samedi 8 mars 2014

Vendredi 8 mars 2013



On s’achemine vers le pire, vers le statu quo: elle ne mourra pas, elle ne ressuscitera pas.

Ces dames les infirmières trouvent qu’il y a un léger mieux. Est-ce que cela fait partie des consignes, veulent-elles s’en convaincre? Je ne trouve pas qu’il y a un quelconque progrès. Dans le regard, plus vivant, disent-elles. Mais elle n’ouvre les yeux qu’une minute, même pas, quelques secondes parfois, pas souvent, rarement. Elle somnole la plupart du temps. Ces deux avant-bras, la seule chose vivante d’elle à part les yeux, ne bougent plus du tout. Elle ne me fait plus jamais de signe. Avant-hier, quand je partais elle me suivait des yeux, me faisait un signe de la main. Elle a ignoré mes départs aujourd’hui. 
Elles n’ont pas réessayé de lui glisser un peu de compote dans la bouche, elles y ont renoncé. A midi et quart elle sont venues pour supprimer la perfusion, pour supprimer l’eau salé, «eau physiologique», semblable aux larmes, dans la sonde et pour la remplacer par de la nourriture, «nourriture». Avec une nouvelle pompe perfectionnée. 500 cl. La pompe envoie dans la sonde 50 cl par heure. À cinq heures et quart la pompe s’est mise à sonner: c’était fini: en cinq heures exactement on lui a ingurgité 500 cl de nourriture. Elle n’avait eu que de l’eau pendant deux jours, ou trois jours, je ne sais plus. Ils vont augmenter la dose progressivement les jours suivants.

Elle dort la plupart du temps, ou somnole, on ne sait trop, car parfois elle a la respiration paisible du dormeur mais les yeux sont ouverts. Je ne peux dire grand ouverts, ils sont toujours mi-clos. Ou alors les yeux sont fermés mais la respiration n’est pas celle du dormeur. Ce qui est terrible est qu’elle ne sourit pas, qu’elle ne peut pas, non plus qu’avoir l’air attristé. Elle est paralysée. Son visage ne peut plus exprimer aucun sentiment.

Statu quo, routine, j’y vais de onze heures à midi et demi, puis y retourne après avoir fait une sieste vers quatre heures, je rentre vers six heures et demie le soir.

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