mardi 30 décembre 2014

Gwen IX


Les questions sont ici.

1. J’ai tremblé de peur, je me suis mis dans un état pas possible, c’était la première fois que cela m’arrivait. J’ai mis mes lunettes de presbyte. Je voyais tout flou. Ça s’est bien passé. Mais je n’envisage pas une carrière de tribun.

2. Jamais aux instituts de sondage. Sinon, j’aime beaucoup. Vous le voyez bien que j’aime beaucoup!

3. Moyennement, entre moyennement et oui.

4. J’ai au moins un copain qui fait ça. C’est plutôt le cul que la silhouette qui l’intéresse.

5. Il n’y a pas de moment privilégié.

6. Ce serait plutôt la cuillère dans une part de reblochon.

7. Oui!

8. Un jour je lui ai dit que mon idéal était d’avoir le moins de rapport possible avec lui. Donc, je ne sais pas, ce n’est pas un ami.

9. D’avoir accompli ce que j’avais prévu le matin, ou d’avoir rencontré des gens que j’aime. Rien d’autre.

10. Peut-être le chien.

11. Ça serait bien mais non, d’ailleurs je n’y vais pas.


dimanche 28 décembre 2014

Gwen VIII




1. Paris-Brest.

2. Ni l’un ni l’autre, sauf les livres à la devanture des librairies.
 
3. Pas le souvenir, mais oui, comme tous les enfants.

4. L’éternité. je suis naïf. Je crois trop.

5. Plage, soleil, chaleur accablante, la silhouette de la cathédrale dans le fond.

6. Aucune, ça ne me dérange pas. Je dirais que ça me fait plaisir. Ce qui me gêne ce sont les gros qui sentent la sueur.

7. Plusieurs. Même si elles sont de petites importances, c’est très dur. On a du mal à oublier.

8. Non. Je sais écouter les arguments des uns et et des autres, analyser le pour et le contre, et changer. Mais ce n’était pas votre question. La réponse à votre question est: non, je ne suis pas de mauvaise foi.

9. On a compris. On ne m’offre plus que des cadeaux qui me plaisent ou l’on ne m’en offre plus. Vous comprendrez que je n’en reçois plus beaucoup. Mais que des beaux cadeaux!

10. Par principe: non. 


Gwen VII




1. Non. Mais celles qui m’ont aimé, elles oui, quelles erreurs elles ont commises! Je n’étais pas du tout celui qu’elle pensait!

2. Je n’en connais pas beaucoup. Des petits et modestes. Langres, Brou, Vic-sur-Seilles…

3. Si je trouvais un tee-shirt Bartok, oui.

4. Oui, stylo et carnet noir.

5. Non. Ou alors oui: j’ai des amis à la retraite. Non, la plupart de mes amis sont jeunes.

6. Exaltation.

7. Rue Danton.

8. Parfois: les plus grosses des penne.

9. Oui. Jetée à la poubelle.

10. Parfois, oui: coup de foudre de l’amitié.

11. Moyen.

12. J’en ai la trace entre les yeux.

13. Cela dépend du voyage. Je n’aime pas trop l’avion dans la mesure où l’on n’a plus le sens de la distance. Le train (et le bus) sont bien pour ce sentiment de distances qui est aussi un sentiment de temps qui passe. La voiture permet de prendre des chemins de traverse.


Gwen VI


Dans mes réponses je change le sexe du personnage:

1. J’ai cru entendre son nom prononcé par sa tante. Avec ses deux consonnes glissantes vers la fin qui donnait cette syllabe d’une infinie douceur; mais ce n’était peut-être pas son nom et ce n’était sans doute pas sa tante.

2. La voiture était une 403 grise immatriculée dans les Alpes-Maritimes.

3. Oui, la villa d’à côté de la nôtre, donc au 8 ou au 4 de l’avenue des Ondines.

4. Elle était toujours, je ne l’ai jamais vue, qu’en bikini. Mais le long de l’avenue boisée, quand elle rentrait à la villa, elle devait être un peu plus habillée, je ne m’en souviens pas.

5. Toutes les jeunes filles avaient à cette époque la même démarche pour franchir le boulevard qui menait à la plage.

6. Très banal, genre «tu viens jouer au volley?».

7. En ce temps-là il n’y avait pas d’appareil numérique, on ne faisait pas de selfie, ni de photo volée.

8. Elle ne m’a jamais écrit, comment aurait-elle pu?

9. Il faisait chaud, les fenêtres étaient grandes ouvertes, sa villa était mitoyenne. J’imaginais sa respiration dans la nuit, mais peut-être dormait-elle à l’autre bout, ou sur l’arrière, du côté du jardin.

