mardi 18 juin 2013

Retrouvés: février 2009


1. Fini Madame de, je préfère l’autre ; ou alors Julietta : j’ai pensé à Alphonse Allais.

2. Je n’ai jamais compris la fin de Plexus : « … avec la nostalgie de la Russie ».

3. De quoi suis-je sorti ?

4. J’ai pensé que celles que j’ai aimées je les aimerai toujours : ça complique – et ça s’accumule.

5. I know the L are my fatum, so I had to change for the M ?

6. Il me faut respirer l’herbe mouillée chaque matin, marcher dans les sentiers humides, me perdre en forêt.

7. Avis à la population internetienne : je ne cherche plus personne – je les ai tous retrouvés – sauf mes aînées.

8. Deux mois trois enterrements : j’espère qu’il va y avoir une pause au printemps prochain.

9. Royan est la plus belle ville du monde, et sa cathédrale le chef-d’œuvre de l’architecture du vingtième siècle : est-ce une raison pour y vivre ?

10. Un jour incertain je me suis dit : et si je devenais uniate ?

11. J’ai essayé de sortir de ma classe sociale, de ma banlieue les puissances infernales (ou nos maîtres) m’ont renvoyé d’où je venais.

12. Mais les obstinés ne se le tiennent pas pour dit.

13. « Ne soyons pas comme eux. »

14. Trois fois déjà j’ai répondu au questionnaire de Marcel Proust.

15. Incipit : « ouah ! ouah ! ouah ! »

16. Excipit : « oui oui oui »

17. Marcher respirer ; lire écrire.

18 Dresser la liste des lieux magiques sans en oublier un.

19. …

20. Ma première fille et ma deuxième fille (daughters).

21. Faire du vélo, battre la campagne, escalader, sillonner, aller retour, rêvasser sur le chemin, écouter la musique des sphères (le son des clochettes des vaches), se perdre dans les traverses, être marmotte une bonne fois, deviner dans le lointain, ne pas se tromper de cible, se baigner dans les torrents où les pierres coupent, monter la tente, démonter la tente, remonter la tente, tordre ses chaussettes trempées, se dire que de Clapeyto jamais on atteindra Furfande, poursuivre

22. « Hors d’ici les querelleurs. »

23. Je préfère devenir idiot (je veux devenir l’idiot), plutôt que ce qui parfois me pend au nez : Stepane Trophimovitch.

24. Il m’arrive de me dire ça y est, le monde est réenchanté.

25. Je n’aurai plus jamais froid.

32. J’ai vu entrer dans la salle d’attente du vétérinaire une femme monstrueuse. Elle était seule, sans animal. Je n’ai d’abord pas compris ce qu’elle venait y faire, puis, mais oui, mais bien sûr : elle venait pour elle !

33. Les moineaux, merles et autres tourterelles, et les rares mésanges et rouge-gorge ont définitivement disparu du jardin depuis que Sigmund et Gustave y flairent, y courent, y chassent.

34. Sur le flanc de la désirée.

35. Je me souviens des sources de la Loire : ce peu profond ruisseau au fond d’un appentis obscur !

36. Je voudrais bien appartenir à la Loire.

37. Je n’ai jamais vu de femme se caresser en public.

38. Dans ces cas-là je resterais impassible. – Je ferais semblant de rester impassible.

39. Au lycée j’ai toujours été trop sage.

40. CM montrait chaque année à Jean les canards nouveau-nés de l’île Saint-Louis.

41. Il m’arrive parfois, rarement, de savoir ce que je veux : en général, c’est l’impossible.

42. Les blogs, les manuscrits qu’on vous confie, les petits (ou grands) romans publiés par des visages connus, il faut aimer leurs auteurs pour les lire.

