mercredi 24 décembre 2014

Les aventures des corrections d’épreuve d’une ténébreuse affaire ou l’amour des notes de bas de page



«On éprouve de grandes difficultés à se reconnaître dans la documentation dont on dispose. D’abord parce que Balzac corrige ses placards par lots successifs: il met au point un lot plus ou moins volumineux de ces colonnes imprimées qu’en termes d’imprimerie on appelle des paquets; il envoie cet ensemble aux typographes, qui le lui renvoient en nouvelle épreuve; il met cet épreuve au point, ajoute quelques paquets à la suite, etc., demande au besoin une épreuve supplémentaire, jusqu’au moment où il laisse partir un premier bon à tirer qui sera suivi, avec le temps, de tous les autres. Ensuite parce que les épreuves postérieures aux placards initiaux sont inégalement nombreuses, et surtout inégalement conservées: nous n’en possédons aucune (à quelques fragments près) pour la partie du roman qui correspond aux quarante premières pages, environ, de notre texte ; nous en possédons tantôt deux, tantôt trois pour les épisodes judiciaire qui suivent le récit de l’enlèvement, puis de la libération du sénateur, et une seule, en général, pour les autres épisodes. Entre deux états en placards ou en épreuves parvenus jusqu’à nous, il manque souvent un ou plusieurs états intermédiaires. D’autre part, les épreuves, étant destinées à un périodique et livrées par paquets, ne sont pas paginées, sinon, selon l’opportunité du moment, de la main même de Balzac, qui charge et surcharge des numérotations successives, ce qui ajoute à la confusion. Difficulté supplémentaire: M. de Peyssonnel, ou son relieur, croyant donner plus de relief à sa précieuse collection, a généralement groupé les principaux ajouts manuscrits en tête des paquets imprimés, commettant ainsi divers erreurs d’ordre et perdant des liasses. En outre, l’épreuve en bon à tirer a été conservée par l’imprimeur, d’où des différences entre le dernier texte révisé entre notre possession et le texte du Commerce. Enfin le photographe ou le conservateur de la bibliothèque de Chicago a imposé un numérotage personnel, les versos étant numérotés comme des rectos, mais il a commis quelques inadvertances…»

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