mardi 3 avril 2012

Docteur en médecine


« Recette pour faire un docteur en médecine. Grande procession de docteurs habillés de rouge, avec des toques noires; dix violons jouent des airs de Lully. Le professeur s’assied, fait signe aux violons qu’il veut parler, et qu’ils aient à se taire; se lève, commence son discours par l’éloge de ses confrères, et le termine par une diatribe contre les innovations et la circulation du sang. Il se rassied. Les violons recommencent. Le récipiendaire prend la parole, complimente le chancelier, complimente les professeurs, complimente l’académie. Encore des violons. Le président saisit un bonnet qu’un huissier porte au bout d’un bâton, et qui a suivi processionnellement la cérémonie, coiffe le nouveau docteur, lui met au doigt un anneau, lui serre les reins d’une chaîne d’or, et le prie poliment de s’asseoir. Tout cela m’a fort peu édifié.»


John Locke, Montpellier, 18 mars 1676


jeudi 26 janvier 2012

Autour de Flaubert


«Une exégèse complète des matériaux réels utilisés par Flaubert n'est pas seulement impossible; elle serait si étendue qu'elle occuperait des générations de limiers: quand on commence à suivre à la trace les sources d'une fiction, on découvre que chaque source renvoie à d'autres et celles-ci à leur tour à d'autres, de sorte que l'ensemble débouche, tôt ou tard, sur l'histoire totale des hommes.» 
Vargas Llosa, L’Orgie perpétuellepage 90.


«au sujet de ses sources un auteur en général en sait moins que ses exégètes»
Vargas Llosa, page 103.


«Il n’y a pas de désillusion qui fasse souffrir comme une dent gâtée, ni de propos inepte qui m’agace autant qu’une porte grinçante, et c’est pour cela que la phrase de la meilleur intention rate son effet, dès qu’il s’y trouve une assonance ou un pli grammatical»
Flaubert, lettre à Louise Colet, 19 février 1854.


«J’ai bien vu le père Roger passer dans la rue avec sa redingote et son chien. Pauvre bonhomme!… Comme il se doute peu! As-tu songé quelquefois à cette quantité d’hommes qui ont des maîtresses, à tous ces ménages sous d’autres ménages? Que de mensonges cela suppose! Que de manœuvres et de trahisons, et de larmes et d’angoisses!»
Flaubert, lettre à Louise Colet, 23 décembre 1853.


«Crie, blasphème, ravage et tue. La douleur s’apaise avec du sang et puisque tu ne peux assouvir ton amour, gorge ta haine, elle te soutiendra»
Flaubert, Salammbô, page 112.


lundi 21 février 2011

Nanterre, le PC et moi


À douze ans, à la bibliothèque municipale, je réclamais des «Signes de piste». L’une des bibliothécaires (toutes inscrites au parti, selon la rumeur), genre dame à tricoter des pulls, m’a répondu d’une voix douce, maternelle, franchement désolée: «Nous n’en avons pas beaucoup…»
À seize ans, j’avais grandi. J’ai voulu lire des pièces de Bertolt Brecht. Je savais chercher dans la bibliothèque désormais sans demander aux dames bibliothécaires. Cette fois il n’y eut pas de problème: elles avaient le théâtre complet. J’ai tout lu. Mon éducation marxiste, en gros, s’est arrêtée là.

À Nanterre l’affichage était la grande affaire.
On avait l’impression que les employés municipaux étaient exclusivement payés pour gratter les murs, ou pour recouvrir avec les affiches du Parti les affiches de toute autre opinion, et surtout si cette opinion était de gauche. Une affiche politique qui n’était pas du PCF avait une durée de vie qui n’excédait pas vingt-quatre heures. (Mais en période électorale, les affiches de tous les partis apposées sur les panneaux officiels étaient rigoureusement respectées. Aujourd’hui ces affiches sont souvent maculées — par vandalisme gratuit.)

L’affichage politique à Nanterre a évolué, il a suivi les tribulations de la politique en France.
Avant mai 68, le combat est gagné d’avance contre les affichettes timides, collées en catimini, de l’UNR (le parti gaulliste). Après mai, la lutte est devenue intense, plus difficile et plus virulente, contre les affichettes des gauchistes, très nombreuses, plus anarchiquement réparties, mais qu’il fallait bien plus que les affiches de la droite masquer le plus vite possible, à tout prix. Combat de Sisyphe, les gauchistes étaient nombreux, divers, actifs, tenaces, et sans arrêt leurs affiches réapparaissaient, en des endroits les plus improbables, car ils étaient plus jeunes et plus vifs que leurs adversaires vieillissants. Et il fallait recommencer à gratter, à masquer, à recouvrir, à coller et recoller. Mais nos employés municipaux avaient encore un semblant d’énergie. Celle-ci s’éroda peu à peu en même temps que les scores aux élections et les cotisations au Parti.
Enfin il y eut le jour terrible, dans les années quatre-vingt, ou au début des années quatre-vingt-dix, le jour où je découvris ahuri, éberlué, une affiche du Front national qui n’avait pas été recouverte. Les employés étaient débordés ou ils avaient perdu la foi, en tout cas, ils ne pouvaient plus suivre le rythme de l’affichage sauvage. Je compris ce jour-là que c’était la fin d’une époque.

Je terminerai pas deux anecdotes qui sont restées bien gravées dans ma mémoire.
Georgette Gorse, réputée ancienne secrétaire de Maurice Thorez, grande amie de ma mère, tenait le café d’en face. Au premier étage, sur un mur aveugle elle avait eu l’idée d’accueillir un grand panneau publicitaire 3X4 mètres, ce qui était assez saugrenu car la rue était étroite et il n’y avait pas beaucoup de recul pour le lire, sauf pour nous de la fenêtre de la chambre de mes parents, d’où nous ne voyions que cette immense affiche qui avait remplacée un mur lépreux. Aux élections présidentielles de 1965 on vit un matin apparaître le visage immense du général de Gaulle dans toute sa majesté — et sa morgue. Cela généra des débats toute la matinée sur les trottoirs de la rue Henri-Barbusse. Georgette entra dans une fureur si bien que la grande affiche ne resta en place que quelques heures. Elle ordonna aux publicitaires de la remplacer au plus vite par la réclame d’une marque de lessive.

Un matin de 1977 ou 1978, les habitants du vieux centre furent stupéfaits, sidérés. Toutes les plaques de la rue Maurice-Thorez — la rue principale, l’ancienne rue du Chemin-de-Fer, rebaptisée ainsi après la mort du glorieux «fils du peuple» — avaient été recouvertes pendant la nuit d’affichettes du même format, imitant parfaitement les couleurs bleues et vertes des plaques de rues, sur lesquelles on lisait l’inadmissible: «Rue Alexandre-Soljenitsyne». Et ce fut un amusement toute la matinée pour les badauds d’observer tous les employés municipaux mobilisés, perchés sur leurs escabeaux, munis de truelles grattantes adéquates, qui faisaient disparaître tout le long de la rue, au plus vite, les traces de cet attentat inédit. Quel travail!

À quatorze ans mon frère croyait que le mot «communiste» voulait dire «employé de la commune». Je dus lui expliquer qu’il y avait en France des communes où les employés municipaux n’étaient pas communistes.

L’avenue Joseph-Staline a été rebaptisée avenue Lénine en 1961.

vendredi 18 février 2011

Notre mère

«Notre mère, à laquelle nous pensons sans cesse depuis qu’elle nous a quittés, qui est présente en nous à tous les moments de notre vie, nous ne doutions pas de faire beaucoup pour elle, quand elle ne fut plus que cette vieille femme lourde, tourmentante et tourmentée, si nous lui donnions un mois de nos vacances. Nous n’aurions pas voulu vivre avec elle, et nous le lui laissions entendre; et si nous y avions été contraints, ce n’eût pas été sans gémir. Maintenant, si elle revenait, comme elle revient quelquefois la nuit dans mes songes, je serais de nouveau l’enfant assis sur un tabouret tout contre sa robe, et il me semble que le jour serait trop court, que je n’épuiserais pas le simple bonheur de la regarder.»
François Mauriac


mardi 15 février 2011

La joie de vivre


C’est un de ces moments d’exception au cours desquels la vie semble facile et permanente. On a la certitude savoureuse de retrouver intact le lendemain ce qui fait la félicité d’aujourd’hui. On oublie que chaque minute érosionne et que tout glisse, tout bascule, tout se modifie insensiblement mais définitivement. Oui, tout: la gueule des gens et celle des rues, la gueule du monde! Les âmes, les corps, les minéraux, les mers, les astres, tout fout le camp vers les abîmes, comme un torrent de pourriture plus pourrie, plus sanieuse, plus pestilentielle le lendemain que la veille! Déroute affreuse! Démantèlement profond! Lave horrible de l’univers qui coule, foutraille épaissie, aux flans du néant! Crevure persévérante! Agonie purulent! Fin qui n’en finit pas et qui pourtant un jour finit! L’aurons-nous assez charriée, misère de mes os, cette merdeuse dégradation de nous-mêmes! Coltinée avec une rare extase, comme une bannière dont la hampe serait un épieu qui s’enfonce dans notre nombril!
Gloire à Dieu! Vive Boussac! Amenez-moi des gonzesses et faites monter du vin frais!

San Antonio


mardi 26 octobre 2010

Benoît XVI

C'est un jour de désœuvrement, le pape s’ennuie. Alors il décide d'aller faire un tour avec sa papamobile. Il appelle son chauffeur. Et les voilà partis sur les routes.
À un moment donné le pape fait arrêter son chauffeur et lui confie:
«Écoutez, j'ai jamais conduit cette drôle de voiture, vous voulez pas me passer le volant?»
Aussitôt dit aussitôt fait. Et les voilà repartis le pape au volant. Le pape est peu habitué, il roule doucement puis peu à peu s'enhardit. Et le voilà qui fonce. Et le voilà qui ne respecte pas les limitations de vitesse.
«Après tout je suis le pape» se dit-il.
Il fonce de plus belle, puis il s'avise de brûler les feux rouges (pour le fun), enfin il prend joyeusement un sens interdit. Et là, paf! un carabinier l'arrête. Le flic est bien embêté, il réfléchit avant de décider d'appeler sa hiérarchie.
«Allô, allô, j'ai un problème, parce que là j'ai arrêté un client important.
— Ah oui, quel genre de client?
— euh… très important…
— un évêque?
— Non, non. Plus que ça. 
— un archevêque? 
— non, non… 
— Un cardinal alors?
— Non, non. Je ne sais pas. Mais un client important, très important, parce que, je vais vous dire, je ne sais pas qui c'est, mais il doit être super important parce que c'est le pape qui conduit sa voiture…»


mardi 29 juin 2010

Lettre de Dashiell Hammett à sa fille qui vient d’atteindre sa majorité


«Eh bien ce coup-ci, c’est cuit: je n’ai plus de petites filles. Ma famille est bourrée à craquer de femmes faites. Plus personne n’est obligé de me dire «oui, papa», et il n’y a plus de nez à moucher. Je me sens vieux et dépassé, mais à quoi bon sombrer dans la neurasthénie? Mieux vaut prendre la chose du bon côté et te souhaiter la bienvenue dans les rangs des grandes personnes. Je suis sûr que tu te plairas dans notre petit club. Comme tu t’en es sans doute déjà aperçue, ce monde adulte dans lequel tu viens d’entrer est un monde extrêmement distingué, peuplé de créatures pleines de bon sens, de maturité et de bonté – ainsi que la date inscrite sur leurs bulletins de naissance le prouve sans conteste. Ce que tu n’as peut-être pas encore remarqué, c’est que ces adultes sont tous vachement indépendants et qu’ils mènent leur barque tout seuls, n’ayant à compter sur les autres que pour le gîte, le couvert, l’habillement, la sécurité, le bonheur, l’amour, la vie et les cartes postales. Tu découvriras aussi sous peu que la différence principale (certains cyniques disent même que c’est la seule) entre un enfant et un adulte est que l’enfant est obligé de grandir par la force des choses, alors que l’adulte peut toujours s’en dispenser. Pourquoi grandirait-il, hein? Grand, il l’est déjà. Que veux-tu qu’il fasse de plus? Qu’il essaie d’égaler Dieu? Oui, tu seras ravie d’appartenir à notre petit club.»


Dashiell Hammett, La mort, c'est pour les poires,
correspondance traduite par Natalie Beunat, Allia




lundi 31 août 2009

FB août 2009


a ingurgité mille pages de Lucien Febvre.

enfin, un vrai matin de ciel pur.

