dimanche 31 août 2014

Lundi 31 août 2009


Journée ratée. 
Il ne pouvait en être autrement: je me suis trompé: j’ai démarré la journée sur les bases les plus fausses: j’ai lu ce matin l’horoscope de demain.
 

samedi 30 août 2014

Mercredi 30 août 2006


Quand ma mère sort en ville pour acheter un vêtement, son comportement est exemplaire, elle sait précisément ce qu’elle veut, elle a chez le marchand un regard d’aigle pour juger très vite s’il a ce qui va lui convenir, et elle règle sans chichi, en jetant à la patronne ou à la vendeuse la juste parole sur son boniment et ses réclames.

Angoisse totale, infinie devant le soir qui tombe. Je fais quelques pas dans la rue, prends des photos du soir, des nuages, des immeubles aux fenêtres éclairées, du chantier du CM101, je cherche à capturer l’angoisse. 
Qu’est-ce qu’un vrai chrétien? un homme qui n’éprouve pas d’angoisse quand le soir tombe parce qu’il garde toujours précieusement en mémoire au fond de son cœur la rencontre d’Emmaüs.

Patrizia se signe toujours quand elle entre dans une église. Elle est italienne, pas très croyante, pas du tout pratiquante, anticléricale. Mais jamais elle ne manquera de faire ce signe. 
Geste que j’omets souvent, il faut le reconnaître, surtout lorsque je ne rentre dans une église que pour son architecture. Elle m'engueule: «Vous les Français, vous êtes incroyables!»

vendredi 29 août 2014

Vendredi 29 août 2008


Ai-je dit qu’il y avait non pas de l’espoir mais des moments agréables? L’état de santé de ma mère depuis plusieurs jours, progressivement, sans que je m’en aperçoive, s’est amélioré. Après l’alerte du 14 juillet, probablement une toute petite attaque, et ces semaines où elle a si mal marché, et où son cerveau allait lui aussi moins bien, de travers, elle est redevenue exactement comme avant. Non pas ma mère de quarante ans, ça jamais plus, mais maman avant l’été, maman qui allait régulièrement chez ses commerçants. Elle n’est pas encore ressortie, mais elle s’efforce de marcher dans son jardin. Rien que ce mot: «elle s’efforce», car il y eut des semaines où elle refusait tout ce qui était une contrainte, fût-ce la plus légère des obligations ou corvées modestes qu’exige de chacun la vie quotidienne, elle laissait tout à vau l’eau. Cela va mieux.

jeudi 28 août 2014

Jeudi 28 août 2008


J’ai fini avec lenteur, laborieusement Karamazov. Et cette après-midi j’arrive à peine à commencer un Simenon. Lire m’ennuie, tout m’ennuie, aujourd’hui tout m’ennuie, il y a cinquante ans que je n’avais pas éprouvé de l’ennui, eh bien je m’ennuie…

mercredi 27 août 2014

Mercredi 27 août 2008


«Il y avait sur la terre un certain philosophe qui niait tout, les lois, la conscience, la foi; surtout la vie future. Il mourut en pensant entrer dans les ténèbres du néant, et le voilà en présence de la vie future. Il s’étonne, il s’indigne : “Cela, dit-il, est contraire à mes convictions.”»
Dostoïevski

«Il s’est affilié à une église et il s’est acheté un missionnaire chinois, cinq mille dollars par an. Je pense souvent dans quelle rogne il se mettrait en songeant à ces cinq mille dollars par an si, une fois mort, il s’apercevait qu’il n’y a pas de paradis.»
Faulkner


mardi 26 août 2014

Mardi 26 août 2008


Cette après-midi sur le parvis, un groupe nombreux de Japonais se dirigent vers la cathédrale, un clochard assis sur un banc les apostrophe: 
«Alors les chin’toques, vous v’là milliardaires!»
Rue Noël-Ballay j’attrape au vol ces paroles d’une jeune fille à sa camarade:
«Fais gaffe qui te drague pas, parce qu’i drague n’importe quelle…»
Je n’ai pas entendu la fin de la phrase.
 

lundi 25 août 2014

Vendredi 25 août 2000

Calcul pour les enfants : pour tomber des tours de Notre-Dame il faut 4 secondes. On arrive au sol à la vitesse de cent quarante kilomètres/heure.

Rendez-vous à deux heures de l’après-midi au Cagnard avec Daniel. Conversation: essentiellement sur la baise et les dragueurs avec, rarement, quelques aperçus philosophiques, politiques et surtout existentiels. Encore de belles nanas sur la plage malgré la fin de la saison, et quelques rares topless, comme ils disent pudiquement, prudiquement, qui font détourner sans cesse le regard de Daniel (il va finir par attraper un torticolis, il vaudrait mieux qu’il retourne dans sa tanière de la Grand-Rue).

dimanche 24 août 2014

Lundi 24 août 2009


Le mot a été très gentil mais pas anodin, un de ces mots tout simple qui vous rassérène et vous fait avancer. Dire que je suis «plein d’énergie» fait naître un sourire à la fois doux et teinté d’amertume, si elle savait combien je ne suis pas plein d’énergie — sauf pour partir.
 
Toutes les informations de la télévision du week-end se rapportent à des accidents de vacances, chute d’un avion de tourisme, une grosse dame jetée d’un manège dans un parc d’attraction, accident mortel d’un bus aux États-Unis.
Si les Français restaient à lire sagement dans leur chambre, il ne leur arriverait rien. 
 
Le feu aux portes d’Athènes. 

Je lis jour par jour le journal de Pepys sur Internet, nous en sommes au 24 août 1666. Il y a du suspense.
 
Grondement de tonnerre, pluie en début d’après-midi, puis le soleil revient à cinq heures et demie.

samedi 23 août 2014

Vendredi 23 août 2013


L’argent rend fou, rien que la promesse d’un petit pécule vous change un bonhomme, et a fortiori une bonne femme, en quinze jours. Et la première pose que l’on prend est celle du sérieux. On a désormais le droit d’être arrogant avec les inférieurs. Et comme une seconde nature, comme une nature qui était en nous, aux aguets, que l’on masquait, d’un coup de magie, on devient sentencieux. 
 

vendredi 22 août 2014

Mardi 22 août 2000


Jour clair, frais, neuf après la pluie. Jour lavé.
Il y a la terrasse du café protégé par les pins, le bleu du plan d’eau, la rangée des peupliers de la digue, plus loin le vert du lac, au-delà la rive sud parsemée de villages puis de champs puis de forêts jusqu’aux sommets herbeux ou rocheux, le tout sous un ciel bleu pur et un vent léger. À la verticale de ce lieu un avion, trop haut, silencieux, infime lame de métal qui reflète le soleil.
 
Les «monos» (monitrices, moniteurs) sont plus bêtes que leurs ouailles, les parents sont plus bêtes que leurs enfants, les patrons des bars, des commerces, plus bêtes que leurs employés (ici il n’y a personne d’autres).

jeudi 21 août 2014

Lundi 21 août 2007


Il n’y a pas eu d’été.

Je sais que je suis paranoïaque, utopiste, et un raté complet. On me l’a dit.
 
Mes derniers mots sur cette terre avant de mourir seront: «Je veux revoir mes aînées.»

Seize ans et un mois que mon père est mort.

mercredi 20 août 2014

Mardi 20 août 2002


Ma mère a donné son impression sur mes aînées: 
«Elles sont indifférentes, c’est comme si tu n’avais jamais existé.»

(Je ne sais si toute vérité est bonne à entendre.
B a peut-être raison quand elle ose se formuler: «Ma fille ne m’aime pas.»)

J’essaie d’enlever mon alliance, mais le doigt est devenu trop épais; j’irai voir un bijoutier afin qu’il me la scie. 

