dimanche 31 mai 2009

FB mai 2009




J’efface pas

Patrick est rassuré: sa fille est rentrée saine et sauve du Teknival. Chez elle avant le départ de l’équipée, dans un angle du salon, elle avait stocké vingt packs de 24 canettes de bière premier prix. Non, dix. Un pack = 24 bières =>
dix packs = 240 bières.

Vous êtes bien gentils tous.

Mon cher, elle habite Montmorency. et à Montmorency il n’y a pas de livres. À Montmorency, il y a deux gros molosses. Ma chère, que quelqu’un est venu garder spécialement du Jura. Ne pas confondre avec le petit chienchien qui aime la poésie et la folâtre nature beauceronne. (Prochainement, photos des chiens.)
Lequel? Jammes ou James. Henry? faut pas exagérer, ce n’est qu’un chien; suivrait-il les méandres de la psychologie des personnages? Et puis je ne me vois pas lire Les Ailes de la colombe à voix haute les long des chemins forestiers.
C’est un peu long…

Patrick a reçu une carte postale.

Quand nous étions jeunes, le cinéma de Claude Sautet c’était notre bête noire. Pas plus tard qu’hier mon frère me dit: «Ça ne doit plus être regardable.» Je lui ai répondu que, au contraire, ça avait dû acquérir une sorte de charme désuet. (Mais, malin, j’ai bien pris garde de ne pas le regarder!)

«Soirée FB: je me connecte, je reçois et envoie des points cool, des cœurs et des moutons, je regarde qui est le nicest, le best looking, le best lovable, je clique sur un peu tout, j’écris trois mots dans mes mails, je vais prendre une douche et dîne.»

J’ai failli vous le dédier. Mais ce n’est pas votre Beauce. Et moi, comme je suppose les vrais Beaucerons, je déteste la Beauce. je préfère la Vendée et le Poitou, et surtout la Saintonge.

Patrick aime l’orage, le tonnerre et les éclairs, les ténèbres, le vent en bourrasque, la pluie battante, brusque courte, et l’étrange accalmie silencieuse qui suit.

Patrick a eu en cadeau une très belle image hier soir.

Patrick a lu La Mort du Vazir-Moukhtar, Le Lieutenant Kijé et Le Disgracié (Tynianov).

«Ce qu’on appelle la vallée de Montmorency n’est qu’un promontoire qui s’avance vers la vallée de la Seine et directement sur le dôme des Invalides» Stendhal

«Mais j’avais beau rester devant les aubépines à respirer, à porter devant ma pensée qui ne savait ce qu’elle devait en faire, à perdre, à retrouver leur invisible et fixe odeur, à m’unir au rythme qui jetait leurs fleurs, ici et là, avec une allégresse juvénile et à des intervalles inattendus comme certains intervalles musicaux, elles m’offraient indéfiniment le même charme avec une profusion inépuisable, mais sans me le laisser approfondir davantage, comme ces mélodies qu’on rejoue cent fois de suite sans descendre plus avant dans leur secret.» MP

La prochaine fois j’essaie une brabançonne.

Mes quatre filles sont belles.

«A notre vieillesse!»

«Tout d’un coup au détour d’une allée je ressentis une impression surnaturelle, délicieuse, comme si la nature était devenue solennelle et mystique comme une église et le printemps surnaturel comme une fête religieuse, je venais de reconnaître dans un arceau d’une haie les branches de cette aubépine que j’avais vue sur l’autel de la Vierge. » MP

«De ceux à qui le monde ne suffit pas: les saints, les conquérants, les poètes et tous les amateurs des livres» (Joseph Joubert, 26.10.1807).

Patrick a lu Jean-Michel Maulpoix commente «Choix de poèmes» de Paul Celan, sans avoir lu Choix de poèmes de Paul Celan.

Là il s’agit d’un livre entier, indépendant, au curieux titre du reste, que j’ai recopié entier; quel est le titre? le nom de l’auteur fait-il partie du titre?
Fellini Roma: quel est le titre? l’auteur est dans le titre?
En ce qui concerne, par exemple, Balzac dans la Pléiade, ou tout aussi bien Faulkner, je lis (ou survole) la préface après, et lis les notes à la file après, en me reportant si je l’ai oublié au texte qui devient par là une note de la note.

Les titres de la collection «Ecrivains de toujours» sont curieux. Exemple: Corneille par lui-même par Louis Herland. Faudrait savoir!
Sinon on a L’Histoire de la peinture en trois volumes, de Matthieu Bénezet, mais c’était un rigolo des années soixante. (Je l’ai vu référencé en «Arts» dans des catalogues.) C’était un volume sans art et sans histoire.

