mercredi 25 décembre 2013

Un Noël comme on n’en fait pas



Certains me tournaient autour, depuis la fin d'après-midi, ne sachant pas si ils seraient de la fête, parce que c'est triste un noël loin de chez soi, parce que c'est là que raisonne fort la solitude des voyageurs, des égarés, des écorchés, des malmenés par la vie.
Les mal partis.
Evidemment, j'avais mis des litres d'amour dans ma sangria sans alcool, de bons fruits frais, de la canelle, du sucre de canne, des gousses de vanille rapportées par une chère amie d'un voyage dans les îles.
J'avais des arguments pour les appâter, lentement, pour faire en sorte qu'ils se joignent à cette table de notre Noël sur Terre, plutôt que de s'enfemer dans leurs chambres avec leurs sandwichs saturés de graisse et de solitude, l'alcool pour faire passer le tout, l'herbe pour donner un peu de chaleur et d'illusion.
A coup de douceur et de bienveillance, je tissais ma toile.
A cela, rien ne résiste.
Soudain, nous étions 20 à table, et les conversations allaient bon train, les regards se voilaient parfois, mais quand-même.
Quand-même, dans ce foyer au milieu de nulle part, nous étions unis, unis et fiers de savoir vivre ensemble, envers et contre toutes les misères, les injustices, les guerres et les proches laissés au pays.
Il y avait de l'amour, oui, en veux-tu en voilà.
Et des petits plats.
Et des rires.
Et de la joie.
Et de la danse même, quitte à valser sur des rythmes que je ne connais guère, pourvu qu'on ait l'ivresse.
L'ivresse des sourires, fatigués oui, après leurs allers-retours dans des mondes parallèles, pour supporter cette vie qu'ils essaient de construire, un pas devant l'autre, une pierre ici, une petite victoire là, à chaque jour suffit sa peine.
Il a été question de religion, bien sûr, mais nous avons rendu à Dieu ce qui est à Dieu (enfin surtout moi), et à leur jeunesse et leur vaillance, tout ce qu'elle mérite : de l'espoir, des encouragements, des petits mots doux qui se plantent dans les coeurs, du baume pour les petits matins gris.
C'était vraiment un Noël comme on n'en fait pas.
Et c'était juste bien.
Karine Morin


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