43. Je suis tellement inattentif, le nez en l’air, dans la lune, qu’à chaque fois que j’ai croisé par hasard une connaissance il a fallu qu’il y ait à mes côtés quelqu’un qui me le fasse remarquer, à moins que ce ne soit la connaissance en question qui me reconnaisse et m’interpelle. Ainsi, par trois fois, avec trois personnes différentes, en gravissant l’Acropole, j’ai rencontré des Parisiens que je connaissais grâce à la personne qui m’accompagnait. J’y suis allé au moins deux fois seul, je n’y ai jamais croisé qui que ce soit. Si je veux faire une escapade secrète, incognito, je ne sais pas si ce sera à Athènes, mais je sais que je ne m’approcherai pas du Parthénon – à propos, Pierre m’a dit qu’ils étaient en train de le reconstruire à neuf ?

44. La seule fée perdue que j’eusse espéré croiser et que je ne croiserai plus jamais dans cette vie est morte au même endroit, en même temps, et dans les mêmes circonstances que le type de la page 99 de l’Amour l’Automne. Celle que j’ai croisée était inespérée.

45. « Rien n’est grave sauf la mort », citation dont je suis peu sûr.

46. Je ne sais pas. Je n’aime pas le mot bobard. Se dire que votre père vous soutient, qu’il est là derrière votre épaule, est-ce une illusion ? Bon. Je n’aime pas les mensonges, même et surtout les pieux, ni les consolations.

47. J’ai bien aimé la Marie-Antoinette de Sofia Coppola.

48. Je voulais remplacer cette phrase que je viens d’effacer par une autre qui vient de m’échapper à l’instant (23:39, le 19).

49. À onze ans, avec un camarade qui s’appelait Pette nous avons passé l’année scolaire sur une carte de l’Afrique à préparer un grand périple en voiture ; c’était un tour complet, au plus proche des océans, ne tenant pas compte des situations politiques ni même géographiques. En terminale, un camarade qui s’appelait Moître ne cessait de répéter qu’après avoir passé ses diplômes il partirait pour un tour du monde : il est mort en prépa.

50. Je n’ai jamais fugué. Ma fille, si.

51. Ma mère va m’appeler dans cinq minutes pour la soupe. (Ma mère m’a appelé, comme d’hab rien n’est prêt : je chauffe vite fait des saucisses en plastique de supermarché et des haricots blancs. Ma mère fait la gueule parce qu’elle n’aime pas ça.) [Ici il faudrait une note pour expliquer pourquoi P n’est pas un goujat macho qui profite de sa vieille mère.]

52. Je ne vais pas tarder à terminer mes cartes de vœux. Aujourd’hui (19 février) j’en ai écrit une, je la posterai demain – peut-être.

53. La Random Thoughts de V est prémonitoire, non, ce n’est pas le mot juste : elle est anticipatrice : j’ai passé ma journée dans la paperasserie administrative en retard.

54. Je ne sais rien de mon aînée, rien, depuis des années…

55. J’espère qu’E pensera à moi à Venise, par exemple quand elle regardera les Tintoret de San Rocco ou les Carpaccio de Saint-Georges dei Schiavoni, ou la Vierge de Bellini de San Giovanni e Paolo. Peut-être que je n’y retournerai jamais. Voir par les yeux d’une ambassadrice que l’on chérit c’est bien aussi.

56. Je n’aime pas les gants. Sans gants déjà que j’ai du mal à gérer mes dix doigts dans mes deux mains sans casser un verre ou le cou du cochon d’Inde, alors ? Comment glisser son ticket de métro dans la fente prévue à cet effet par la Ratp ?

57. Encombré des objets des autres, je supporte de moins en moins les choses quelles qu’elles soient, sauf les livres. Ça tombe bien, « m’alléger, me dépouiller, réduire mon bagage à l’essentiel » coïncide tout à fait avec l’état de mes finances. (Je me souviens qu’à Saint-Georges un bonimenteur vendait à chaque marché deux ou trois services complets de limoges à des ménagères en vacances qui n’auraient jamais imaginé le matin qu’elles seraient à midi les ravies propriétaires de 5000 francs d’assiettes, de soucoupes, de coupes, de bols, de tasses, de plats, et encore des assiettes, des pots, une aiguière, une salière… (à développer))

58. On n’aime pas l’odeur de la cigarette des autres.

59. J’ai commencé à fumer à plus de cinquante ans. Officiellement j’ai arrêté. Officiellement, pour certaines personnes, je n’ai pas commencé. Non, plus sérieusement : j’arrête demain. Non, c’est vendredi demain ; samedi, encore une petite rue Racine. Après je me mets à boire. Mais non, enfin ! après c’est le printemps, tu va avoir un vélo neuf, lequel va de pair avec une vie saine. X t’attend en Saintonge, J compte sur toi pour le tour du Queyras, pense aux dénivelés (allez ! une petite Pelforth à chaque descente dans les vallées – il n’y a pas de Guinness dans le Queyras).

60. Je ne m’en fous pas.

61. Je ne sais plus l’âge que j’ai.

62. Pour mes anniversaires je ne veux rien.

63. Je ne suis pas triste, ce n’est pas du désabusement, non, je ne veux plus rien : mais j’aime offrir. En général à la date anniversaire je n’ai aucune idée, mais j’en ai en dehors, pour diverses personnes, même dont je ne suis pas proche ; alors je n’offre rien, par pudeur, ou par timidité.

64. L’été dernier je me suis laissé pousser les cheveux, j’avais l’air d’un fou (j’ai la photo). (J’ai pris une autre photo dans le miroir. Avant de rendre le pistolet à la police je me suis photographié avec l’arme braquée sur la tempe, le doigt sur la gâchette – la suite prouve que je n’ai pas appuyé dessus : le lendemain la charmante policière m’a engueulé parce que j’étais entré au commissariat avec l’arme chargée – qu’en savais-je moi, hein, qu’elle était chargée ?)

67. Je suis allé regarder dans mon journal : le 20 février 2002 : rien. Le 25 l’eau de la Seine a envahi les berges.

69. J’ai aperçu deux, trois cheveux blancs lorsque j’étais debout près de vous assise, cela m’a ému.

70. Je ne dirai rien. Vous ne m’avez pas répondu : est-ce que M a retrouvé R ?

71. Essayez donc les deux couleurs, et d’autres, oui essayez toutes les longueurs, toutes les formes, tous les styles, toutes les couleurs.

75-79. Oui, oui, oui.

80. Jeu égotiste plutôt. Mais est-ce un jeu ?

81. J’étais jeune et si ignorant que Françoise m’a dit : « Mais enfin, mon pauvre Patrick, les bas ça n’existe plus, on met des collants maintenant. »

82. M. JYP/PB a l’air plus au courant.

87. Je n’ai jamais reçu de cartes de Russie.

88. Râler (après ma mère), toute la sainte journée ; remords, tout le reste du temps. (Je me souviens que madame de V a écrit plusieurs fois un remord – sans s.)

89. Il n’y a que depuis facebook que je ne lis quasi plus les innocents, ainsi je suis zen.

90. Je n’ai pas encore trouver la bonne table, la bonne position, l’idéale pour lire, je ne désespère pas d’y arriver.

91. Ce qu’E appelle construction syntaxique foireuse est une construction syntaxique singulière, la seule juste, celle qui révèle le mouvement exact de la pensée.

92-93. Mais la vulgarité des uns est les mauvais goût des autres. Affinité : quand l’on a le même point de vue sur les vulgarités et les mauvais goûts.

94. Je n’ai pas de garde-robe. Mes habits sont dans les caisses. Je ne peux pas trop appeler des habits ce que j’ai hérité de droite ou de gauche. Je ne suis attaché qu’aux vieux pulls râpés qui ont vieilli comme des « vins vieux ».

98. Très beau.

100. Ah ! mes aînées auront-elles des remords ? Mais je ne veux pas qu’elles en soient malheureuses.

101. Pour moi madame Elion, née en 1911. Son nom a été effacé de l’annuaire il y a des années. (Cf 154).

102. […].

107. Je l’ai déjà dit : ce n’est pas vraiment un jeu, une méthode peut-être ?

108-110. Au service militaire je n’ai rien fait, rien, si bien réduit à l’état de plante, à l’état de minéral qu’ils m’ont renvoyé dans mes pénates. Le seul désir que j’ai exprimé là-bas ça a été de faire du parachutisme, ils m’ont regardé bouche bée, ne m’ont même pas répondu (genre : tiens y parle ce con). Plus tard R m’a proposé d’aller faire un saut à l’aérodrome (de Royan), ça coûtait je crois 500 francs. Nous avons préféré bavasser sur la plage. Je n’ai même jamais fait de saut à l’élastique (Jacques disait : je ne ferai pas de saut à l’élastique : je mourrai de crise cardiaque avant d’arriver en bas).

110. La première fois que j’ai fait de la moto c’était à Corfou : le garagiste n’avait pas de voiture, rien qu’une moto des années cinquante (sera développé).

111. Je n’aime pas les moteurs. J’aime la mécanique des vélos. Quant à aller vite, à bicyclette, sauf dans les descentes, on est responsable, on a la vitesse que l’on mérite.

117. Il était exclu qu’on coupe le sapin. Le voisin s’est plaint pendant des années, lui qui était photographe à Maison et jardins (ou Art et décoration), il avait peur de le prendre sur la tête ; mes parents n’ont jamais cédé, toujours le sapin est resté en majesté. Dès que la maison fut vendue, il a harcelé si bien les nouveau propriétaires que le sapin a été débité quelques mois plus tard (ils ont mis une piscine en plastique à la place).

118. Il faut que j’aille créer la Page James Oliver Curwood sur facebook.

119. Mon ami D est un citadin à l’esprit géométrique. Un jour il a épousé une dame qui avait une maison à la campagne. Il s’est attelé à la régularité des allées. Cela ne dépassait plus d’un millimètre, c’était en ordre. Mais trois jours plus tard, que voit-il ? scandale ! la révolte de la nature ! de minuscules brindilles, que dis-je ? d’infimes brins d’herbe dépassent. Il est retourné lire dans sa chaise longue. Je sais qu’il fait cela très bien.

120. Ici, depuis 2005, que je suis censé avoir pris les choses en mains, lentement le jardin se dégrade. Non. Non ! Il retourne à l’état de nature, exubérance. On le sent vivre. Et ce soir c’est la grande vie.

121. Déco. Je n’ai pas retrouvé le passage de RC.

122. […].

124. Cela me conviendrait tout à fait à condition que je sois accueilli seul de mon espèce sur l’autre planète. Certains diront que c’est beaucoup demander.

146. Ceux qui liront ceci. S’il y en a. Ce sera très bien. Tout, le moindre mot écrit du monde est précieux. Tout est enregistré.

147. Vanité : ah mais, je crois bien que si je voulais je pourrais arriver à faire cela avec Sigmund Freud.

149. Je me souviens de la voie lactée une nuit de juillet 1994 entre le Mézenc et le Meygal.

154. Il ne faut pas attendre.

160. À Cholet j’ai rêvé autour du lac de Ribou. Trente ans plus tard j’ai vainement cherché une tombe dans le vaste cimetière.

161. Sur Google image on en voit quelques-uns, mais sans doute une spécialiste nous dira que ce n’est pas cela du tout les vrais bébés pintades.

169. Une des histoires les plus lourdes de mon enfance, qui me meurtrit encore concerne mon frère et le père Noël. Avec mes enfants on n’a jamais parlé de père Noël (à développer).

185. On ne peut que se demander si l’on n’est pas un des trois. Le premier, non. Mais les deux autres, oui, oui et re-oui. Et facebook est plus facile que l’euthanasie : un clic suffit. J’ai déjà expérimenté avec mon aînée. Un clic, hop ! le père à la trappe, rejeté au néant. C’est un peu dur.

