mardi 28 octobre 2014

Chi lo sà ?


«Considérer avec étonnement les transformations de son moi est une attachante occupation pour les moments d’oisiveté. Le champ est si vaste, les surprises si diverses, le sujet si riche d’indications, sans profit, mais singulières, sur le travail des forces invisibles, qu’on ne s’en lasse pas facilement.
[…]
Une vue morale de l’univers nous jette en fin de compte dans de si cruelles et de si absurdes contradictions, où les derniers vestiges de la foi, de l’espérance, de la charité, et jusqu’à ceux de la raison même, semblent près de périr, que j’en suis arrivé à soupçonner que le but de la création n’est peut-être point du tout moral. Je croirais volontiers que son objet est simplement d’être un pur spectacle : un spectacle pour la crainte, l’amour, l’adoration ou la haine, si vous voulez, mais, à ce point, jamais pour le désespoir ! Ces visions, délicieuses ou poignantes, sont une fin morale en soi. Le reste est notre affaire – le rire, les larmes, la tendresse, l’indignation, la sérénité d’un cœur cuirassé, la curiosité d’un esprit subtil – c’est notre affaire ! Et cette infatigable attention qui s’oublie soi-même et s’attache à toutes les phases d’un univers vivant réfléchi dans notre conscience, est peut-être notre véritable tâche sur la terre. Une tâche où le destin n’a peut-être rien engagé de nous que notre conscience, une conscience douée d’une voix afin d’apporter un témoignage véridique au prodige visible, à l’obsédante terreur, à l’infinie passion et à la sérénité sans limites, à la suprême loi et à l’immuable mystère du sublime spectacle.
Chi lo sà? Peut-être bien. Une telle opinion s’accorde du moins avec toutes les religions sauf avec cette croyance à rebours de l’impiété : elle ne s’accommode ni du masque ni du manteau du désespoir aride : elle s’accorde avec toutes les joies et toutes les tristesses, tous les beaux rêves, tous les charitables espoirs. Le but essentiel est de rester fidèle aux émotions nées de cet abîme qu’encercle le firmament des étoiles dont le nombre infini et les terrifiantes distances peuvent nous faire sourire ou nous tirer des larmes…»



Joseph Conrad, Des souvenirs

samedi 25 octobre 2014

Samedi 25 octobre 2008


«La désolation de sa vie». 
Est-ce du français: «un espace qu’elle sentait lui opposer sa présence énorme»? 
Et: «provoquer à un combat»? 
Belle chose, à recopier, page 241.
 
Et c’est reparti, Chartres-Paris. 
«Car rien n’est simplement quelque chose.»



vendredi 24 octobre 2014

Vendredi 24 octobre 2008


On peut noter II, 3 de La Promenade au phare, qui répond à la question: qu’est-ce qu’une nuit? 
Et aussi, p. 134, qu’est-ce qu’un halo?

jeudi 23 octobre 2014

Mercredi 23 octobre 2013


À la banque: depuis que j’ai de l’argent sur mon compte je deviens pingre…

À la médecine: ma doctoresse est décidément charmante, et intelligente. Je vais bien. 
«N’y a-t-il pas un remède contre la procrastination?
— Non, pas de médicaments, vous n’avez qu’à vous secouer les puces.»

mercredi 22 octobre 2014

Vendredi 22 octobre 2010


Je prends donc seul un tram qui me mène vers les grands cimetières où je suis censé me recueillir sur la tombe de Kafka.
Je rentre dans le cimetière chrétien où un vieux m’entretient. Je lui dis «ia ne ponimaiou», aussi il me croit russe et me montre des tombes de généraux russes. 
Comme il finit par comprendre que «ia fransouski», il veut me montrer des tombes de soldats français.
Enfin je réussis à me faire comprendre, il me dit que la tombe de Kafka, «jüden», est derrière le mur. 
Nous sommes vendredi après-midi et, pourquoi? le cimetière juif est fermé.
Je retourne en ville, arrêt derrière le musée national, traversée de toute la place Venceslas, sans voir ou en voyant sans savoir qu’il s’agissait d’elle, la croix en honneur à Jan Palach. 
Ce que nous avons pu être marqué par Jan Palach. Son immolation était absurde, idiote, mais tellement romantique. Maintenant il a sa place (anciennement place de l’armée rouge), son monument, il reste surtout dans nos cœurs, mais enfin… on n’a pas idée de se tuer à vingt ans, de cette façon…

mardi 21 octobre 2014

Jeudi 21 octobre 2010


Départ pour Prague. (J’écris un mois plus tard à partir du carnet noir.)
Il fait moins deux degrés dans la Goele, puisque nous sommes à Longperrier, près Dammartin-en-. Les vitres des voitures sont gelées. Roissy, terminale 3n Italocost.

Longperrier, l’église la nuit, la caserne des pompiers, Carrefour Market. Nous arrivons en effet dans un ancien champ de betteraves où la voiture stationnera sous la houlette de deux Arabes sinistres et d’un grand noir rigolard.

Quelle est la différence entre un biniou et une cornemuse?
Elles chantent aussi: 
«Un perroquet qui avait la colique, quand il pétait il sentait le navet.»

Je raconte l’histoire des deux pilotes aveugles, ou plutôt je ne la raconte pas: F a une peur bleue en avion. 
Nous sommes accueilli à l’aéroport par une dame qui ressemble à l’Yvette de Chartres. Sortie: vychod, que je demande à Yvette de prononcer. cela confirme mes soupçons, le h est mis pour un g (exemple: hrad), mais se prononce h, et non g comme j’avais l’habitude de le prononcer: Grabal!

100 couronnes = 5 euros.

(Parenthèses je ne sors pas de mes obsessions: notes prises à Prague, déjà répétées ici, mais je ne m’en sors pas. Elle va me haïr quand elle lira cela, mais elle lira cela après ma mort.)
Citation: 
«Dans ce livre, un homme met fin à ces jours parce qu’il vient d’apprendre que son grand ami n’était pas qui il semblait être.»

Dans une ville inconnue, perdu, on ne comprend rien à la configuration. Ne pas comprendre la langue. Nous ne sommes pas comme les autres. Bâtisse comme au fond d’un puits. Des hommes en noir…

La place Venceslas est décevante. Mode de l’art nouveau et de l’esprit «Europe centrale»? Notre guide, Yvette dans l’autocar (ce n’est pas vraiment un guide), les réceptionnistes à l’hôtel, les gardiennes des musées: il reste comme un relent de communisme.

Visite d’une église baroque: 
«Où il est le Christ? il est pas là. Il est parti en courant.»

(Tomber des nues: un événement qui est arrivé il y a des années, lorsqu’on l’apprend on voudrait que le passé ait existé autrement.)

«Marie-Antoinette a été très courageuse le jour où elle est montée sur l’escabeau.»

Dans la café Montmartre, ils ont bu leurs deux bouteilles de vin, observation juste de F: 
«Remarque, s’ils sont là depuis ce matin.»
La femme, âgée, en se bidonnant, prend des photos de l’homme qui va s’asseoir à une table où sont de jeunes femmes qui posent volontiers avec le vieil homme. Il répète cela à plusieurs tables. D et F en déduisent que nous sommes dans un lieu louche. Si elles veulent…

«On n’est pas devin, on n’est pas divin.»
«Œil de lynx, œil de larynx.»
«Kafka, déjà que c’est chiant en français, mais lors en tchèque qu’est-ce que ça doit être.»
 
Hôtel Belvédère, à l’angle de Horakove et de Frantiska Krizka (je ne mets pas les diacritiques). Descente jusqu’à la station de trams Strossmayer, en face l’église Saint Antonin. On s’est fourvoyé en partant vers Hybernska, je crois. Celetna, on se fourvoie encore et prenons Prikope, ce qui nous permet d’avoir une vue de la place Venceslas. Les filles n’y iront pas.
Nous retournons vers l’hôtel de ville, elles passent du temps au marché de Haveslka (bibelots et fleurs, fleurs? je ne sais plus) Saint Gallien, proche, est fermée (Havl = Gall).
Place de l’hôtel de ville, on attend l’heure pour voir sortir les petits bonshommes. La statue de Jan Hus. Visite de la cathédrale, Notre-Dame-de-Tyn. Rapide. Nous n’entrons pas dans Saint-Nicolas, non plus que dans beaucoup d’autres, à cause de mes petites camarades, je leur en veux, mais aussi parce que beaucoup sont fermées tôt l’après-midi en prévision du concert de la fin d’après-midi (quatre saison zinzin, zinzin, ploum, ploum pour les touristes). On se perd un peu dans Karlova, et je ne me souvins plus si nous sommes allés jusqu’au pont Charles. Je sais que nous avons échoué donc au Montmartre, dans une ruelle parallèle à Karlova : Retezova.

Puis… puis… où avons-nous dîné? Nous avons cherché en vain deux restaurants qui étaient dans le guide périmé de l’un d’entre nous et nous avons fini par dîner de saucisses aux pommes de terre dans une boîte en carton, achetés sur la place de l’hôtel de ville: on dirait le marché de Noël de la Défense, en plus petit.
Rentrés au bercail.

lundi 20 octobre 2014

Mercredi 20 octobre 1971


Ne revoir jamais quelqu’un cela revient exactement au même que s’il était mort. On a beau se dire qu’il vit et respire dans un coin de ce monde, qu’il est peut-être heureux, qu’il travaille, qu’il aime, qu’il voyage — mais la mort aussi est un étrange voyage.

dimanche 19 octobre 2014

Dimanche 19 octobre 2008




«L’attente, la dépendance, dans la vie sociale comme dans l’amour, dégagent un fluide invisible et impalpable qui dissuade les êtres de s’empresser auprès de ceux qui souhaitent trop leur présence» (RC).


samedi 18 octobre 2014

Mercredi 18 octobre 2006


Patricia m’envoie une belle lettre, ce que j’appelle une lettre, un long mail écrit quoi! et qui, pleine d’éloges, me flatte. (La nature des garçons fait qu’ils préfèrent qu’on leur dise qu’on a envie de faire l’amour avec eux plutôt que de recevoir des lettres avec des déclarations passionnées d’amitié indéfectible.)

vendredi 17 octobre 2014

Mardi 17 octobre 2006


Nous ne sommes pas sur la terre pour nous faire du mal mais pour y vivre ensemble en s’arrangeant avec ses humeurs, les volontés des autres qu’il faut savoir accepter, selon un modus vivendi bien compris.
 

jeudi 16 octobre 2014

Samedi 16 octobre 1971



“A crust of bread and a corner to sleep in, a moment to laugh and an hour to weep in”

mercredi 15 octobre 2014

Lundi 15 octobre 2012


Ma doctoresse trouve que j’ai un PSA trop élevé, que je dois aller de toute urgence voir l’urologue, à Port-Marly, qu’il est possible que j’aie un cancer de la prostate. Je ne dis pas que cela ne me fait ni chaud ni froid, mais cela ne m’inquiète pas.
Je me demande ce qu’il y a de vrai là-dedans. Je n’ai pas peur, j’y pense à peine. J’en suis étonné.
 

mardi 14 octobre 2014

Mardi 14 octobre 2003

 
Cheveux blonds mi-longs légèrement ondulés avec une raie sur le côté ce qui fait que ses cheveux forment une sorte de bandeau sur son front. Visage mince légèrement osseux presque effilé nez très pointu. Fille sage typique des beaux quartiers si elle n’avait une veste et un pantalon de “jean” retenu par une ceinture de rangées de perles en bois. Son rire correspond si mal à son aspect physique que l’on est étonné de découvrir que ce rire qui retentit dans le wagon est bien le sien. Elle rit et elle esquisse des gestes de danse avec sa camarade brune debout au milieu de la rame bondée. Sa voix est à la fois aiguë et éraillée. Elle a maintes mimiques qui parfois s’achèvent en grimaces et surtout des yeux d’un bleu peu profond qui n’attirent pas l’attention, des yeux qui roulent sans repos expression littérale du cliché «comme des billes».
 

lundi 13 octobre 2014

Mercredi 13 octobre 1971


Grève de métro: deux heures de marche. 
Leçon à l’élève, vingt francs de l’heure. 
Match de foot avec mon père et Jean: Paris-Saint-Germain-Red Star à Colombes.
 

dimanche 12 octobre 2014

Mardi 12 octobre 1971


«Life itself cannot violate thermodynamic laws.»
Mes facultés intellectuelles s’affaiblissent. Quatre bonnes heures sur l’opérateur densité, puis finalement Landau éclaire tout en deux paragraphes.
Bel fin d’été sur Paris. J’écoute Varèse : Déserts, Arcana.

samedi 11 octobre 2014

Vendredi 11 octobre 2013


Je ne sais pas grand-chose. Je ne suis jamais sûr de moi. Je me tais souvent. Souvent ce n’est qu’après que je me rends compte que j’avais raison, sur un sujet ou un autre, à propos duquel j’hésitais à m’exprimer. Parfois j’ai tort. Rarement je dis quelque chose sans en être sûr. Mais il m’arrive de me tromper, persuadé que je suis d’un fait qui va se révéler manifestement faux. En cela je suis comme tout le monde, mais moins que la plupart des gens qui ont moins de scrupules que moi dans leurs affirmations, et qui attachent moins d’importance que moi à dire quelque chose d’exact, et qui ne font pas de maladies quand ils se rendent compte qu’ils ont dit une contre-vérité. Mais il y a quelques rares sujets que je connais, dans peu de domaines, où je suis totalement sûr de moi. Et là je ramène ma fraise, à voix haute, ou peut-être pas assez haute. On ne me croit pas, on doute, et si j’insiste, on ira vérifier encore plus, on ne m’écoutera pas, on doutera encore plus de moi. Il faut que je me résigne. Je n’inspire pas confiance, et, après tout, on a bien raison, il suffit de connaître mon histoire, n’est-ce pas? On ne me prend pas au sérieux. Je ne sais pas convaincre. (Ça fait un peu mal. Je suis trop sensible. On me meurtrit ainsi sans qu’on s’en rende compte.)

vendredi 10 octobre 2014

Mardi 10 octobre 2000


Ma fille met une pièce dans le distributeur de bonbons du cinéma. La pièce lui revient en même temps que les bonbons. Elle recommence, elle continue, à chaque fois elle récupère les bonbons et sa pièce de monnaie. 
Elle triomphe d’autant plus que j’avais hésité à lui donner cette pièce et lui avait dit que si elle dépensait tout en bonbons il ne lui resterait pas d’argent de poche pour la fin du mois. 
Plus tard, après la fin du film, à la sortie, devant la queue de la séance suivante, elle recommence sans scrupules et cette fois vide tout le distributeur.


mercredi 8 octobre 2014

Vendredi 8 octobre 2004


Le plutonium américain et arrivé à Cadarache après avoir fait une courte escale à La Hague. Explosion islamiste en Égypte, les morts sont israéliens. Explosion à Paris devant l’ambassade indonésienne, il n’y a que des blessés. Une société polonaise proposent aux agriculteurs bretons de la main d’œuvre à 5 euros de l’heure, en Pologne ils ne gagneraient que 2 ou 3 euros de l’heure. Mais là-bas pour les remplacer on trouve des Ukrainiens à 1 euro de l’heure.
 

mardi 7 octobre 2014

Mercredi 7 octobre 2009

 
Vers Cerisy. 
Départ de la gare de Chartres à neuf heures et demie. 
Cathédrale et café à Évreux, déjeuner le long de la nationale avant Caen (pizza, charmante accorte patronne, six chiots). 
Pont-Farcy, le cimetière, l’école. 
Hambye, aperçu des ruines. 
Cerisy à six heures. Magnifique, le château gris. le parc, la bruine. Longues tables, l’hôtesse fait les présentations. 
Au cours du voyage conversation intarissable.
 

Quelle salade


Les divorcés remariés n’ont pas le droit de communier.
(Je devine qu’il s’agit d’une histoire de sexe. Sinon, je ne vois pas.)
Ce qui veut dire, si j’interprète bien, que les divorcés non remariés peuvent communier.
Et un divorcé non remarié mais qui vit maritalement? Pareil?
Mais les personnes mariées qui pratiquent l’adultère n’ont qu’à se confesser pour ensuite pouvoir communier.
Et ce autant de fois qu’elles veulent, il suffit de se reconfesser.
Un divorcé non remarié qui couche avec une femme (de temps en temps, et pas forcément avec la même) a donc droit, lui aussi, une fois qu’il s’est confessé, à la communion.
Tout comme tout célibataire qui a une ou des relations sexuelles. (La confession a du bon.)
Quant aux personnes nombreuses (chrétiennes j’entends) qui vivent ensemble sans être mariés, logiquement, elles devraient se confesser avant chaque communion.
Ce qui pourrait être le cas avec chaque divorcé remarié qui irait se confesser avant chacune de ses communions (sans coucher avec ladite personne entre la confession et la communion).
Mais on peut envisager d’autres cas de figure : un divorcé remarié qui vivrait avec une femme dans l’abstinence (là il ne fait rien de “mal”).
Et si le conjoint du divorcé remarié meurt, alors celui-ci devient veuf selon l’Église, puisque ce qui achoppait (l’indissolubilité du mariage chrétien) a disparu, et que l’Église admet le mariage des veufs. Il n’y a plus qu’à régulariser; il peut se remarier à l’église, non?
Et si le célibataire ne fait qu’un mariage civil, a-t-il droit à la communion?
Et si le divorcé épouse un conjoint du même sexe? (Confession? Mais pour le coup il ne s’en tirera pas avec trois pater et deux ave…)





lundi 6 octobre 2014

Lundi 6 octobre 2008


«Toutes les étoiles tremblent au fond de l’eau dormante»
François Mauriac

dimanche 5 octobre 2014

Jeudi 5 octobre 2006


Arrivée à Rodez, Faustin vient seul, en catimini, ça va mal avec sa rombière, ou plus exactement, c’est comme d’habitude, je ne reviendrai pas sur cette tragi-comédie, rien de nouveau depuis Noël. Nous nous retrouvons en cachette sur le parking du macdo où nous prenons un verre. Bavardage. Ça va mal. Il repart assez vite, comme un mari qui ne veut pas être surpris en faute ou qui a peur du rouleau à pâtisserie. Il rappellera. Ou il ne rappellera pas.

samedi 4 octobre 2014

Sacrilège

«Si vous croyez que cette complaisance envers la mort est chrétienne, vous vous trompez. C’est beaucoup de présomption que de se précipiter ainsi vers le jury en acceptant qu’il abrège le concours. C’est préjuger de la qualité de votre copie. Êtes-vous sûr d’abord d’avoir traité le sujet ? Moi pas. Avant de rendre la vie — je dis bien rendre — je veux conserver le plus tard possible la faculté de l’améliorer, je ne parle pas dans le sens d’un infléchissement moral, mais d’un épanouissement. J’ai fait, l’autre jour, la connaissance d’une très vieille dame qui semble s’être décidée à mettre les bouchées doubles au bord de la tombe. Elle est dans le vrai. Qui sait si nous ne serons pas comptable de toutes les joies que nous nous serons refusées, de tous les chemins que nous n’aurons pas suivis, de tous les verres que nous n’aurons pas bus… Il ne faut pas cracher sur les cadeaux de la création. Dieu déteste cela.»
Antoine Blondin


Mercredi 4 octobre 2006


Andillac c’est la commune, Le Cayla le nom sacré. 
La bâtisse, la cuisine et son potager, vieux fer à repasser et le xxx qui sert à le chauffer. Comment ces gens-là vivaient? J’achète le journal d’Eugénie et une brochure sur la vie au Cayla au dix-neuvième siècle. Les portraits, la chambrette, la chambre de Marie qui fut son lit de mort, une exposition incongrue d’art contemporain (je n’ai pas retenu le nom de l’artiste). 
La conservatrice, qui fait visiter habituellement, “femme exceptionnelle” paraît-il, est absente. La guide qui la remplace est une charmante jeune femme, jolie mais qui n’aime pas lire, c’est assez fâcheux pour un tel endroit. Elle se pose beaucoup de questions, sur l’éducation, sur Maurice, elle est surprise que nous ne venions pas par hasard et que nous sachions qui sont ces gens, elle parle, elle parle, enchantée de voir quelqu’un; nous sommes les premiers et probablement les derniers visiteurs de la journée.
Ils ont organisé des petits circuits pédestres autour de la demeure. C’est intelligent car on fréquente ces âmes autant à errer dans les bois, les prés, le long du ruisseau qui furent leur ruisseau, leurs bois, leurs prés, leurs vies, leurs âmes. Sous les frondaisons, je traverse un pré spongieux où l’on se crotte pour voir le ruisseau, quelques oiseaux, sur des panneaux par places on a gravé des citations de Maurice. Plus tard à Rodez, Jean me téléphone, je lui raconte notre après-midi, enfin quelqu’un qui, lorsque l’on prononce le mot Cayla, ne répond pas: «Quoi?»

vendredi 3 octobre 2014

Jeudi 3 octobre 2002


Hier je me suis détesté.

jeudi 2 octobre 2014

Photographies

Sur Flickr (prononcez à la française: flickr), les photos de deux femmes m’émeuvent particulièrement:

Jana:
https://www.flickr.com/photos/janainz/

Kay Harpa:
https://www.flickr.com/photos/bou5zou57ki1208yasu


Et les photos de Martin Pulaski, histoire de pleurer sur notre folle (ou sage) jeunesse:
https://www.flickr.com/photos/martinpulaski


Lundi 2 octobre 2000


Passons l’éponge sur ce détestable mois de septembre 2000. J’ai vu Nice, Marseille, Montpellier. J’y ai vu surtout mes atroces insuffisances.
 

mercredi 1 octobre 2014

Dimanche 1er octobre 2006


Saint-Cirq-Lapopie. Malgré des boutiques d’artisanats en trop, malgré une résidence d’artistes financée par la «région», malgré les visiteurs, et l’on peut imaginer les hordes des mois d’été, malgré, malgré, ce village, par son site, sa situation dans ce site, sa taille, son architecture, les restaurations ou absence de restauration, le plan, les ruines des châteaux, est admirable. 
«Pas très surréaliste» dit D.
Certes. Un symbole presque parfait de ce que la mythologie imagine des paysages, des points de vue, des villages bien français, la courbe du fleuve en bas, les prés enchantés, les nuages et le ciel, les rochers qui dominent, les vallons, les collines arrondies et douces, rien ne manque. 
On comprend qu’un petit-bourgeois des années cinquante, sentant venir la vieillesse, ayant gagné quelques sous par des affaires bien menées, ait éprouvé l’irrésistible désir de finir ses jours ici. Avec ça qu’il avait du flair, et donc que son héritière, qui a “réalisé” le bien il y a peu, a dû toucher le jackpot. La maison a été excellemment bien choisie, l’ancienne auberge des mariniers. Cet homme avait du goût.