Un des rares hommes, tout recroquevillé,
qui ressemble au vieillard libidineux de Benny Hill, est habillé d’un pyjama
d’une seule pièce, blanc, parsemé de fleurs des champs de toutes les couleurs.
L’aide-soignante se penche vers lui, le cajole, lui prend la main. Il est résigné
et obéissant. Ils partent tous les deux à pas comptés vers sa chambre.
Maman a encore un peu de mémoire. Hier elle
se souvenait que la veille au soir je dînais à Paris avec des amis ; et elle reste ma mère: elle
m’a demandé si je n’étais pas rentré trop tard.
Maman ne perd pas le nord. Je lui dis que
ma fille passe le week-end à Luzarches : « C’est en Seine-et-Oise
ça ? »
Maman reste lucide. Je pousse son fauteuil
roulant dans le couloir pour l’emmener dans sa chambre. Une femme nous bloque
avec son fauteuil roulant stationné en travers. Elle voit qu’on arrive et au
lieu de se garer elle fait exprès de rester en plein milieu pour nous empêcher
de passer. C’est celle qui ne parle pas et qui relève sa chemise jusqu’au
ventre pour exhiber ses couches (« protections », appelle-t-on cela
ici). Je dis à ma mère qu’elle n’est pas très normale.
Ma mère me répond : « Tu sais, ici, il n’y a pas beaucoup de normaux. »
Ma mère me répond : « Tu sais, ici, il n’y a pas beaucoup de normaux. »
(Pour me démolir il n'y a pas mieux comme réponse.)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire