jeudi 26 juin 2014

Mardi 26 juin 1984



C tourne autour de la chambre. Elle s’ennuie. Elle attend sa mère qui est sous la douche. A dans l’autre chambre de son lit gémit doucement. Puis sa voix s’éteint elle s’est endormie. L’air chaud de l’après-midi a fait place à une très fraîche douceur du soir. Nous avons entendu un avion tout à l’heure vers sept heures sinon tout est calme. Les oiseaux se taisent vite le soir mais le matin dès cinq heures nous pouvons les entendre piallier. Leur chant toutefois n’est pas susceptible de nous réveiller.

Michel Foucault, un des hommes que j’admirais le plus – sans bien le connaître du reste –, est mort hier soir. 

C maintenant dans le lit à mes côtés s’énerve après l’oreiller, le drap – ah ! les choses qui résistent et ne veulent jamais obéir –, elle gémit, elle pleure puis va se plaindre à sa mère.

Dures heures de travail à remplir des caisses et des caisses – vingt-cinq en tout – au hall Garnier: nous remballons l’exposition ratée sur l’opéra.

C: au centre de chaque cerise, il y a une noisette. 

Le bébé de B est définitivement perdu. 
[…]

Ainsi va la mort. ainsi va la vie: Céline et Julien sont nés ce mois-ci. Et une petite Cinghalaise qui va bientôt naître ou qui est déjà née, qui est peut-être un garçon, et qui nous sera assez proche bientôt.

Ce matin à la fois un poids d’angoisse devant l’état du monde et une exaltation à la pensée de mon actuel destin en écoutant l’inachevé messe en ut de Mozart. Je mélange dans ma tête la vie – la joie, les pleurs – de mes filles et le destin de Foucault. 

E semble rajeunie ces jours-ci. Toute mince, presque petite, un aspect de jeune fille sage.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire