1. Fini Madame
de, je préfère
l’autre ; ou alors Julietta : j’ai pensé à Alphonse Allais.
2. Je n’ai
jamais compris la fin de Plexus : « … avec la nostalgie de la Russie ».
3. De quoi
suis-je sorti ?
4. J’ai pensé
que celles que j’ai aimées je les aimerai toujours : ça complique – et ça
s’accumule.
5. I know the L
are my fatum, so I had to change for the M ?
6. Il me faut
respirer l’herbe mouillée chaque matin, marcher dans les sentiers humides, me
perdre en forêt.
7. Avis à la
population internetienne : je ne cherche plus personne – je les ai tous
retrouvés – sauf mes aînées.
8. Deux mois
trois enterrements : j’espère qu’il va y avoir une pause au printemps
prochain.
9. Royan est la
plus belle ville du monde, et sa cathédrale le chef-d’œuvre de l’architecture
du vingtième siècle : est-ce une raison pour y vivre ?
10. Un jour
incertain je me suis dit : et si je devenais uniate ?
11. J’ai essayé
de sortir de ma classe sociale, de ma banlieue les puissances infernales (ou
nos maîtres) m’ont renvoyé d’où je venais.
12. Mais les
obstinés ne se le tiennent pas pour dit.
13. « Ne
soyons pas comme eux. »
14. Trois fois
déjà j’ai répondu au questionnaire de Marcel Proust.
15.
Incipit : « ouah ! ouah ! ouah ! »
16.
Excipit : « oui oui oui »
17. Marcher respirer ;
lire écrire.
18 Dresser la
liste des lieux magiques sans en oublier un.
19. …
20. Ma première
fille et ma deuxième fille (daughters).
21. Faire du
vélo, battre la campagne, escalader, sillonner, aller retour, rêvasser sur le
chemin, écouter la musique des sphères (le son des clochettes des vaches), se
perdre dans les traverses, être marmotte une bonne fois, deviner dans le
lointain, ne pas se tromper de cible, se baigner dans les torrents où les
pierres coupent, monter la tente, démonter la tente, remonter la tente, tordre
ses chaussettes trempées, se dire que de Clapeyto jamais on atteindra Furfande,
poursuivre
22. « Hors
d’ici les querelleurs. »
23. Je préfère
devenir idiot (je veux devenir l’idiot), plutôt que ce qui parfois me pend au
nez : Stepane Trophimovitch.
24. Il m’arrive
de me dire ça y est, le monde est réenchanté.
25. Je n’aurai
plus jamais froid.
32. J’ai vu entrer
dans la salle d’attente du vétérinaire une femme monstrueuse. Elle était seule,
sans animal. Je n’ai d’abord pas compris ce qu’elle venait y faire, puis, mais
oui, mais bien sûr : elle venait pour elle !
33. Les moineaux,
merles et autres tourterelles, et les rares mésanges et rouge-gorge ont
définitivement disparu du jardin depuis que Sigmund et Gustave y flairent, y
courent, y chassent.
34. Sur le flanc
de la désirée.
35. Je me souviens
des sources de la Loire : ce peu profond ruisseau au fond d’un appentis
obscur !
36. Je voudrais
bien appartenir à la Loire.
37. Je n’ai jamais
vu de femme se caresser en public.
38. Dans ces
cas-là je resterais impassible. – Je ferais semblant de rester impassible.
39. Au lycée j’ai
toujours été trop sage.
40. CM montrait
chaque année à Jean les canards nouveau-nés de l’île Saint-Louis.
41. Il m’arrive
parfois, rarement, de savoir ce que je veux : en général, c’est
l’impossible.
42. Les blogs, les
manuscrits qu’on vous confie, les petits (ou grands) romans publiés par des
visages connus, il faut aimer leurs auteurs pour les lire.
43. Je suis
tellement inattentif, le nez en l’air, dans la lune, qu’à chaque fois que j’ai
croisé par hasard une connaissance il a fallu qu’il y ait à mes côtés quelqu’un
qui me le fasse remarquer, à moins que ce ne soit la connaissance en question
qui me reconnaisse et m’interpelle. Ainsi, par trois fois, avec trois personnes
différentes, en gravissant l’Acropole, j’ai rencontré des Parisiens que je
connaissais grâce à la personne qui m’accompagnait. J’y suis allé au moins deux
fois seul, je n’y ai jamais croisé qui que ce soit. Si je veux faire une
escapade secrète, incognito, je ne sais pas si ce sera à Athènes, mais je sais
que je ne m’approcherai pas du Parthénon – à propos, Pierre m’a dit qu’ils
étaient en train de le reconstruire à neuf ?
44. La seule fée
perdue que j’eusse espéré croiser et que je ne croiserai plus jamais dans cette
vie est morte au même endroit, en même temps, et dans les mêmes circonstances
que le type de la page 99 de l’Amour l’Automne. Celle que j’ai croisée était
inespérée.
45. « Rien
n’est grave sauf la mort », citation dont je suis peu sûr.
46. Je ne sais
pas. Je n’aime pas le mot bobard. Se dire que votre père vous soutient, qu’il
est là derrière votre épaule, est-ce une illusion ? Bon. Je n’aime pas les
mensonges, même et surtout les pieux, ni les consolations.
47. J’ai bien aimé
la Marie-Antoinette de Sofia Coppola.
48. Je voulais
remplacer cette phrase que je viens d’effacer par une autre qui vient de
m’échapper à l’instant (23:39, le 19).
49. À onze ans,
avec un camarade qui s’appelait Pette nous avons passé l’année scolaire sur une
carte de l’Afrique à préparer un grand périple en voiture ; c’était un
tour complet, au plus proche des océans, ne tenant pas compte des situations
politiques ni même géographiques. En terminale, un camarade qui s’appelait
Moître ne cessait de répéter qu’après avoir passé ses diplômes il partirait
pour un tour du monde : il est mort en prépa.
50. Je n’ai jamais
fugué. Ma fille, si.
51. Ma mère va
m’appeler dans cinq minutes pour la soupe. (Ma mère m’a appelé, comme d’hab
rien n’est prêt : je chauffe vite fait des saucisses en plastique de supermarché
et des haricots blancs. Ma mère fait la gueule parce qu’elle n’aime pas ça.)
[Ici il faudrait une note pour expliquer pourquoi P n’est pas un goujat macho
qui profite de sa vieille mère.]
52. Je ne vais pas
tarder à terminer mes cartes de vœux. Aujourd’hui (19 février) j’en ai écrit
une, je la posterai demain – peut-être.
53. La Random
Thoughts de V est prémonitoire, non, ce n’est pas le mot juste : elle est
anticipatrice : j’ai passé ma journée dans la paperasserie administrative
en retard.
54. Je ne sais
rien de mon aînée, rien, depuis des années…
55. J’espère qu’E
pensera à moi à Venise, par exemple quand elle regardera les Tintoret de San
Rocco ou les Carpaccio de Saint-Georges dei Schiavoni, ou la Vierge de Bellini
de San Giovanni e Paolo. Peut-être que je n’y retournerai jamais. Voir par les
yeux d’une ambassadrice que l’on chérit c’est bien aussi.
56. Je n’aime pas
les gants. Sans gants déjà que j’ai du mal à gérer mes dix doigts dans mes deux
mains sans casser un verre ou le cou du cochon d’Inde, alors ? Comment
glisser son ticket de métro dans la fente prévue à cet effet par la Ratp ?
57. Encombré des
objets des autres, je supporte de moins en moins les choses quelles qu’elles
soient, sauf les livres. Ça tombe bien, « m’alléger, me dépouiller,
réduire mon bagage à l’essentiel » coïncide tout à fait avec l’état de mes
finances. (Je me souviens qu’à Saint-Georges un bonimenteur vendait à chaque
marché deux ou trois services complets de limoges à des ménagères en vacances
qui n’auraient jamais imaginé le matin qu’elles seraient à midi les ravies
propriétaires de 5000 francs d’assiettes, de soucoupes, de coupes, de bols, de
tasses, de plats, et encore des assiettes, des pots, une aiguière, une salière… (à développer))
58. On n’aime pas
l’odeur de la cigarette des autres.
59. J’ai commencé
à fumer à plus de cinquante ans. Officiellement j’ai arrêté. Officiellement,
pour certaines personnes, je n’ai pas commencé. Non, plus sérieusement :
j’arrête demain. Non, c’est vendredi demain ; samedi, encore une petite
rue Racine. Après je me mets à boire. Mais non, enfin ! après c’est le
printemps, tu va avoir un vélo neuf, lequel va de pair avec une vie saine. X
t’attend en Saintonge, J compte sur toi pour le tour du Queyras, pense aux
dénivelés (allez ! une petite Pelforth à chaque descente dans les vallées
– il n’y a pas de Guinness dans le Queyras).
60. Je ne m’en
fous pas.
61. Je ne sais
plus l’âge que j’ai.
62. Pour mes
anniversaires je ne veux rien.
63. Je ne suis pas
triste, ce n’est pas du désabusement, non, je ne veux plus rien : mais
j’aime offrir. En général à la date anniversaire je n’ai aucune idée, mais j’en
ai en dehors, pour diverses personnes, même dont je ne suis pas proche ;
alors je n’offre rien, par pudeur, ou par timidité.
64. L’été dernier
je me suis laissé pousser les cheveux, j’avais l’air d’un fou (j’ai la photo).
(J’ai pris une autre photo dans le miroir. Avant de rendre le pistolet à la
police je me suis photographié avec l’arme braquée sur la tempe, le doigt sur
la gâchette – la suite prouve que je n’ai pas appuyé dessus : le lendemain
la charmante policière m’a engueulé parce que j’étais entré au commissariat
avec l’arme chargée – qu’en savais-je moi, hein, qu’elle était chargée ?)
67. Je suis allé
regarder dans mon journal : le 20 février 2002 : rien. Le 25 l’eau de
la Seine a envahi les berges.
69. J’ai aperçu
deux, trois cheveux blancs lorsque j’étais debout près de vous assise, cela m’a
ému.
70. Je ne dirai
rien. Vous ne m’avez pas répondu : est-ce que M a retrouvé R ?
71. Essayez donc
les deux couleurs, et d’autres, oui essayez toutes les longueurs, toutes les
formes, tous les styles, toutes les couleurs.
75-79. Oui, oui,
oui.
80. Jeu égotiste
plutôt. Mais est-ce un jeu ?
81. J’étais jeune
et si ignorant que Françoise m’a dit : « Mais enfin, mon pauvre Patrick,
les bas ça n’existe plus, on met des collants maintenant. »
82. M. JYP/PB a
l’air plus au courant.
87. Je n’ai jamais
reçu de cartes de Russie.
88. Râler (après
ma mère), toute la sainte journée ; remords, tout le reste du temps. (Je
me souviens que madame de V a écrit plusieurs fois un remord – sans s.)
89. Il n’y a que
depuis facebook que je ne lis quasi plus les innocents, ainsi je suis zen.
90. Je n’ai pas
encore trouver la bonne table, la bonne position, l’idéale pour lire, je ne
désespère pas d’y arriver.
91. Ce qu’E
appelle construction syntaxique foireuse est une construction syntaxique
singulière, la seule juste, celle qui révèle le mouvement exact de la pensée.
92-93. Mais la
vulgarité des uns est les mauvais goût des autres. Affinité : quand l’on a
le même point de vue sur les vulgarités et les mauvais goûts.
94. Je n’ai pas de
garde-robe. Mes habits sont dans les caisses. Je ne peux pas trop appeler des
habits ce que j’ai hérité de droite ou de gauche. Je ne suis attaché qu’aux
vieux pulls râpés qui ont vieilli comme des « vins vieux ».
98. Très beau.
100. Ah ! mes
aînées auront-elles des remords ? Mais je ne veux pas qu’elles en soient
malheureuses.
101. Pour moi
madame Elion, née en 1911. Son nom a été effacé de l’annuaire il y a des
années. (Cf 154).