… un ammo (???), quelque chose auquel je n’aurais jamais pensé qu’il aille avec mon style (ou l’inverse ?), une rose orange, deux outils de bien-être, une lampe magique. Plus quelques points cool et quelques moutons.

Ce matin j’avais dans mon escarcelle : une tortue chanceuse, un honda ex5 (???), une bière (bon, ça va), un ours en peluche avec rayons X, un écureuil Jedi, un fromage, un petit déjeuner, un baiser d’amour sous la pluie, un gros bisou sur l’arrière de la tête, un cheval sauvage, …

Patrick, dorénavant, refuse les bisous, les schmack-scmack et autres teddy bears que lui envoient ses «amis» garçons. Il n'accepte que les bières et alcools fort. Mais, radin, il ne remettra pas une nouvelle tournée.

a encore reçu : une image, un burger, un tigre (!), un verre d'absinthe. Il a accepté l'absinthe.

a lu Dans les années sordides.

«mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève? 
ÉLECTRE: Demande au mendiant. Il le sait. 
LE MENDIANT; Cela a un très beau nom, femme Narsès. Cela s'appelle l'aurore.» (Électre)

Horoscope: «Just as it seems that your emotions are flowing more freely today, something happens that catches you completely off guard. It's not that you are totally unaccustomed to sudden changes; it's just that you weren't expecting this one at all. There's no need to go back over the past to analyze what you could have done differently. Just react from your heart in real time to handle the current situation.»

a lu Le Clan des Ostendais.

Les Sept Samouraïs – Kurosawa
L'Évangile selon Saint-Matthieu – Pasolini
Une partie de campagne – Renoir
La Comtesse aux pieds nus (The Barefoot Contessa) – Mankiewicz
Laura – Preminger
Le Port de l'angoisse (To Have and Have Not) – Hawks
Breaking the Waves – Trier
La Maman et la putain – Eustache
Du côté d'Orouet – Rozier
La Splendeur des Amberson (The Magnificent Ambersons) – Welles
Le ciel peut attendre (Heaven Can Wait) – Lubitsch
Pierrot le fou – Godard
La Double Vie de Véronique - Kieslowski
Les Contes de la lune vague après la pluie – Mizoguchi
In the Mood for Love – Wong Kar-wai
La Poursuite infernale (My Darling Clementine) – Ford

Ce soir les grillons craquettent dans le terrain vague en face, un train de marchandise passe au loin, de céréales, sur la ligne que prenait Proust pour aller à Combray. Le rasta d'à côté est silencieux, il a dû aller faire son cirque à Palavas-les-Flots – ou Royan.

Herman Melville (1819-1891), Joseph Conrad (1857-1924), Anton Tchekhov (1860-1904), la triade sacrée.

aimerait savoir comment faire pour lire l'Histoire de l'architecture classique en France ou le Voyage du Niger au golfe de Guinée à côté d'une dame qui ne cesse de parler à un chat: «miaou, miaou, minet, minet»… une minute de silence relatif… et ça recommence: «minet, minet, miaou, miaou».
Send me some hearts!

«il est où le chat?» (c'est une citation).

«Rien n'est habitable plus de quinze jours», Gide, in Correspondances à trois voix.

a passé l'après-midi au soleil par trente degrés à lire Pierssens (Jean-Pierre Brisset) et les anagrammes de Saussure; inutile de vous décrire dans quel état de décomposition il est ce soir.

vendredi 31 juillet 2009

FB juillet 2009


a reçu Été.

est de retour.

a mangé un poisson.

a fait les courses au supermarché.

a promené Sigmund Freud.

déballe des caisses.

a retrouvé, entre autres, ses Nabokov (en ouvrant ses caisses).

never underestimates the power of laughter.

Rue Crémieux.

Saché.

Bon anniversaire ma Michelle. 

a lu Le Bonheur des petits poissons, de Simon Leys, 5 euros, qu'il recommande à ses amis.

a mangé un poisson, et redevient méchant.

va à la messe.

«Tout le bonheur des jours est dans leurs matinées» (c'est une citation)

«Le jour est déjà sur son déclin» (c'est une citation).

Les hommes qui se rasent rajeunissent d’un jour tous les matins (c'est une citation).

Ce midi : paella au champagne !

Les arènes d'Arles en cours de restauration.

J'ai fini Béatrix et je lis Des souvenirs.

a reçu une carte postale.



mardi 30 juin 2009

FB juin 2009



Service minimum : quelques moutons, quelques points cool, et au lit.

Daube : Mode de cuisson de certaines viandes mijotées à l’étouffée dans une marinade richement aromatisée (TLF).

Ce que je pense mon cher: ces gens-là, même s’ils ont entièrement raison, ont le formidable pouvoir de nous dégoûter des plus justes causes.

C’est sans doute avec un peu de tristesse que je vous dis ce qui suit, presque avec mélancolie : reprenez vos bagages tout de suite, c’est pas la peine d’attendre ; en 2011 vous les retrouveriez moisis : au PS, la consigne à bagages, comme leurs anciennes espérances, la bibliothèque un peu poussiéreuse comme les bustes des glorieux fondateurs, tout prend l’eau. Mais si vous avez besoin de volontaires pour écoper, avec la volonté du désespoir (modeste à vrai dire désespoir, on est un peu las de tout ça), ou plutôt avec amitié, je viendrai écoper avec vous. Mais il y a des navires vous savez… il vaut mieux écoper d’un œil, et de l’autre guetter l’île déserte et mystérieuse qui ne peut qu’apparaître à l’horizon et nous servir d’ultime recours. Sinon, dernières nouvelles : vous pouvez laisser vos bagages à la consigne, ça ne craint pas : il n’y a personne pour les garder, mais soyez sûr que personne ne vous les prendra, l’endroit est désert. (En fait, à l’instant j’étouffe de rire, non sans compatir. J’ai envoyé une sorte de message de sympathie à la dernière de mes amies qui est inscrite au PS : elle m’a répondu qu’elle avait voté pour une autre liste.)

Nancy Sinatra est ici le modèle indépassable de la «poupée». La vidéo est impeccable. la chanson et l’orchestration sont magiques. N’en rajoutons pas.

"You don’t have a soul. You are a Soul. You have a body."

P pense que c’est un crime contre l’esprit que ne pas assister au lever du soleil chaque matin du mois de juin.

Vous allez jusqu’à Vladivostock? Je trouve que vous n’avancez pas très vite. Est-ce une machine à vapeur? Avez-vous bien dormi? C’est bien intéressant ce petit voyage en direct.

À V : je vous savais fine mouche, je ne vous savais pas si machiavélienne (je n’ai pas dit machiavélique).

Sur facebook je n’ai que 23 "amis", dont deux de mes enfants, trois ou quatre personnes que je n’ai jamais rencontrées, le reste, j’aime à croire que ce sont de vrais amis auxquels on fait confiance.

«Le Continental Op est un personnage amoral et un maître de la supercherie dans l’exercice de sa profession.»

Je n’ai pas de sœur ; j’ai demandé plusieurs fois à votre mère : elle ne veut pas être ma sœur.

J’espère que vous êtes bien rentrée. Fin à pied un peu fastidieuse.

La comptine du pilulier : Nisis, plavix, céliprolol ; zanidip, riméldinine.

La comptine du 12 juin (sur l’air de «Orléans, Beaugency») : Marcheschi, Kandinsky ; RCC de Pli-eux ; Berio, Berio.

« L’Esprit Saint peut enfoncer les portes ouvertes… »

Alors je le note sur-le-champ dans mon recueil de citations.

La prochaine fois je regarderai, je suis sûr que ça va me plaire. C’est bêta, ce soir j’ai regardé les chansons d’amour… et il fallait que je souffle à ma mère : «ça c’est Gilbert Bécaud; et voilà Adamo…», elle ne se rappelait plus…

Tu sais ce n’était qu’un ami facebook qui s’est désinscrit. Et c’était prévisible. N’empêche que ça m’attriste.

Ne va pas trop loin dans tes effusions sentimentales, ou alors envoie-moi un ms privé: ici tout le monde nous lit. Mille baisers.

Ça peut être autre chose : 1. divertissement récréatif quand on passe toute sa journée à travailler sur son ordinateur. 2. on a beaucoup plus d’affinités avec certains amis qu’on y a rencontrés, pas par hasard, que ceux IRL.
… mais il ne deviennent vraiment "amis" que lorsqu’on les rencontre IRL. Quant aux Judas, pas besoin d’aller sur Internet pour en trouver, ça court les rues.