«Je me promettais alors de ne jamais rester un printemps sans aller les voir et de ne pas imiter la vie bête des grandes personnes qui vont se faire des visites au lieu d’aller voir les aubépines» MP.

A vendre, lot important d’ours en peluche: faire proposition.

A vendre pokes new-yorkais, par lot de cent (on ne fait pas au détail).

A vendre mouton – lancé une seule fois – bonne occasion.

A échanger mère, style «château en péril», contre liberté de mouvement.

A vendre: troupeau!

Ici, il n’y a que des «amis», donc vous comprendrez qu’il ne peut y avoir de favoritisme, que diraient les autres qui nous lisent?
Donc, ça se passe comme sur ebay: aux enchères les moutons!

Je suis drôlement fière: parmi mes amis, c’est moi qui ai le plus de moutons.

A priori le texte de Kuchelbecker n’a rien à voir avec les prétendus extraits cités par Tynianov. J’attends un lecteur qui sache le russe. Mais je suis capable de me fourvoyer complètement. 
Si l’on compare mes deux articles, l’on peut penser à ce film ou deux personnages dialoguent par le truchement d’un interprète. Le premier se lance dans un interminable discours, que l’interprète traduit en deux syllabes. le second répond en un mot, que l’interprète traduit pas des phrases interminables… (J’attends aussi qu’un lecteur me trouve le film.)

Je ne me souviens pas trop de ça dans Lost in translation: je ne suis pas sorti, j’ai dormi (en revanche j’ai bien aimé les Virgins). Je me demandais, un vieux film avec Bing Crosby, ou alors Pierre Dac?

Je ne suis pas fan de Romy Schneider, ni trop de Clouzot (hum… enfin…), mais ces quelques minutes de rush sont de purs… de purs quoi?… de purs joyaux de cinéma!

2009. J’y pensais l’autre jour en regardant une émission sur Arte à ce sujet. Finalement, hors nos joies (et peines personnelles), nous nés dans l’immédiate après-guerre, ça a bien été le 9 novembre 1989 le plus bel événement que nous avons vécu, le plus important, le plus joyeux, la divine surprise.

Patrick sent qu’il va être obligé de lire Béatrix.

J’vais m’coucher

Nota sérieux: il y a un livre extraordinaire (gros et cher), mais passionnant et incroyable: la correspondance Louÿs-Valéry-Gide… bon… c’est autre chose… 
Sinon: Dossier secret, Louÿs et Marie de Régnier, avec des photos de Marie toute nue.

Bilitis et Aphrodite, c’est tout à fait “camp”, le comble du “camp”. Trois filles c’est un peu comme les civilités. Dans la correspondance (d’où Gide disparaît assez vite, trop raisonnable pour ces deux déglingues que sont Valéry et Louÿs – car Valéry est aussi déglingue cf. le journal de Catherine Pozzi), il y a deux moments très forts: la rencontre extraordinaire de ces trois tout jeunes gens, puis bien plus tard la correspondance frénétique entre Louÿs et Valéry dans les années 18, jouissif! Pierre Louÿs était un pantin tragique. Remarquez, Valéry n’en est pas loin.

Je n’ai toujours pas de smileys pour vous répondre.

Si je comprends bien, tous les Français et Françaises ont une vie sexuelle bien remplie parce qu’ils savent dessiné la belle queue en tire-bouchon des cochons?

Paul Valéry est tout à fait un pantin tragique.

J’étais tranquillement en train de graver Adieu Philippine et Pierrot le Fou pour mon fils, quand soudain… mordu jusqu’à saigner par son beau-père!

Mes amis ne savaient pas que j’avais la gale… maintenant ils le savent.

Patrick est le gardien de sa mère.

«Alors je ne pourrai pas vous revoir. — Mais si, venez l’année prochaine. — Vous viendrez sûrement? — Oh! sûrement, c’est réglé, à partir du 15 mai vous nous trouverez, peut-être même un peu avant s’il fait beau. Nous ne bougerons pas d’ici. Donc, s’il fait un temps épouvantable, nous ne serons peut-être pas là avant le 20 mai, mais vous verrez bien vous-même. Oh! et puis si vous ne nous voyez pas nous saurons bien vous appeler, notre odeur ira bien vous chercher, vous faire signe, il y a quelqu’un qui vous attend par là. — En tout cas pas plus tard que le 20 mai. — Ah non, pas plus tard, nous sommes forcées d’être parties au commencement de juin, cela ne vaudrait plus la peine. — C’est que l’année prochaine je ne sais pas si je pourrai. — Ah! voilà… Mais si vous pouvez, tâchez, on sera toutes là, on s’amusera comme autrefois, vous verrez. » MP

Ah non! (mais peut-être ai-je tort de me sentir visé par l’allusion à l’allusion ci-dessus.) Il n’y a pas de second degré, cette photo d’un cochon du bord de Loire, en aval de Nantes, n’est que pour démontrer la taille des oreilles de l’animal. Je n’ai pas de photo de cochons avec la queue en tire-bouchon. Du reste, ça existe dans la nature? n’est-ce pas une légende pour petits citadins? 
Et puis ça change un peu des moutons.

