Journée de cauchemar. Maman vomit, je
l’installe dans le deuxième fauteuil roulant. Il fait un temps de Toussaint. Je
les « garde ». Seul soutien, le chien est là, vivant. Tout est sombre
comme une tombe.
Et personne avec moi. Personne. Je suis
seul.
(Il y avait des soirs où c’était pour moi
tellement pesant, mais pesant, écrasant. Les petits étaient couchés, nous
n’étions plus que quatre à la grande table. Vous conversiez tous les trois, de
choses et d’autres, et même parfois vous riiez, mais je restai en dehors,
j’avais l’impression d’être rejeté hors de la communauté des vivants. Il m’est
arrivé d’essayer d’intervenir dans la conversation de dire un mot d’humour ou
une anecdote, mais je parlais faux, cela tombait dans un silence de mort. Et l’on
me regardait d’un tel regard noir, rapide, de mépris, que j’étais totalement
d’accord avec ce regard : que je n’avais qu’à me taire et à rentrer dans
mon trou être méprisable. Et c’est en ces instants que de toute ma vie je ne me
suis senti jamais aussi seul, aussi effondré, anéanti.)
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