102. […].
107. Je l’ai déjà
dit : ce n’est pas vraiment un jeu, une méthode peut-être ?
108-110. Au
service militaire je n’ai rien fait, rien, si bien réduit à l’état de plante, à
l’état de minéral qu’ils m’ont renvoyé dans mes pénates. Le seul désir que j’ai
exprimé là-bas ça a été de faire du parachutisme, ils m’ont regardé bouche bée,
ne m’ont même pas répondu (genre : tiens y parle ce con). Plus tard R m’a
proposé d’aller faire un saut à l’aérodrome (de Royan), ça coûtait je crois 500
francs. Nous avons préféré bavasser sur la plage. Je n’ai même jamais fait de
saut à l’élastique (Jacques disait : je ne ferai pas de saut à
l’élastique : je mourrai de crise cardiaque avant d’arriver en bas).
110. La première
fois que j’ai fait de la moto c’était à Corfou : le garagiste n’avait pas
de voiture, rien qu’une moto des années cinquante (sera développé).
111. Je n’aime pas
les moteurs. J’aime la mécanique des vélos. Quant à aller vite, à bicyclette,
sauf dans les descentes, on est responsable, on a la vitesse que l’on mérite.
117. Il était
exclu qu’on coupe le sapin. Le voisin s’est plaint pendant des années, lui qui
était photographe à Maison et jardins (ou Art et décoration), il avait peur de
le prendre sur la tête ; mes parents n’ont jamais cédé, toujours le sapin
est resté en majesté. Dès que la maison fut vendue, il a harcelé si bien les
nouveau propriétaires que le sapin a été débité quelques mois plus tard (ils
ont mis une piscine en plastique à la place).
118. Il faut que
j’aille créer la Page James Oliver Curwood sur facebook.
119. Mon ami D est
un citadin à l’esprit géométrique. Un jour il a épousé une dame qui avait une
maison à la campagne. Il s’est attelé à la régularité des allées. Cela ne
dépassait plus d’un millimètre, c’était en ordre. Mais trois jours plus tard,
que voit-il ? scandale ! la révolte de la nature ! de minuscules
brindilles, que dis-je ? d’infimes brins d’herbe dépassent. Il est
retourné lire dans sa chaise longue. Je sais qu’il fait cela très bien.
120. Ici, depuis
2005, que je suis censé avoir pris les choses en mains, lentement le jardin se
dégrade. Non. Non ! Il retourne à l’état de nature, exubérance. On le sent
vivre. Et ce soir c’est la grande vie.
121. Déco. Je n’ai
pas retrouvé le passage de RC.
122. […].
124. Cela me
conviendrait tout à fait à condition que je sois accueilli seul de mon espèce
sur l’autre planète. Certains diront que c’est beaucoup demander.
146. Ceux qui
liront ceci. S’il y en a. Ce sera très bien. Tout, le moindre mot écrit du
monde est précieux. Tout est enregistré.
147. Vanité :
ah mais, je crois bien que si je voulais je pourrais arriver à faire cela avec
Sigmund Freud.
149. Je me
souviens de la voie lactée une nuit de juillet 1994 entre le Mézenc et le
Meygal.
154. Il ne faut
pas attendre.
160. À Cholet j’ai
rêvé autour du lac de Ribou. Trente ans plus tard j’ai vainement cherché une
tombe dans le vaste cimetière.
161. Sur Google
image on en voit quelques-uns, mais sans doute une spécialiste nous dira que ce
n’est pas cela du tout les vrais bébés pintades.
169. Une des
histoires les plus lourdes de mon enfance, qui me meurtrit encore concerne mon
frère et le père Noël. Avec mes enfants on n’a jamais parlé de père Noël (à
développer).
185. On ne peut
que se demander si l’on n’est pas un des trois. Le premier, non. Mais les deux
autres, oui, oui et re-oui. Et facebook est plus facile que l’euthanasie :
un clic suffit. J’ai déjà expérimenté avec mon aînée. Un clic, hop ! le
père à la trappe, rejeté au néant. C’est un peu dur.