 

mardi 19 août 2014

Samedi 19 août 1972


«Des incendies se sont déclarés tout autour de Moscou, des feux de forêt et de tourbières.» 
Andreï Tarkovski

lundi 18 août 2014

Samedi 18 août 2001


Un petit bateau blanc qui ressemble à un obus quitte lentement le chenal du port. Debout face au large une petite fille en robe rose, raide et immobile comme une statue, affronte le vent, ses cheveux blonds tirés vers l’arrière.


dimanche 17 août 2014

Jeudi 17 août 2000


Lourds nuages ce matin, puis à neuf heures le ciel se dégage. Calme au bord du lac, une poule d’eau ou un canard le traverse — solitaire. 
Je suis à la conjonction de trois surfaces liquides. 
Le début de Serre-Ponçon, vaste, majestueux, sans une ride. 
Le plan d’eau plein de petites vaguelettes, avec de nombreux pêcheurs. 
La Durance au flot laiteux, gris jaunâtre, qui coule rapidement — grosse comme enceinte (ce n’est rien je suppose comparé au rythme du printemps).

samedi 16 août 2014

Vendredi 16 août 2013


C’était prévisible. C’était inévitable. Ça commence. Les rêves commencent. 
Cette nuit je me parle: «Mais non, c’est faux ce que je dis, je ne suis pas orphelin, puisque mon grand-père, le père de ma mère, vit toujours»… 
… et je vois mon grand-père au milieu d’un groupe d’inconnus.


vendredi 15 août 2014

Vendredi 15 août 2014



À la messe un curé vient vers moi et me serre la pince. Ai-je l’air d’un pilier de paroisse ? Ressemblé-je à quelqu’un d’autre?

Avec tous ces travaux, la nef coupée en deux, et les énormes échafaudages, je lui demande comment ils vont faire pour la grand-messe de 11 heures: 
«On les tassera!»




jeudi 14 août 2014

Lundi 14 août 2000

Bruits de la route nationale au loin, ciel entièrement bleu, petite brise fraîche, minuscules petites rides à la surface du lac, vert tendre des prés à l’assaut des sommets, sommet du Guillaume magnifique, rond, arrondi, doux, le «sein» de Giono, quelques ombres marquent les reliefs pour éviter la monotonie, nuances des couleurs, variations subtiles, mélanges de gris, de marron, de vert, de jaune, ces teintes dominantes qui caractérisent si bien les Alpes du Sud. 
Plage d’herbes sous les… avec des feuilles de peupliers mais des branches qui s’élargissent. Est-ce une espèce particulière de peupliers? 
Je n’ose me mettre en maillot car je suis empâté, adipeux et ici tous les corps sont sinon jeunes du moins sportifs. Ils se tiennent bien. Dans le bassin de vrais nageurs. Le long des routes du matin au soir on croise des théories de joggeurs. Plus haut, les cyclistes partent à l'assaut des cols.

mercredi 13 août 2014

Dimanche 13 août 2000


Très triste ce soir que le premier cours de voile ne se soit pas très bien passé. La tristesse du père qui fait un cadeau dont il attend beaucoup (rien pour lui, beaucoup de bonheurs pour ses enfants) et qui se rend compte que ce n’est pas exactement cela qui aurait convenu. 
Il y aura d’autres soirs, d’autres retours de leçons de voile.
 
Cependant nous avons la chance de ne pas être trop mal logé, d’être peu gênés par les autres habitants du gîte, et surtout d’avoir une vaste cuisine, vaste comme une salle de bal, avec ce merveilleux balcon sur toute la longueur qui domine la plage, balcon ombragé, à la rambarde de bois bruni, seul balcon de cette plage, sentiment de dominer tous les autres et d’être d’affreux privilégiés, d’avoir tout cela pour soi, alors qu’en bas, ils ne jouissent que d’une petite table du café et paient le prix fort pour boire, ou sont étendus, entassés, sur le ponton de bois ou sur l’espèce de caillasse qui joue le rôle de sable. 
Autre avantage, nous avons une trentaine de petit pas à faire pour être dans l’eau, et si je ne peux pas surveiller très bien les enfants qui se baignent, ce n’est qu’à cause de ces pins, pins qui protègent du soleil, mais qui cachent en partie le lac. La pointe arrondi du Méale est bien placée entre deux branches, Les Orres sont dissimulées, et tout à droite le Morgon se devine à travers les branches. Il faut aller sur le retour du balcon, à gauche, pour voir droit devant soi le Guillaume. Pendant qu’ils étaient à leur cours je suis monté très haut à travers un sentier dans les broussailles puis sous une accueillante forêt, jusqu’à Sanière peut-être, d’où je suis redescendu en courant par la route et le plan d’eau. Fini la lecture de Machenka.

mardi 12 août 2014

Samedi 12 août 2000


Dialogue entendu à la terrasse du bar.
La femme: «T’as un bon roman?»
L’homme: «Ouais, le dernier Danielle Steel.»
La femme: «Eh bien voilà, pour la plage c’est tout ce qu’il faut.»


lundi 11 août 2014

Jeudi 11 août 2011


V est revenue aujourd’hui, ou hier soir. 
O va venir me voir, plutôt dimanche que lundi. 
A m’attend à P.
M accepte de garder le chien. 
Les A reviennent ce soir.
Aujourd’hui centième anniversaire de madame Elion


dimanche 10 août 2014

Mardi 10 août 1971


À propos des lignes 5-6 et de la remarque en bas de la sixième page du dimanche 8 août, il faut se demander ce que j’ai cru comprendre et surtout si j’ai su comprendre. Je me demande pourquoi je les ai rapportées si exactement, donc pourquoi je les ai retenues et pourquoi j’en tartine encore huit lignes ce soir. Mais je n’en parlerai plus.

samedi 9 août 2014

Jeudi 9 août 2012


Les tempêtes, les révolutions, les maladies, la mondialisation, la conquête de Mars, l’amour, on ne peut être ni pour ni contre ces phénomènes naturels, on peut lutter contre mais il faut surtout faire avec.


vendredi 8 août 2014

Mercredi 8 août 2003


Je téléphone à Dominique A. Il me dit que la lecture d’Épictète à dix-sept ans lui a sauvé la vie. 


jeudi 7 août 2014

Mardi 7 août 2012


Depuis que sa voisine est morte maman n’aime plus trop sa chambre, elle passe beaucoup plus de temps dans la salle commune. Nous n’en avons pas parlé, je n’ose pas ou je ne sais pas comment dire certaines choses, cela a été souvent l’un de mes pires défauts, qui m’a causé de grands torts dans ma vie, et qui continue peut-être, et qui continue sans doute, quoique je me sois un peu amélioré, un petit peu seulement. 
Maman prend ses repas du soir dans cette salle avec les autres. 
D’une part l’atmosphère y est plus vivante, il y a du mouvement, des bruits, parfois des rires, d’autant que sa nouvelle voisine de chambre n’est pas très gaie.
Mais d’autre part il y a toutes les autres qui sont autant de miroir terribles («c’est donc cela que je suis devenue!»), et qui nous rendent nous les visiteurs aussi cafardeux qu’on puisse l’être. Si je ne vois pas toujours ma mère comme elle est, si le plus souvent je la vois telle qu’elle était sur cette photo d’il y a vingt-cinq ans que je viens de scanner, les visages, les corps, les gestes, les discours des autres, dans cette salle, sont là pour me rappeler la réalité d’aujourd’hui. 
Statistiques imparfaites: j’ai compté l’autre soir cinq hommes et treize femmes, les hommes étant beaucoup plus silencieux et immobiles que les femmes.
Une d’entre elles, une des rares qui marche, qui ne soit pas en fauteuil roulant, débarrasse les tables. Je lui dis en plaisantant qu’on va l’embaucher, elle me répond qu’elle fait cela pour avoir son tilleul du soir.
«Les autres n’ont pas droit au tilleul?
— Si mais comme ça on me sert en premier.»
La même, comme je lui dis «à demain», me répond «à deux pieds». Ce n’est pas d’un humour formidable mais rien que ce petit jeu de mot infime met un peu de baume au cœur. 
J’ai appris que maman avait fait de la gym douce comme les autres, c’est-à-dire qu’elle a lancé doucement un ballon. J’ai du mal à imaginer… à travers la pièce?
Puis, ainsi cela se passe depuis le début du mois d’août, je la remmène dans sa chambre. Et des larmes silencieuses coulent sur son visage avant que je parte.
 

