Soirée pénible.
Elle se remue comme un vers dans son lit.
Faut dire, la tête est si bien enfoncée dans l’oreiller que le traversin la
cerne et que la pointe d’une taie lui chatouille le nez. J’enlève l’oreiller.
« Ça va mieux ?
— Oui. »
Une minute plus tard elle recommence à
gigoter.
Elle s’est enfoncée et elle a les jambes
repliées sur le côté.
Je me place derrière le lit et la soulève
en passant mes bras sous ses aisselles.
Elle va mieux.
« Oui ? »
Une minute puis elle reglisse.
Ce lit a un mécanisme qui fait que l’on
peut incliner une des deux parties. Aussi lorsque son corps est sur la partie
inclinée elle glisse vers le fond du lit. Mais, si l’on n’incline pas l’une des
parties, le traversin et l’oreiller ne suffisent pas à maintenir sa tête assez
haute pour qu’elle puisse voir la télé ou manger son jambon purée.
Les aides-soignantes font ça très bien.
Elles inclinent tout le lit vers l’arrière. Ma mère glisse toute seule, la tête
en bas. Puis elles redressent le lit. Le tour est joué. Elle est installée dans
une position moyenne, équilibrée, pour un temps, avant qu’elle ne glisse de
nouveau vers l’avant.
Et ce soir elle a des courbatures ou de
petites douleurs ou des crampes. Elle ne cesse de se tortiller.
La télévision, la météo, l’avenir de
l’Eure-et-Loir et du monde, ce soir, elle n’en a rien à faire du tout.
Je suis désemparé.
Je dois partir. Je ne vais pas passer la
nuit ici.
Je la redresse une dernière fois comme je
peux. Je pars. Je fuis ?
Je le signale à une infirmière que je
croise dans le couloir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire