dimanche 27 octobre 2013

Talons



«et les tendres pieds couleur d’abricot, aux ongles sanglants et ces incroyables chaussures qui avaient l’air d’une gageure, d’un pari né dans l’esprit d’un bottier fou qui aurait juré de réussir à faire se tenir debout et marcher une femme (c’est-à-dire, tout de même un être humain, un plantigrade) en équilibre sur (car on ne pouvait tout de même pas dire dans) quelque chose d’aussi fait pour la marche que des accessoires d’acrobate : un défi, non seulement à l’équilibre, au bon sens, mais encore aux simples lois économiques, une marchandise dont la valeur serait inversement proportionnelle à la quantité de matière employée, comme si la règle du jeu avait été de vendre à un prix maximum un minimum de cuir, et… »

Claude Simon, La Route des Flandres

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