10. Non. ce ne fut que regards et silences et sourires. Nous étions jeunes.

11. Le temps était menaçant, la dépression venue de l’Atlantique allait nous donner de la pluie une longue semaine, qui serait perdue ; je faisais des ronds en vélo dans la rue des Ondines, à la manière d’Agostino (Allen Midgette).


vendredi 26 décembre 2014

Gwen V


Les questions sont ici.


1. Pas trop, ou plutôt pas longtemps.
 
2. Très souvent, c’est pratique : dans le noir personne ne vous voit.

3. Doigts dans les prises, comme tous les enfants.

4. L’été.

5. Ah oui ! plus touffus, moins raides, et qui ne tombent pas.
 
6. Jamais.

7. Je suis à peu près sûr qu’elle n’en portait pas.

8. Des gens que j’aime: j’adore ça. Pas assez souvent.

9. Rarement.

10. Je suis quelqu’un dont on ne sollicite pas l’avis.

11. A mon avis, il n’ont pas encore eu l’occasion de se faire une première impression.

12. Pas de bijou, mais un grigri (un porte-clefs).



Gwen IV







Les questions de Gwendoline sont à l’endroit habituel.



1. Les noms plus que les visages.

2. En quelque sorte, oui.

3. La plupart du temps, oui.

4. Assez souvent. Mais elle doivent être bien enceinte pour que je les reconnaisse comme femmes enceintes.

5. Non, pas souvent.

6. Je n’ai pas de boulangère attitrée. Mais celle du coin de la rue a de beaux yeux.

7. Avant non, ou à ma mère, en vieillissant, de plus en plus à mon père.

8. Deux. J’ai de la chance.

9. Oui. Quoique, on ne sait jamais. Aujourd’hui, avec Internet.

10. C’est un peu un rêve.

11. Leur nom est si banal que même avec Internet c’est un peu l’aiguille dans une botte de foin. Je vais en donner un : Michèle Vincent. (Bouteille à la mer.)



jeudi 25 décembre 2014

Gwen III


On est au 10 juin 2010 et les questions sont les suivantes.

1. Hélas oui.

2. Je n’ai pas d’affaires d’hiver.

3. Souvenir secondaire, n’est-ce pas. Je revois mon frère commencer à marcher sur du parquet dans une pièce sombre, donc j’avais à peu près trois ans.

4. Trop laid pour me montrer en maillot de bain. Je n’aime pas beaucoup la piscine. J’aime me baigner dans la mer un soir d’été.

5. Oui, trop, ça me fait pleurer. Plus précisément, je me souviens beaucoup mieux des chansons de l’année de mes quatorze ans (les premiers disques de Nougaro et d’Escudero).

6. Une amie me l’a conseillé.

7. Je n’y vais plus jamais. Je n’aimais pas les coiffeurs (et leurs discours).

8. Allumer mon ordinateur.

9. Les deux. Je ne petit-déjeune pas mais j’aime les matins. L’heure de l’apéritif quand il est partagé est l’apogée de la journée.


Gwen II


Les questions aux réponses sont ici. 

1. Oui, maintes fois, dans les phares de la voiture.

2. Oui, hier, oui.

3. Non, plus du tout. Mais déjà je n’aimais pas trop les biscuits. Compte tenu de la profession de mes parents, j’ai été habitué à des pâtisseries bien meilleures.

4. J’aimerais bien le savoir.

5. Oui, mais pas aux pigeons parisiens, ni aux goëls.

6. D’en avoir trop, trop de souvenirs, trop de nostalgie.

7. La clarté, la lumière. La bonne forme physique. Mon monologue intérieur.

Gwen I


On ne sait jamais si on va se faire engueuler parce qu’on a copié ou si on va être félicité parce qu'on a pris le «bon» modèle.
Bref je procède comme ici, et comme , pour répondre aux questionnaires.
Il y en a une ribambelle.
Ça va occuper le blog un certain temps.


Voici le premier questionnaire, qui date de la nuit des temps.
Je suis toujours en retard.

1. Visages, paysages, mouvements (gestes), une phrase surgie de nulle part, hors contexte.

2. D’un autre que moi, un inconnu qui est dans moi, que je ne connais pas, qui me surprend, m’étonne, m’horrifie parfois. Toujours d’un visage ?

3. Ça serait son obscurité, mais en fait je n’ai jamais envie de repeindre la cuisine. 

