«Le Brevarium monasticum… pro
Congregationi gallici ordinis S. B. a été édité à Tournai en 4 volumes pour la
Société de st Jean l’Évangéliste par Desclée Lefebvre et Cie. Vous trouverez là
en effet un monde de la plus haute poésie, mais pour le comprendre complètement
il ne suffit pas de lire çà et là, il faut s’astreindre à suivre tout un office
suivant le cour des heures, par exemple celui de l’Assomption. Puis si
magnifique que soit ce recueil, il ne faut pas oublier qu’il n’est qu’une
partie solidaire de l’énorme édifice de la Liturgie, le Missel, l’Antiphonaire,
le Rituel, le Pontifical. Jamais une telle cathédrale n’a été élevée à la gloire
de Dieu. Le tort des Jésuites, que je respecte d’ailleurs de tout mon cœur, a
été de faire oublier ce magnifique sanctuaire pour lui substituer de petites
dévotions d’ailleurs fort belles en elles-mêmes. C’est l’art du joaillier
substitué à celui de l’architecte. Ce qu’il y a de curieux dans la poésie
sacrée qui anime les paroles des livres saints et les dispose toutes préparées
pour nous en un drame éternel, c’est de voir combien elle s’apparente aux arts
congénères de la chrétienté. Comme le mosaïste prend de petits cubes d’or et le
verrier de petits morceaux de verre pour en composer des œuvres nouvelles et
merveilleuses, ainsi le poëte énorme qu’est l’Église catholique a pris partout
des fragments des Pères, de la Bible, des Légendaires, des poëtes pour en faire
une construction vivante où toutes les richesses de l’univers sont
harmonieusement employées dans un hymne de gloire au Créateur.»
Lettre de Claudel à Suarès (9
octobre 1910)
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