Patrick prépare son sac. Entre le comptage des paires de chaussettes en fonction du nombre de jours, le choix des t-shirts, essayer de retrouver où est passé Balzac tome II, ne pas oublier le rasoir, le coupe-ongles, mettre à recharger le portable, l’autre p

La réponse est tellement évidente: un troupeau. Je vous vois bien en bergère dans la vallée de la Clarée ou pas loin du Parpaillon.

Oui… oui… ça très fort je l’ai… en somme c’est cela qui m’a amené à RC… et qui fait que j’aime tant certains textes de Julien Gracq. 
(En bergère vous seriez photogénique à ravir.)

«Pour celui qui ne veut pas être heureux, il n’a qu’à monter dans son grenier et il entendra, jusqu’au soir, siffler et gémir les naufrages. il n’a qu’à s’en aller dehors, sur la route, et le vent lui rabattra son foulard sur la bouche c

Patrick a lu Le Grand Meaulnes.

Patrick aimerait bien vivre en un lieu où il pourrait écouter du Ligeti à tue-tête sans que les autres habitants lui disent: «Arrête ton crin-crin.»

Encore deux photos, du 26 mai. Cette fois les aubépines n’ont plus de fleurs du tout, mais à leurs côtés d’autres arbustes ont fleuri.
Je n’y connais rien, mais: «Combien naïves et paysannes en comparaison sembleraient les églantines qui, dans quelques semaines, monteraient elles aussi en plein soleil le même chemin rustique, en la soie unie de leur corsage rougissant qu’un souffle défait» MP.

Je ne sais pas si c’est un pur chef-d’œuvre, bien décrié, mais pour moi c’est un livre magique, de bout en bout. 
2e partie, chapitre 12, page 192 de la bonne édition où je viens de le lire, une curieuse note: «ce chapitre est la frontière à laquelle se sont arrêtés bien des lecteurs, à commencer par Gide».

Patrick souhaiterait vivre en un lieu où il pourrait déclamer, proclamer, à voix forte et fausse, du Max Jacob sans qu’on le regarde bouche bée, avec des yeux de poisson, en menaçant de l’envoyer à Bonneval. (Quand j’étais petit c’était Charenton, plus tard Cadillac).

Dans ma famille, on n’était pas des bobos parisiens.

Quand j’entends Sainte-Anne je pense Lacan!

Patrick, toutes les après-midi, pratique les rêveries (ruminations) du promeneur solitaire (avec chien).

«Les pubs FB ne cessent de m’impressionner: “Obtenez un corps parfait maintenant, essayez-le gratuitement!”
— C’est en effet très impressionnant! j’essaye d’imaginer la chose.»

Patrick , chaque matin, avant de prendre son café, lance un mouton.

Pétard! Patrick est plus fort que M. Je viens de trouver ce qui n’allait pas. Donc, votre playlist, en haut à droite cliquer sur partager, puis copier le long code, puis le mettre dans l’application deezer de facebook, enregistrer, laisser mijoter cinq heures, à feu doux surtout, ajouter une gousse d’ail pour éloigner les fantômes, servir tiède nappé de violons pleurnichards, c’est bon.

«Je me demandais comment finissaient les fils de conversation: ou comme meurent les étoiles, par épuisement de leur énergie interne, ou en vertu de la mécanique des fluides, par frottements sur les bords. mais voici un fil qui sans doute va finir sur un beau point d’orgue de P.»

J’ai dormi en 232 lieux, et il faut cliquer à gauche sur le bas du deuxième ascenseur pour voir le sud-est. Impossible d’avoir une carte complète en une fois. Tous les lieux mentionnés sont certains, en revanche je n’ai pas mentionné des endroits dont je ne suis pas sûr. Ai-je dormi en telle ville en telle année?

«Pour me faire pardonner ma brutalité sur la S, je vous conseille de devenir “ami” avec Gunther. Une fois que cela sera fait, allez explorer ses photos. Suivez régulièrement ce qui se passe chez les autres, les liens déposés, etc, et quand quelqu’un vous “plaît” particulièrement (par ses goûts, ses recherches, etc) faites une demande d’“amitié”. C’est comme dans Tricks: dans Tricks on couche avant de se connaître, ici on devient amis pour faire connaissance. (Et il est toujours possible de supprimer un “ami” de sa liste: la personne n’est pas mise au courant, il faut qu’elle s’en aperçoive d’elle-même).»