Ma grand-mère n’allait jamais à la messe. Mais le dimanche
des Rameaux elle exigeait son buis. Elle fichait les petites branches entre le
corps du christ et le bois du crucifix qui était cloué au-dessus de son lit. Le
rôle de ce buis était de la protéger toute l’année à venir, jusqu’aux Pâques
suivantes. Au bout d’un an, il perdait ses petites feuilles racornies, on le
mettait à la poubelle comme si, du coup, il avait perdu ses vertus
apotropaïques. J’étais chargé de ramener de la messe le nouveau buis. Elle
exigeait qu’il soit béni, elle aurait voulu que je lui jure qu’il avait bien
été béni par le curé. Très vite j’ai un peu méprisé cette superstition, mais je
n’allais pas mentir sur un pareil sujet, ç’eût été sacrilège: je
veillais donc bien chaque année à la bénédiction du buis de “mémé”.
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