188-193. Rien à dire, que c’est touchant, émouvant. Si : que la littérature : c’est ça.

197. Tout lu et relu, avec ravissement.

198. A qui reviendra ma bibliothèque? Que va-t-elle devenir ? (Il s’imagine encore que ces enfants feront leur miel de ses bouquins poussiéreux et démodés.)

68. […].

70. Ce que j’aimerais c’est assister à mon enterrement, non pas du haut du clocher de l’église mais comme une petite souris qui s’insinue entre les allées. J’ai passé des minutes la semaine dernière à m’interroger sur ce que j’allais exiger (cérémonie, fleurs, musique, lectures), et à dresser la liste de ceux qui devraient être obligatoirement présents. Mais j’ai aussi compris que les dernières volontés n’étaient pas sacrés pour les « héritiers », qu’il ne fallait pas leur faire confiance.

73. Un jour j’ai parlé au téléphone avec Edwige Feuillère. Une cliente de la librairie achetait les livres d’art les plus chers et nous demandait de les envoyer à Edwige Feuillère. Celle-ci, un peu lasse de l’ardeur de sa «fan», a appelé pour nous dire d’arrêter les envois, elle a ajouté qu’elle avait les moyens de s’acheter des livres d’art toute seule quand bon lui semblait. Mais, réflexion faire, non, je n’ai pas parlé à Edwige Feuillère, c’est mon épouse qui l’a eu au téléphone.

74. Mon ami S n’aime rien tant que les beaux culs rebondis et les visages lisses de celles qui ont trente ans au moins de moins que lui ; ainsi, quand nous mirons (zyeutons) d’une terrasse les femmes qui passent sur les Champs-Élysées, nous disputons nous ; il est impossible qu’il comprenne (ressente) la beauté des femmes de son âge, la beauté intérieure, la souveraineté des vivantes cinquantenaires. Comme il dit, « c’est bien, entre nous, y a pas de concurrence » (le monde libéral l’a contaminé).

83. A part E, il n’y a plus grand monde qui va au confessionnal.

84-85. Entre toutes les perversités, tous les sacrilèges qui nous écœurent, celui-ci paraît anodin. Qu’elles ne vendent que leur cheveux ! Les cliniques vendent bien les placentas ! (Tout ça un peu triste.)

87. Oui bon sang, mais personne jamais ne m’a écrit de Russie. Pourquoi m’avoir fait ça à moi alors qu’il y en a tant (de « gens ») qui ont reçu des courriers, qui même y sont allés, qui n’en avaient que faire.

96. Mardi dix, 22 heures cinq.

98. Je ne pense pas que les Random Thoughts ressemblent à des Je me souviens. Je me souviens se voulait être un florilège de pensées communes datées, les Random Thoughts plongent dans la singularité de sa vie personnelle.

98-99. Bergson, Proust, Stendhal.

100. Je ne veux pas revenir sur ce sujet, mais je suis avec lui.

102. […].

104. Je me souviens que Sagan avait eu un accident parce qu’elle conduisait pieds nus.

105. Je me souviens que le mari de X a eu un accident. Il s’est éjecté de son Mirage. On l’a recasé dans les avions-cargos.

109. L’essentiel est de n’avoir pas oublier son ticket pour le renvoyer à qui de droit.

110, 112. J’ai écrit l’histoire autour de l’aérodrome de Royan il y a longtemps.

122, 126. Là est le passage difficile : comment rebondir ?

163. Quand on a vieilli on a toujours un souvenir de quelque part. Périgueux : Saint-Front, Michelle. Michelle nous entraîne à Genève, ou à Nohant. Strasbourg : dormir sur un banc dans la petite France (est-ce le nom ? Strasbourg doit être la grande ville de France que je connais le moins). Mais de ce banc on peut passer à l’armée, via un autre banc, ou à W, mais de là on tire trop de fils, on tire presque tous les fils. Ainsi des pensées erratiques on bâtit une autobiographie plus que complète (rabâcheuse).

