire l’effarant tableau des cocktails: les génies ne sont pas difficiles à reconnaître: ils se demandent ce qu’ils font là… encore que, non, il y a ceux qui savent très bien pourquoi ils ont là: pour boire.


dimanche 1 juin 2014

Jeudi 1er juin 2006



«On jugera si, à moins d’être le dernier des infâmes, j’ai pu tenir des arrangements qu’on a toujours pris soin de me rendre ignominieux, en m’ôtant avec soin toute autre resssource, pour me forcer de consentir à mon déshonneur. Comment se seraient-ils doutés du parti que je prendrais dans cette alternative? ils ont toujours jugé de mon cœur par les leurs.» (JJR)

Le livre de Stephen Vizinczey, Éloge des femmes mûres, est un assez beau livre, un petit roman “sympa”, mais quant à le qualifier de chef-d’œuvre mondial, etc., à citer Nabokov, etc., aux dithyrambes des critiques mentionnés en quatrième de couverture, faut pas exagérer, faut pas pousser mémère.

«Cette idée qu’on ne peut aimer qu’une seule personne fait que la plupart des gens vivent dans la confusion» (page 97).

«ce monument ancien et vénérable […] était un aphrodisiaque puissant : tant que ces colonnes de marbre tenaient debout, elles brûlaient d’orgueil spirituel et de désir, passions jumelles jaillies des mêmes replis de l’âme» (page 163). 

Et toutes les pages à partir de la page 205.

[Suit un long développement sur ma grand-mère que je reprendrai plus tard.]