mercredi 6 août 2014

Lundi 6 août 2012

Je parle un peu avec la plus attentive des aides-soignantes. Ma mère s’est bien rendu compte de la mort de sa voisine, et lui a même dit qu’elle serait la prochaine. 
Ma mère, qui n’a pas entendu ma conversation avec l’aide-soignante, pleurniche quand je la quitte. C’est la première fois. 
Depuis cette mort, et l’arrivée d’une remplaçante qu’elle aime peu, elle dîne dans la salle commune. N’a plus envie de rester cloîtrer dans sa chambre. Si bien qu’elle s’habitue aux autres et participe à des activités (gymnastique douce, chansons).


mardi 5 août 2014

Dimanche 5 août 2000


Solitude. Désert. Temps mitigé. Tout cet été j’ai fait d’innombrables rêves d’avions.
 

lundi 4 août 2014

Vendredi 4 août 2000


Ingrid appelle hier à l’heure où elle devait venir et commence par me dire: 
«Ne dis rien laisse-moi parler.» 
Je ne prononce qu’un «oui» à peine audible, à peine perceptible, qu’elle a dû interpréter comme ironique; je ne jugerais pas qu’il ne l’était pas mais j’ai veillé je crois à ce qu’elle ne distingue aucune nuance. 
Elle raccroche aussitôt.

dimanche 3 août 2014

Jeudi 3 août 2006


Hier donc Chartres, il m’embrasse comme s’il voulait me mordre, non, les poings tendus comme s’il allait me mettre un coup de canne. Et je crains ses coups, oui, car, pourrai-je, suis-je autorisé à répondre à ce vieillard qui est le plus insupportable de tous les vieillards que j’ai jamais connus.

Ma mère pareille à elle-même, je lui pardonne, je refuse de voir, qu’elle répète souvent les choses, «tu viendras mardi?», question posée trois fois, «tu as payé l’épicier?», question posée quatre fois, etc. Maman reste ma mère, jeune et belle éternellement. Que ma fille voie sa mère de cette façon toute sa vie voilà ce que je lui, ce que je leur souhaite. Ce que je me souhaite.

