lundi 28 juillet 2014

Samedi 28 juillet 2001


Les derniers mots de l’équipage du Concorde avant l’écrasement: «Le badin, le badin!»
Hier soir un peu déprimé, […]
Mais à peine arrivé à Chatou j’ai un message sur mon répondeur, de Charlotte (en ce moment, elle appelle tous les jours), mais je ne peux lui parler (car cinq minutes plus tard elle est chez elle avec son mari; elle part en Vendée avec ses enfants, je crois, ou de la famille, d’où elle promet de m’appeler lundi ou mardi, […]
sur l’autre répondeur: «je voulais juste savoir si tu étais vivant». Je ne répéterai jamais assez que je ne veux pas la rendre malheureuse, mais que, quoi que je fasse, je la rendrai malheureuse.
Toujours sur mon répondeur un type me propose du travail (comme tous les ans à la même date les éditeurs se paniquent, leurs correcteurs sont partis, et les pékins comme moi sont utiles, mais je viens de récupérer un boulot sur les arbres du jardin auquel s’ajoutent mes deux annales à finir pour lundi matin).
Aujourd’hui des millions de personnes sur les routes, dont la mère de mes enfants et mes chéris qui vont prendre la route du retour, et je vais m’inquiéter toute la journée, et je sais qu’ils ne me téléphoneront pas. 
Ces deux derniers jours, grosses chaleurs qui finissent le soir en orage. Je ne sais toujours pas quoi faire en août avec les enfants, côte atlantique, ou Embrun, ou au dernier moment n’importe où, ce que proposent les voyagistes en solde, on verra bien.
D m’a appelé, il a publié deux textes […]  croire que l’on va loin parce qu’on écrit qu’un jeune garçon aime sa maman parce qu’elle le masturbe, quelle puérilité!
Midi, Charlotte appelle, de la librairie; elle me demande des conseils de lecture pour les vacances, je ne vois pas, sauf La Conversation amoureuse; je la rappelle cinq minutes plus tard (elle est toujours à la librairie en train de se faire fourguer une pléiade de mauvais livres par la libraire) pour lui suggérer Belle du seigneur (je n’ose Ada), la libraire ne l’a pas, («oh, c’est un vieux livre», dit-elle).
Nous avons du mal en ce moment à passer une journée sans nous parler, elle vient cette après-midi avec la ferme intention de ne rester que cinq minutes, sous prétexte de prendre le livre d’Anne Wiazemski, mais aussi parce qu’elle veut me voir, avec l’intention de ne pas rester, de ne rien commettre de malhonnête (bien sûr), mais parce qu’elle a envie, autant que moi, de me voir, de juste un baiser léger, et c’est tout. Et elle peut ne pas venir, elle est toujours imprévisible, inattendue, mais la plupart du temps bellement inattendue, avec d’heureuses surprises. Mais il ne faut jamais compter sur elle, ce sont des cadeaux de sa présence qu’elle fait, par surprise, jamais en prévenant à l’avance, jamais planifiés, donc d’autant précieux, d’autant petits trésors, à garder ensuite dans sa mémoire.
Charlotte est venue vers trois heures et demie, pour rester cinq minutes, elle n’est repartie qu’à cinq heures et demie. C’est elle qui vient se blottir dans mes bras, puis nous allons nous allonger sur le lit, mais très sage, défense de déboutonner le soutien-gorge, baisers, caresses, câlins, tendresse, belle et folle agenouillée au-dessus de moi les cheveux en bataille lui cachant à moitié le visage. Elle a du mal à se décider à partir, elle part enfin avec quelques livres, dont La Conversation amoureuse […].
J’appelle à la maison, ils sont tous bien rentrés. Je parle à Modigliani, elle qui ne perd jamais le nord me dit qu’elle voudrait bien que je lui offre un billard, elle ajoute «pour Noël». Ainsi vit-elle dans l’avenir son retour de bains de mer. Ils sont contents apparemment tous de leur séjour. […] Je suis hors mais que leur vie soit assez douce, c’est tout ce que je souhaite. Je vais essayer de trouver une location pas chère à Royan pour les deux dernières semaines d’août. Si je peux la payer…
Long appel à Michèle. Rien de neuf pour elle. Elle a changé d’homme, mais encore un homme marié. Elle n’a pas travaillé pour passer son concours, elle vit, petitement mais assez bien. Son fils a eu son bac, enfin! il va faire un iut biologie (eau) à Digne, c’est bien pour lui. Je lui ai dit que nous n’irions pas à Embrun cette année. Elle passera peut-être me voir à Paris en octobre.

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