Géraldine était une blonde un peu timide, discrète, studieuse. Mais elle était d’une sensualité folle quand elle dansait, l’air de rien, naïve; elle se métamorphosait alors en «femme fatale» — à se damner. Puis elle redevenait la jeune fille sage assise à l’écart sur un banc, faisant tapisserie.
À la fac, aussi loin que je l’ai connue, elle avait ce qu'on appelait un «petit ami» (on ne couche pas, on s’embrasse dans les coins), Paul. Dans les couloirs, quand ils allaient en cours, Paul lui passait toujours le bras autour
du cou et comme il était plus petit qu’elle leurs deux silhouettes enlacées dessinaient une figure curieusement asymétrique. On les voyait venir de loin.
Philippe et le gros Michel sont partis camper en Bretagne avec Géraldine (1973). Philippe en avait toujours pincé en secret pour Géraldine. Il tenta sa chance, et «ça marchait». Il veut dire qu’il avait de l’espoir, qu’il y croyait. Mais Paul, le copain
attitré, les a rejoints. Alors Philippe, gentleman et timide, a arrêté de jouer.
Et à ce moment, ce fut le placide Michel qui entra dans la danse. Michel a courtisé Géraldine, si bien qu’elle a cédé, elle lui a fait les yeux doux, elle s’est abandonnée. Paul a été mis peu à peu à l'écart, jusqu'à ce qu'il quitte la Bretagne penaud et très fâché. On n’a plus jamais entendu parler de lui.
Philippe, lui, est resté, avec les deux autres, il n’était plus que spectateur malheureux, paralysé, et le dindon du vaudeville. Quelles vacances!
(Michel et Géraldine sont toujours mariés. Ils ont eu quelques enfants.)
Tout cela Philippe me l’a raconté hier — avec une nuance de regret.
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