4. Je suis du sexe masculin, donc je n’ai pas le droit, de plus je n’ai pas de cheveux. Sinon c’est le genre de chose qui m’aurait plu, une semaine verts, la semaine suivante rouges. Sans motifs que la fantaisie.

5. Cervelle, foie, langue.

6. Je ne sais pas, je n’ai pas expérimenté cela. Je ne vois pas pourquoi ceci m’inciterait à cela.

7. Oui, c’est même le jour idéal pour.

8. Une chansonnette banale qui rappelle des souvenirs de jeunesse.




mercredi 24 décembre 2014

Les aventures des corrections d’épreuve d’une ténébreuse affaire ou l’amour des notes de bas de page



«On éprouve de grandes difficultés à se reconnaître dans la documentation dont on dispose. D’abord parce que Balzac corrige ses placards par lots successifs: il met au point un lot plus ou moins volumineux de ces colonnes imprimées qu’en termes d’imprimerie on appelle des paquets; il envoie cet ensemble aux typographes, qui le lui renvoient en nouvelle épreuve; il met cet épreuve au point, ajoute quelques paquets à la suite, etc., demande au besoin une épreuve supplémentaire, jusqu’au moment où il laisse partir un premier bon à tirer qui sera suivi, avec le temps, de tous les autres. Ensuite parce que les épreuves postérieures aux placards initiaux sont inégalement nombreuses, et surtout inégalement conservées: nous n’en possédons aucune (à quelques fragments près) pour la partie du roman qui correspond aux quarante premières pages, environ, de notre texte ; nous en possédons tantôt deux, tantôt trois pour les épisodes judiciaire qui suivent le récit de l’enlèvement, puis de la libération du sénateur, et une seule, en général, pour les autres épisodes. Entre deux états en placards ou en épreuves parvenus jusqu’à nous, il manque souvent un ou plusieurs états intermédiaires. D’autre part, les épreuves, étant destinées à un périodique et livrées par paquets, ne sont pas paginées, sinon, selon l’opportunité du moment, de la main même de Balzac, qui charge et surcharge des numérotations successives, ce qui ajoute à la confusion. Difficulté supplémentaire: M. de Peyssonnel, ou son relieur, croyant donner plus de relief à sa précieuse collection, a généralement groupé les principaux ajouts manuscrits en tête des paquets imprimés, commettant ainsi divers erreurs d’ordre et perdant des liasses. En outre, l’épreuve en bon à tirer a été conservée par l’imprimeur, d’où des différences entre le dernier texte révisé entre notre possession et le texte du Commerce. Enfin le photographe ou le conservateur de la bibliothèque de Chicago a imposé un numérotage personnel, les versos étant numérotés comme des rectos, mais il a commis quelques inadvertances…»

Extraits balzaciens


«Grévin, maire d’Arcis sous l’Empire, serviable pour tout le monde, avait, durant l’exercice de son ministère, concilié, prévenu beaucoup de difficultés. Sa rondeur, sa bonhomie et sa probité lui méritaient l’estime et l’affection de tout l’Arrondissement, chacun, d’ailleurs, respectait en lui l’homme qui disposait de la faveur, du pouvoir et du crédit du comte de Gondreville. Néanmoins, depuis que l’activité du notaire et sa participation aux affaires publiques et particulières avaient cessé; depuis huit ans, son souvenir s’était presque aboli dans la ville d’Arcis, où chacun s’attendait, de jour en jour, à le voir mourir. Grévin, à l’instar de son ami Malin, paraissait plus végéter que vivre, il ne se montrait point, il cultivait son jardin, taillait ses arbres, allait examiner ses légumes, ses bourgeons ; et comme tous les vieillards, il s’essayait à l’état de cadavre.»

«Il y a toujours des loups là où il y a des moutons.»

«Petit logement de soixante-dix francs par mois, pouvant convenir à un ecclésiastique. On veut un locataire tranquille; il trouverait la table, et l’on meublerait l’appartement à des prix modérés en cas de convenance mutuelle. S’adresser rue Chanoinesse, près Notre-Dame.»

«Pour ceux à qui les hasards de la vie ont permis de courir le monde, il est dix souvenirs de pays sans rivaux: la Vilaine, Venise, l’île Saint-Pierre, Interlaken, la Limagne vue du puy de Dôme, la baie de Naples, le lac de Côme, le Désert, le Rhône, la descente du Simplon.»

«Les gens de bas étage ne pardonnent jamais.»

