Je peux à peine me lever du canapé où je lis Balzac. J’ai mis
une chaise pour me soulever. Je me retourne sur le côté, je redresse
lentement mon corps, j’attrape le dos de la chaise avec une main,
je pose mon autre main à plat sur l’assise, et c’est alors que
cela devient difficile. Je pousse avec ce bras, je tire avec l’autre. Il y a un passage périlleux entre deux positions du
dos. Un dixième de seconde de douleur intense. Je marche très
droit, penché en arrière et je n’ai presque pas mal, ou plié en deux, bossu, les bras en avant comme les singes. J’ai
attaché mes chaussures allongé sur le dos, si j'étais plus souple je rapprocherais plus facilement mes doigts de mes lacets. Ici, à l’ordinateur, ça va, je
m’aide des bras du fauteuil pour m'en extirper. Comment pisser: il faut que je me penche
pour soulever le couvercle, puis pour tirer la chasse, la paume d’une main plaquée contre la cloison, et avec ça l’art de me tenir
immobile dans la position adéquate pendant que j’urine. Je n’ai
pas encore fait caca.
(La vieillesse est un naufrage.)
(Ça ira mieux demain.)
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