Lundi, je suis arrivé à midi. Ça a
commencé par une discussion à table, en présence d’un invité, il a prétendu
que les attentats du 11 septembre avaient été fomentés par les Américains. Il
m’a un peu énervé. Puis il a passé toute l’après-midi à rédiger un texte
lyrique et flamboyant totalement hors sujet alors qu’elle ne cessait de lui
répéter: “mais c'est pour la médiathèque, ils ne veulent que trois lignes
de présentation sobre”. Il n’a rien fait d'autre.
J’ai passé ce temps à relire et vérifier une traduction de Shelley pendant qu’elle, petite fourmi, faisait la maquette de trois livres à la fois.
Bonne nuit de sommeil.
Mardi matin il a commencé par dire
qu’il ne pouvait pas travailler dans ces conditions, “dans un
couloir” (certes la maison est petite, mais), puis le ton a monté, il l’a traitée de “crétine démocrate illettrée” et, en ce qui me concerne,
que mon travail était “nul”. Là-dessus, il a préparé son ordinateur,
cherché ses pulls et déclaré qu’il allait vivre à l’hôtel. Il a sauté dans son
auto et a disparu. J'ai rangé mes petites affaires; elle était malheureuse comme tout (“vous aussi”) mais m’a
compris; je l’ai embrassée et ai rejoint la gare à pied. Bien entendu il était revenu à la maison entre-temps. Il a foncé à la gare en voiture. Il m’a cherché partout. Comme mon train ne partait qu’à midi, prévoyant le coup, je me suis éloigné de la gare, douce flânerie au bord du fleuve. Il m’a envoyé
une vingtaine d’appels téléphoniques en moins d'une heure. J’ai coupé mon
portable. Mais, pas si subtil que ça le gars, il ne m’attendait pas au départ du train. Le soir — donc avant-hier soir — il a appelé x fois chez moi sans que je décroche.
Je continue mon travail, à mon rythme, un
bon rythme, hors du cirque, dans le calme.
Je l’ai appelé ce soir, il était doux
comme un agneau.
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