C tourne autour de la chambre. Elle
s’ennuie. Elle attend sa mère qui est sous la douche. A dans l’autre
chambre de son lit gémit doucement. Puis sa voix s’éteint elle s’est endormie.
L’air chaud de l’après-midi a fait place à une très fraîche douceur du soir.
Nous avons entendu un avion tout à l’heure vers sept heures sinon tout est
calme. Les oiseaux se taisent vite le soir mais le matin dès cinq heures nous
pouvons les entendre piallier. Leur chant toutefois n’est pas susceptible de
nous réveiller.
Michel Foucault, un des hommes que
j’admirais le plus – sans bien le connaître du reste –, est mort hier soir.
C maintenant dans le lit à mes côtés s’énerve après l’oreiller, le drap –
ah ! les choses qui résistent et ne veulent jamais obéir –, elle gémit,
elle pleure puis va se plaindre à sa mère.
Dures heures de travail à remplir des
caisses et des caisses – vingt-cinq en tout – au hall Garnier: nous
remballons l’exposition ratée sur l’opéra.
C: au centre de chaque cerise, il y a une noisette.
Le bébé de B est définitivement perdu.
[…]
Ainsi va la
mort. ainsi va la vie: Céline et Julien sont nés ce mois-ci. Et une petite
Cinghalaise qui va bientôt naître ou qui est déjà née, qui est peut-être un
garçon, et qui nous sera assez proche bientôt.
Ce matin à la fois un poids d’angoisse
devant l’état du monde et une exaltation à la pensée de mon actuel destin en
écoutant l’inachevé messe en ut de Mozart. Je mélange dans ma tête la vie – la
joie, les pleurs – de mes filles et le destin de Foucault.
E semble
rajeunie ces jours-ci. Toute mince, presque petite, un aspect de jeune fille
sage.
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