188-193. Rien à
dire, que c’est touchant, émouvant. Si : que la littérature : c’est
ça.
197. Tout lu et
relu, avec ravissement.
198. A qui
reviendra ma bibliothèque? Que va-t-elle devenir ? (Il s’imagine encore
que ces enfants feront leur miel de ses bouquins poussiéreux et démodés.)
68. […].
70. Ce que
j’aimerais c’est assister à mon enterrement, non pas du haut du clocher de l’église
mais comme une petite souris qui s’insinue entre les allées. J’ai passé des
minutes la semaine dernière à m’interroger sur ce que j’allais exiger
(cérémonie, fleurs, musique, lectures), et à dresser la liste de ceux qui
devraient être obligatoirement présents. Mais j’ai aussi compris que les
dernières volontés n’étaient pas sacrés pour les « héritiers », qu’il
ne fallait pas leur faire confiance.
73. Un jour j’ai
parlé au téléphone avec Edwige Feuillère. Une cliente de la librairie achetait
les livres d’art les plus chers et nous demandait de les envoyer à Edwige
Feuillère. Celle-ci, un peu lasse de l’ardeur de sa «fan», a appelé pour nous
dire d’arrêter les envois, elle a ajouté qu’elle avait les moyens de s’acheter
des livres d’art toute seule quand bon lui semblait. Mais, réflexion faire,
non, je n’ai pas parlé à Edwige Feuillère, c’est mon épouse qui l’a eu au téléphone.
74. Mon ami S
n’aime rien tant que les beaux culs rebondis et les visages lisses de celles
qui ont trente ans au moins de moins que lui ; ainsi, quand nous mirons
(zyeutons) d’une terrasse les femmes qui passent sur les Champs-Élysées, nous
disputons nous ; il est impossible qu’il comprenne (ressente) la beauté
des femmes de son âge, la beauté intérieure, la souveraineté des vivantes cinquantenaires.
Comme il dit, « c’est bien, entre nous, y a pas de concurrence » (le
monde libéral l’a contaminé).
83. A part E, il
n’y a plus grand monde qui va au confessionnal.
84-85. Entre
toutes les perversités, tous les sacrilèges qui nous écœurent, celui-ci paraît
anodin. Qu’elles ne vendent que leur cheveux ! Les cliniques vendent bien
les placentas ! (Tout ça un peu triste.)
87. Oui bon sang,
mais personne jamais ne m’a écrit de Russie. Pourquoi m’avoir fait ça à moi
alors qu’il y en a tant (de « gens ») qui ont reçu des courriers, qui
même y sont allés, qui n’en avaient que faire.
96. Mardi dix, 22
heures cinq.
98. Je ne pense
pas que les Random Thoughts ressemblent à des Je me souviens. Je me souviens se voulait être un florilège de pensées
communes datées, les Random Thoughts plongent dans la singularité de sa vie
personnelle.
98-99. Bergson,
Proust, Stendhal.
100. Je ne veux
pas revenir sur ce sujet, mais je suis avec lui.
102. […].
104. Je me
souviens que Sagan avait eu un accident parce qu’elle conduisait pieds nus.
105. Je me
souviens que le mari de X a eu un accident. Il s’est éjecté de son Mirage. On
l’a recasé dans les avions-cargos.
109. L’essentiel
est de n’avoir pas oublier son ticket pour le renvoyer à qui de droit.
110, 112. J’ai
écrit l’histoire autour de l’aérodrome de Royan il y a longtemps.
122, 126. Là est
le passage difficile : comment rebondir ?
163. Quand on a
vieilli on a toujours un souvenir de quelque part. Périgueux :
Saint-Front, Michelle. Michelle nous entraîne à Genève, ou à Nohant.
Strasbourg : dormir sur un banc dans la petite France (est-ce le
nom ? Strasbourg doit être la grande ville de France que je connais le
moins). Mais de ce banc on peut passer à l’armée, via un autre banc, ou à W,
mais de là on tire trop de fils, on tire presque tous les fils. Ainsi des pensées
erratiques on bâtit une autobiographie plus que complète (rabâcheuse).
