«Chez Boulgakov, les citations fondues dans le texte sont beaucoup plus
nombreuses que les fragments distingués du contexte par des guillemets ou d’une
autre manière ; il en va de même pour les allusions cachées à des noms d’écrivains
ou à des titres, à des thèmes, à des personnages de leurs œuvres. Ces éléments camouflés
sont plus ou moins faciles à reconnaîtrent selon qu’ils ressortissent à un
répertoire d’anthologie familier à tous les Russes ou proviennent d’œuvres
moins connues, selon qu’ils interviennent dans un contexte analogique ou
surgissent de façon inattendue. Les spécialistes s’attachent volontiers au
déchiffrement de cette cryptographie. Leurs trouvailles s’accumulent au cours
des ans, sans que le gisement donne encore aucun signe d’épuisement. Au simple
lecteur aussi, la cryptographie boulgakovienne lance un défi malicieux ;
elle l’oblige à explorer le fond de sa mémoire, instaure entre l’auteur et lui
une connivence à la fois érudite et ludique. Affleurant à la surface du texte
ou circulant dans ses profondeurs, on découvre d’abord des centaines de
fragments des grands classiques chers à l’écrivain…»
Françoise Flamant, introduction au tome 1
des œuvres de Boulgakov dans la Pléiade
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