lundi 9 décembre 2013

Le loup de mer



Je n’ai pas connu Alexandre. (À droite sur la photo, surnommé La Pérouse, du nom de son bateau.)

Il avait bourlingué pas mal à l’époque des grands voiliers.
Sur le quai du port, dans les années soixante, les vieux échangeaient leurs souvenirs :
« New York ? Avant quatorze ?… Mais alors ? tu as connu Célestine Petitpas ? »
Et les marins pensifs regardaient l’horizon…
Célestine Petitpas… 
Tout le port se rengorgeait. Ils n’avaient que Célestine Petitpas à la bouche. Chacun des habitants du bourg était persuadé que Célestine Petitpas tenait un bordel fameux, fréquenté par tous les marins français de passage. Et ceux qui sont devenus aujourd'hui les “anciens” du village s'en souviennent si bien qu'ils m'ont raconté cette histoire. On me connaît. J’ai voulu en savoir plus.
J'ai rêvé de Célestine Petitpas.

Je suis allé voir sur Internet. Et j’ai trouvé ceci, extrait d’une biographie de John Butler Yeats [le père de William Butler] par Douglas N. Archibald :
« … the small boarding house at 317 West 29th Street frequented by actors, writers and tourists. There he [John Butler Yeats] remained until his death, the friend and concern of three sisters from Brittany. Marie Petitpas was cook and manager — “she is the brains” ; Josephine was “the chucker-out and keeps order and looks after the bills”. The youngest was the beauty and the menial, waiting on table and cleaning the rooms. Of course, she was his favorite : “her English is imperfect, but her manners are exquisite, she looks a Sylph […] and her voice sounds so courteous and musical…” »
J’ai lu ailleurs, mais je n’ai pas retrouvé, que le café était beaucoup fréquenté par la colonie intellectuelle française durant la Grande Guerre. (On peut y imaginer Marcel Duchamp…)

Et j’ai trouvé une Célestine Petitpas, originaire de Rennes, qui est arrivée à Ellis Island en 1906, à l’âge de dix-huit ans.


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