Affichage des articles dont le libellé est Boulgakov. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Boulgakov. Afficher tous les articles

mardi 29 juillet 2014

2 mars 1917



«Au printemps les jardins étaient blancs de fleurs, le jardin des Tsars s’habillait de vert, le soleil défonçait toutes les fenêtres, y allumait des incendies. Et le Dniepr! Et les couchants! Et le monastère Vydoubetski sur les pentes. Une mer de verdure dévalait de terrasse en terrasse jusqu’au Dniepr souriant et diapré. L’épaisseur des nuits d’un bleu noir au-dessus de l’eau, la croix de Saint-Vladimir éclairée à l’électricité, suspendue dans le ciel…
Bref, une ville splendide, une ville heureuse. La mère des villes russes.
Mais c’étaient là des temps légendaires, ces temps lointains où les jardins de la plus belle ville de notre patrie abritaient une jeune génération insouciante. Alors, oui, alors dans les cœurs de cette génération s’ancrait la conviction que toute la vie se passerait en blanc, sereine, calme; les aubes, les couchants, le Dniepr, le Krechtchatik, les rues ensoleillées l'été et, l’hiver, une neige sans froidure, sans rudesse, une neige épaisse et tendre…
Et c’est tout le contraire qui est arrivé.
Les temps légendaires se sont cassés net et l’histoire a fait son entrée, une entrée soudaine et terrible.» 
Boulgakov



vendredi 18 avril 2014

Citations cachées


«Chez Boulgakov, les citations fondues dans le texte sont beaucoup plus nombreuses que les fragments distingués du contexte par des guillemets ou d’une autre manière ; il en va de même pour les allusions cachées à des noms d’écrivains ou à des titres, à des thèmes, à des personnages de leurs œuvres. Ces éléments camouflés sont plus ou moins faciles à reconnaîtrent selon qu’ils ressortissent à un répertoire d’anthologie familier à tous les Russes ou proviennent d’œuvres moins connues, selon qu’ils interviennent dans un contexte analogique ou surgissent de façon inattendue. Les spécialistes s’attachent volontiers au déchiffrement de cette cryptographie. Leurs trouvailles s’accumulent au cours des ans, sans que le gisement donne encore aucun signe d’épuisement. Au simple lecteur aussi, la cryptographie boulgakovienne lance un défi malicieux ; elle l’oblige à explorer le fond de sa mémoire, instaure entre l’auteur et lui une connivence à la fois érudite et ludique. Affleurant à la surface du texte ou circulant dans ses profondeurs, on découvre d’abord des centaines de fragments des grands classiques chers à l’écrivain…»
Françoise Flamant, introduction au tome 1
 des œuvres de Boulgakov dans la Pléiade