«Le roi de la pop est mort!
— Bon débarras.»

Oui, laissez-moi le temps de m’en remettre de ces années. Et je crois que les églogues, sibyllines, sont forcément du féminin.

P a rendez-vous avec sa Brésilienne préférée, son Italienne préférée et sa Russe préférée.


dimanche 31 mai 2009

FB mai 2009




J’efface pas

Patrick est rassuré: sa fille est rentrée saine et sauve du Teknival. Chez elle avant le départ de l’équipée, dans un angle du salon, elle avait stocké vingt packs de 24 canettes de bière premier prix. Non, dix. Un pack = 24 bières =>
dix packs = 240 bières.

Vous êtes bien gentils tous.

Mon cher, elle habite Montmorency. et à Montmorency il n’y a pas de livres. À Montmorency, il y a deux gros molosses. Ma chère, que quelqu’un est venu garder spécialement du Jura. Ne pas confondre avec le petit chienchien qui aime la poésie et la folâtre nature beauceronne. (Prochainement, photos des chiens.)
Lequel? Jammes ou James. Henry? faut pas exagérer, ce n’est qu’un chien; suivrait-il les méandres de la psychologie des personnages? Et puis je ne me vois pas lire Les Ailes de la colombe à voix haute les long des chemins forestiers.
C’est un peu long…

Patrick a reçu une carte postale.

Quand nous étions jeunes, le cinéma de Claude Sautet c’était notre bête noire. Pas plus tard qu’hier mon frère me dit: «Ça ne doit plus être regardable.» Je lui ai répondu que, au contraire, ça avait dû acquérir une sorte de charme désuet. (Mais, malin, j’ai bien pris garde de ne pas le regarder!)

«Soirée FB: je me connecte, je reçois et envoie des points cool, des cœurs et des moutons, je regarde qui est le nicest, le best looking, le best lovable, je clique sur un peu tout, j’écris trois mots dans mes mails, je vais prendre une douche et dîne.»

J’ai failli vous le dédier. Mais ce n’est pas votre Beauce. Et moi, comme je suppose les vrais Beaucerons, je déteste la Beauce. je préfère la Vendée et le Poitou, et surtout la Saintonge.

Patrick aime l’orage, le tonnerre et les éclairs, les ténèbres, le vent en bourrasque, la pluie battante, brusque courte, et l’étrange accalmie silencieuse qui suit.

Patrick a eu en cadeau une très belle image hier soir.

Patrick a lu La Mort du Vazir-Moukhtar, Le Lieutenant Kijé et Le Disgracié (Tynianov).

«Ce qu’on appelle la vallée de Montmorency n’est qu’un promontoire qui s’avance vers la vallée de la Seine et directement sur le dôme des Invalides» Stendhal

«Mais j’avais beau rester devant les aubépines à respirer, à porter devant ma pensée qui ne savait ce qu’elle devait en faire, à perdre, à retrouver leur invisible et fixe odeur, à m’unir au rythme qui jetait leurs fleurs, ici et là, avec une allégresse juvénile et à des intervalles inattendus comme certains intervalles musicaux, elles m’offraient indéfiniment le même charme avec une profusion inépuisable, mais sans me le laisser approfondir davantage, comme ces mélodies qu’on rejoue cent fois de suite sans descendre plus avant dans leur secret.» MP

La prochaine fois j’essaie une brabançonne.

Mes quatre filles sont belles.

«A notre vieillesse!»

«Tout d’un coup au détour d’une allée je ressentis une impression surnaturelle, délicieuse, comme si la nature était devenue solennelle et mystique comme une église et le printemps surnaturel comme une fête religieuse, je venais de reconnaître dans un arceau d’une haie les branches de cette aubépine que j’avais vue sur l’autel de la Vierge. » MP

«De ceux à qui le monde ne suffit pas: les saints, les conquérants, les poètes et tous les amateurs des livres» (Joseph Joubert, 26.10.1807).

Patrick a lu Jean-Michel Maulpoix commente «Choix de poèmes» de Paul Celan, sans avoir lu Choix de poèmes de Paul Celan.

