Mimi a 94 ans. Elle marche une heure chaque jour, à pas
vifs. Elle va au bridge trois fois par semaine. Quand elle rend visite à
l’hôpital à ses amies qui sont beaucoup plus jeunes qu’elle, elle refuse de
prendre l’ascenseur et monte les escaliers sans souffler. Ces jours derniers
elle fait les courses pour une voisine qui a la grippe et dix ans de moins
qu’elle.
Elle va à la messe:
«Je n’ai pas communié depuis ma première communion.
Manger un bout de pain, ça n’a pas d’intérêt.
— Et puis vous êtes divorcée.
— Oui. le premier je l’avais trompé, vous comprenez, il
était militaire, il n’était jamais là.
— Donc divorcée et remariée vous n’avez pas le droit.
— Mais si j’ai le droit, mon premier mari était
protestant, je me suis mariée au temple la première fois.
— Et le deuxième mariage ?
— Ah oui ! à l’Église. Alors j’ai le droit.
— C’est pas un peu de la triche?»
J’ai écrit ce texte il y a deux ans. Je passe devant
sa maison quatre fois par jour. Je n’ose pas sonner à la porte: depuis quelques
semaines les volets restent clos.
Déc 13: Je viens d’apprendre qu’elle est morte.
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