160, 161, 166. il y a des Je me souviens.

162. C’est peu agréable à avouer, mais il faut reconnaître que moi qui dis toujours que ceux de la banlieue sont sans patrie, sans racines, si j’ai une origine c’est N. Quand on est de N 1) on est de nulle part 2) on n’en sortira jamais.

175. Ravi de vous entendre : interdire le pantalon aux femmes. Mais tout passe, mais peut-être que la mode va passer. A moins que la marche vers la fonctionnalité implique le pantalon (et la djellabah à l’intérieur – en ce moment c’est plutôt le jogging informe).

176. (Ici écrire un millier de pages pour ne pas débrouiller la question.)

178. Tous les prêtres de mon enfance étaient en soutane.

179. Après le catéchisme, j’allais dans la bibliothèque paroissiale, et c’est là que j’ai découvert et lu les explorateurs des pôles (Amundsen, Scott, Charcot). A la bibliothèque municipale je réclamais des « Signes de piste ». N était une municipalité communiste, et toutes les bibliothécaires étaient inscrites au parti, et l’une m’a dit en catimini, gentiment, comme en s’excusant : « Nous n’en avons pas beaucoup. » Plus tard, à seize ans, j’y ai lu tout le théâtre de Brecht. J’y croisais une petite brunette qui n’était pas dans ma classe mais dans celle d’à côté (pas scientifique mais littéraire), qui me courtisait sans que je m’en aperçoive (on ne comprend ces choses que bien plus tard, trop tard). Quand je l’ai croisée bien des années après je ne l’ai pas reconnue ; elle venait de divorcer après une expérience ratée en Hollande et elle me courtisait toujours. Je l’ai revue une autre fois, elle vendait les billets au musée Picasso que je visitais avec mon aînée. Encore une fois je ne l’ai pas reconnue, c’était pourtant une très jolie femme. (Je ne me demande pas si elle est sur facebook parce que son prénom et son nom me sont complètement sortis de l’esprit.

180. Le chat s’appelle Gustave Jung.

181. Au seul bal costumé auquel j’ai participé, j’avais mis une djellabah et m’étais maquillé outrancièrement, si bien que j’avais l’air d’une folle homo. Cela se passait dans l’appartement où M a fini ses jours.

183. Après avoir lu une biographie de Balzac, j’ai inventé une histoire : je me suis dit que, Guy des Cars était le Balzac de notre temps que l’on ne découvrirait qu’après sa mort. (Un jour j’ai essayé de le lire : je n’ai pas tourné la première page. En ce moment ils rééditent ses œuvres complètes, que l’on peut trouver dans tous les relais H.)

184. Libraire, ça maintient les muscles des jambes en bonne forme. Et les muscles des bras si vous portez les caisses. Dans les grandes librairies les vendeurs et vendeuses sont assez disproportionnés, puisque, tels les ouvriers à la chaîne de Charlie Chaplin, il n’exercent qu’une tâche, tout en jambes ou tout en bras, tout à porter des caisses ou tout à courir dans les rayons. Dans les petites librairies, multitâches, ils ont de parfaites proportions : ils se musclent les bras et fortifient leurs jambes. L’on voit que ce métier est admirable car, outre l’activité physique intense, il est fait constamment appel à leur mécanique intellectuelle : ils leur faut une mémoire sans faille pour retenir les titres de tous les ouvrages magnifiques qui passent pas leurs mains, et le soir ils dévorent la quantité infinie de chefs-d’œuvre qui paraissent chaque semaine afin d’en tirer la quintessence. Le libraire est un homme complet.

196. Le prochain nombre rond est mille.



1 commentaire:

  1. Si tu traines dans une librairie, je te conseille de lire les lettres (2) écrites par Raymond Cousse à Guy des Cars. Elles sont recueillies dans A bas la critique qui vient d'être réédité.
    C'est fort drôle.
    D'accord avec le 98
    Pascal Z.

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