«Lorsque je vois un nuage d’argent courir sur ce ciel bleu, alors je voudrais prendre mon essor dans le monde comme lui dans les cieux, quitte à me dissiper en fumée légère, comme lui. En voici un qui passe, vois-le, il est noir comme mes cheveux, il se dore à ses extrémités, comme il se balance, le voilà rouge foncé, violet, et le blanc commence à pénétrer dans sa masse, il éclate maintenant de blancheur, comme une voile neuve de vaisseau. Il s’enfuit et va réjouir le firmament et régner dans les airs — quelles admirables nuances. Un rayon bleu perce le sommet et pare sa tête joyeuse — quelle belle vie!… je voudrais être ce nuage.»

«— laissez-nous être heureux, répondit-elle. Dieu nous sauvera de nous-mêmes!»

«Il y a cela d’admirable chez les femmes qu’elles ne raisonnent jamais leurs actions les plus blâmables, le sentiment les entraîne; il y a du naturel même dans leur dissimulation, et c’est chez elles seules que le crime se rencontre sans bassesse, la plupart du temps elles ne savent pas comment cela s’est fait.»

«“Quand on fait l’amour on ne fait pas de visite.”»

«Semblables à des feux nuitamment allumés pour un signal de liberté, quelque lueurs légèrement pourprées passèrent par-dessus les montagnes dont les bases conservèrent des teintes bleuâtres qui contrastèrent avec les nuages de rosée flottant sur les vallons. Bientôt un disque de rubis s’éleva lentement à l’horizon, les cieux le reconnurent; les accidents du paysage, le clocher de Saint-Léonard, les rochers, les prés ensevelis dans l’ombre reparurent insensiblement, et les arbres situés sur les cimes se dessinèrent dans ses feux. Le soleil se dégagea par un gracieux élan du milieu de ses rubans de feu, d’ocre et de saphir. Sa vive lumière s’harmonia par lignes égales, de colline en colline, déborda de vallons en vallons. Les ténèbres se dissipèrent, le jour accabla la nature. Une brise piquante frissonna dans l’air, les oiseaux chantèrent, la vie se réveilla partout.»

«Voir tout cela en un clin d’œil, s’animer par l’envie de plaire, pencher mollement la tête de côté, sourire avec coquetterie, lancer un de ces regards veloutés qui ranimeraient un cœur mort à l’amour; voiler ses longs yeux noirs sous de larges paupières dont les cils fournis et recourbés dessinèrent une ligne brune sur sa joue; chercher les sons les plus mélodieux de sa voix pour donner un charme pénétrant à cette phrase banale…»

On trouve les textes ici.




lundi 22 décembre 2014

Panse d’a


Bribes de L’Otage de Claudel.

«c’est plus fort que moi, il faut que je vous fasse de la peine! c’est ma façon de vous aimer».

«Celui-là est sans foi, qui n’est capable de rien d’éternel».

«panse d’a» [Expression que je ne connaissais pas].

«il y aura toujours assez de France pour embêter l’Europe et pour lui piquer le derrière et pour l’empêcher de manger tranquille son foin»

«On était jeune alors et c’est de l’eau-de-vie bouillante que l’on avait dans les veines!»

«Je le sais. Que vous êtes attrayante avec ces yeux étincelants et cette bouche serrée qui sourit, comme quelqu’un qui s’arme en silence!

Ah, je le sais, que je ne gagnerai rien sur vous et que tout est gardé!

Vous êtes la froideur même, la raison même, et c’est cela même qui me met le feu au sang, c’est cela même qui m’attire et me désespère.

Ce visage parfait et ce cœur composé, l’ange ovale!

Vous êtes assurée et triomphale, tout a sa place qui ne peut être une autre, tout est prompt et déterminé.

N’y a-t-il point de défaut dans ce cœur politique?»



«LE BARON TURELURE: Sygne, Est-ce qu’il est en mon pouvoir de ne pas vous désirer?
SYGNE: Il ne faut désirer que les choses raisonnables.
LE BARON TURELURE: La raison est de s’arranger des faits comme on peut.
Et le fait est là que je vous aime, à quoi je ne peux rien.
La nature en sait plus long que vous et moi.
Et si je vous aime, c’est qu’il y a tout de même en vous quelque chose qui est capable d’être aimé par moi.»

 
«Le mépris est un sentiment inconnu aux êtres faits pour la vie» [Dans les commentaires qu'a écrits Claudel].


Et pour finir…
Clemenceau sur Claudel:
«J’ai d’abord cru que c’était un carburateur et puis j’en ai lu quelques pages — et non, ça n’a pas carburé. C’est des espèces de loufoqueries consciencieuses comme en ferait un Méridional qui voudrait avoir l’air profond.»