160, 161, 166. il
y a des Je me souviens.
162. C’est peu
agréable à avouer, mais il faut reconnaître que moi qui dis toujours que ceux
de la banlieue sont sans patrie, sans racines, si j’ai une origine c’est N.
Quand on est de N 1) on est de nulle part 2) on n’en sortira jamais.
175. Ravi de vous
entendre : interdire le pantalon aux femmes. Mais tout passe, mais peut-être
que la mode va passer. A moins que la marche vers la fonctionnalité implique le
pantalon (et la djellabah à l’intérieur – en ce moment c’est plutôt le jogging
informe).
176. (Ici écrire
un millier de pages pour ne pas débrouiller la question.)
178. Tous les
prêtres de mon enfance étaient en soutane.
179. Après le
catéchisme, j’allais dans la bibliothèque paroissiale, et c’est là que j’ai
découvert et lu les explorateurs des pôles (Amundsen, Scott, Charcot). A la
bibliothèque municipale je réclamais des « Signes de piste ». N était
une municipalité communiste, et toutes les bibliothécaires étaient inscrites au
parti, et l’une m’a dit en catimini, gentiment, comme en s’excusant :
« Nous n’en avons pas beaucoup. » Plus tard, à seize ans, j’y ai lu
tout le théâtre de Brecht. J’y croisais une petite brunette qui n’était pas
dans ma classe mais dans celle d’à côté (pas scientifique mais littéraire), qui
me courtisait sans que je m’en aperçoive (on ne comprend ces choses que bien
plus tard, trop tard). Quand je l’ai croisée bien des années après je ne l’ai
pas reconnue ; elle venait de divorcer après une expérience ratée en Hollande
et elle me courtisait toujours. Je l’ai revue une autre fois, elle vendait les
billets au musée Picasso que je visitais avec mon aînée. Encore une fois je ne
l’ai pas reconnue, c’était pourtant une très jolie femme. (Je ne me demande pas
si elle est sur facebook parce que son prénom et son nom me sont complètement
sortis de l’esprit.
180. Le chat
s’appelle Gustave Jung.
181. Au seul bal
costumé auquel j’ai participé, j’avais mis une djellabah et m’étais maquillé
outrancièrement, si bien que j’avais l’air d’une folle homo. Cela se passait
dans l’appartement où M a fini ses jours.
183. Après avoir
lu une biographie de Balzac, j’ai inventé une histoire : je me suis dit
que, Guy des Cars était le Balzac de notre temps que l’on ne découvrirait
qu’après sa mort. (Un jour j’ai essayé de le lire : je n’ai pas tourné la
première page. En ce moment ils rééditent ses œuvres complètes, que l’on peut
trouver dans tous les relais H.)
184. Libraire, ça
maintient les muscles des jambes en bonne forme. Et les muscles des bras si
vous portez les caisses. Dans les grandes librairies les vendeurs et vendeuses
sont assez disproportionnés, puisque, tels les ouvriers à la chaîne de Charlie
Chaplin, il n’exercent qu’une tâche, tout en jambes ou tout en bras, tout à
porter des caisses ou tout à courir dans les rayons. Dans les petites
librairies, multitâches, ils ont de parfaites proportions : ils se musclent
les bras et fortifient leurs jambes. L’on voit que ce métier est admirable car,
outre l’activité physique intense, il est fait constamment appel à leur
mécanique intellectuelle : ils leur faut une mémoire sans faille pour
retenir les titres de tous les ouvrages magnifiques qui passent pas leurs
mains, et le soir ils dévorent la quantité infinie de chefs-d’œuvre qui
paraissent chaque semaine afin d’en tirer la quintessence. Le libraire est un
homme complet.
196. Le
prochain nombre rond est mille.
Si tu traines dans une librairie, je te conseille de lire les lettres (2) écrites par Raymond Cousse à Guy des Cars. Elles sont recueillies dans A bas la critique qui vient d'être réédité.
RépondreSupprimerC'est fort drôle.
D'accord avec le 98
Pascal Z.