Culpabilité. Culpabilité et péché. Je n’ai pas tort d’éprouver de la culpabilité à ne pas pouvoir emmener ce mois mes enfants à la mer (ou ailleurs), car c’est un péché que de ne pas vivre au soleil à la lumière à la nature durant l’été, c’est un péché que de perdre son temps dans les villes. Je n’aime guère les villes désormais et préfère les solitudes, et je conviens que ces villes sont encore plus désespérantes quand, au mois d’août, elles sont vides d’hommes; elle sont faites pour une population nombreuse et la vacuité ne leur va guère, elles sont plus désertes que le désert. 
Culpabilité. Ai-je raison? Il n’empêche que j’éprouve le sentiment de les abandonner en août; avec ça la honte du père pauvre qui ne peut offrir quelques vacances à ses enfants. Il est vrai que pour m’ôter ce remords je vais envoyer mille euros à leur mère, des fois qu’elle avec eux et les autres partent, et si elle ne part pas, ne veut pas ou ne peut pas (car avec mille euros si elle ne peut compléter on ne va pas loin), elle trouvera toujours de quoi les dépenser. Mais je ne sais jamais, son silence étant tel (terrible), de quoi elle a besoin, dans quelle mesure elle dit la vérité. (Ce que je sais c’est qu’elle ne me dit jamais rien sinon pour geindre, se plaindre, se lamenter, ou alors comme la dernière fois pour m’envoyer une flèche empoisonnée.)
Culpabilité de ne pas être assez avec eux, culpabilité de ne pas être assez avec ma mère, culpabilité de ne pas être assez malheureux alors que leur mère l’est (je suppose qu’elle l’est), culpabilité de ne pas penser assez à Macaronie et Bidibulle alors que je pense à elles tout le temps, dix fois, cent fois plus qu’elles n’imaginent, culpabilité de ne pouvoir rien faire pour elles alors que ce sont elles qui refusent tout de ma part. 
Culpabilité de rire, de respirer, alors que peut-être (mais tout se joue dans ma tête) à la même seconde elles (ou leur mère) ne sont pas heureuses. Oui mais je n’ai pas tort d’avoir la culpabilité éternelle de les avoir menées là où elles sont, que si bonheur il y a ce n’est pas moi qui leur aurait donné, et que tout le malheur qu’il y a, lui, vient, indirectement sans doute mais fondamentalement, de moi, de mes agissements, de mes gravissimes sottises passées, et que je ne fais rien pour y remédier aujourd’hui, la seule excuse que j’ai, qui pour moi n’en est pas une, est que je ne peux absolument rien. Je ne peux absolument rien puisqu’elles refusent tout.

Je ne suis pas encore remis des «révélations» de Modigliani. Elle, au moins, manie sans mesure le tranchant de la vérité, elle ne dissimule pas, bien pareille pour cela à sa grand-mère (ma mère, pas ma belle-mère, elle qui à l’inverse, pareille à sa fille, tait les vérités, ou n’ose, ou ne sait les dire, mais question langue de vipère, est toujours prête à faire du mal en se faisant croire à elle-même qu’elle va faire le bien, que c’est pour le bien, le «bien»). Ma fille fréquentait Renaud, le poissonnier du super marché, son pourvoyeur de h, au demeurant garçon charmant, poli, personnalité sympathique, chaleureuse. Elle dit, et je la crois, qu’il n’y a jamais rien eu entre eux (dans notre société, on l’aura compris, quand l’on dit «rien eu» cela veut dire pas de «relation sexuelle»). Renaud vient d’être arrêté pour tentative de viol et violences et agression contre une femme dans le rer à quatre heures de l’après-midi entre La Folie et L’Étoile. Le poissonnier est en prison, ma fille a été témoigner à la police qu’il a toujours été correct, et moi je trouve cette histoire diablement louche. Dans l’attente de plus amples informations, je ne crois rien, je doute de tout.
Autre révélation de Modigliani ou plutôt de ma chère et adorée (je n’ironise pas) Ma-Belle-Mère-Chérie-Langue-de-Vipère […], etc.

samedi 2 août 2014

Mardi 2 août 2012


La canicule a diminué. Hier visite de D, pendant que nous essayions de rentrer la caravane dans le jardin. Déjeuner apéritif gentil avant qu’il aille voir maman
 
V après Washington à Baltimore. Pas de carte postale.
 
Dans Congar, de François de Sales: 
«Il faut laisser les mâtins aboyer à la lune.»
 
De Congar: 
«Ils ne cherchent aucun dialogue, aucune collaboration. Ils sont fixés dans un système étroit, dans des formules toutes faites, et ils refusent ou condamnent, sans s’ouvrir à aucun problème. Ils suscitent une réaction aussi simpliste que la leur. Pour beaucoup, il suffit que de tels hommes prennent telle position, pour que la position contraire apparaisse la seule convenable!»

vendredi 1 août 2014

Jeudi 1er août 2013


Le premier jour de ma vie dans ce monde sans que ma mère y soit.