Là il s’agit d’un livre entier, indépendant, au curieux titre du reste, que j’ai recopié entier; quel est le titre? le nom de l’auteur fait-il partie du titre?
Fellini Roma: quel est le titre? l’auteur est dans le titre?
En ce qui concerne, par exemple, Balzac dans la Pléiade, ou tout aussi bien Faulkner, je lis (ou survole) la préface après, et lis les notes à la file après, en me reportant si je l’ai oublié au texte qui devient par là une note de la note.

Les titres de la collection «Ecrivains de toujours» sont curieux. Exemple: Corneille par lui-même par Louis Herland. Faudrait savoir!
Sinon on a L’Histoire de la peinture en trois volumes, de Matthieu Bénezet, mais c’était un rigolo des années soixante. (Je l’ai vu référencé en «Arts» dans des catalogues.) C’était un volume sans art et sans histoire.

«Je me promettais alors de ne jamais rester un printemps sans aller les voir et de ne pas imiter la vie bête des grandes personnes qui vont se faire des visites au lieu d’aller voir les aubépines» MP.

A vendre, lot important d’ours en peluche: faire proposition.

A vendre pokes new-yorkais, par lot de cent (on ne fait pas au détail).

A vendre mouton – lancé une seule fois – bonne occasion.

A échanger mère, style «château en péril», contre liberté de mouvement.

A vendre: troupeau!

Ici, il n’y a que des «amis», donc vous comprendrez qu’il ne peut y avoir de favoritisme, que diraient les autres qui nous lisent?
Donc, ça se passe comme sur ebay: aux enchères les moutons!

Je suis drôlement fière: parmi mes amis, c’est moi qui ai le plus de moutons.

A priori le texte de Kuchelbecker n’a rien à voir avec les prétendus extraits cités par Tynianov. J’attends un lecteur qui sache le russe. Mais je suis capable de me fourvoyer complètement. 
Si l’on compare mes deux articles, l’on peut penser à ce film ou deux personnages dialoguent par le truchement d’un interprète. Le premier se lance dans un interminable discours, que l’interprète traduit en deux syllabes. le second répond en un mot, que l’interprète traduit pas des phrases interminables… (J’attends aussi qu’un lecteur me trouve le film.)

Je ne me souviens pas trop de ça dans Lost in translation: je ne suis pas sorti, j’ai dormi (en revanche j’ai bien aimé les Virgins). Je me demandais, un vieux film avec Bing Crosby, ou alors Pierre Dac?

Je ne suis pas fan de Romy Schneider, ni trop de Clouzot (hum… enfin…), mais ces quelques minutes de rush sont de purs… de purs quoi?… de purs joyaux de cinéma!

2009. J’y pensais l’autre jour en regardant une émission sur Arte à ce sujet. Finalement, hors nos joies (et peines personnelles), nous nés dans l’immédiate après-guerre, ça a bien été le 9 novembre 1989 le plus bel événement que nous avons vécu, le plus important, le plus joyeux, la divine surprise.

Patrick sent qu’il va être obligé de lire Béatrix.

J’vais m’coucher

Nota sérieux: il y a un livre extraordinaire (gros et cher), mais passionnant et incroyable: la correspondance Louÿs-Valéry-Gide… bon… c’est autre chose… 
Sinon: Dossier secret, Louÿs et Marie de Régnier, avec des photos de Marie toute nue.

Bilitis et Aphrodite, c’est tout à fait “camp”, le comble du “camp”. Trois filles c’est un peu comme les civilités. Dans la correspondance (d’où Gide disparaît assez vite, trop raisonnable pour ces deux déglingues que sont Valéry et Louÿs – car Valéry est aussi déglingue cf. le journal de Catherine Pozzi), il y a deux moments très forts: la rencontre extraordinaire de ces trois tout jeunes gens, puis bien plus tard la correspondance frénétique entre Louÿs et Valéry dans les années 18, jouissif! Pierre Louÿs était un pantin tragique. Remarquez, Valéry n’en est pas loin.

Je n’ai toujours pas de smileys pour vous répondre.

Si je comprends bien, tous les Français et Françaises ont une vie sexuelle bien remplie parce qu’ils savent dessiné la belle queue en tire-bouchon des cochons?

Paul Valéry est tout à fait un pantin tragique.

J’étais tranquillement en train de graver Adieu Philippine et Pierrot le Fou pour mon fils, quand soudain… mordu jusqu’à saigner par son beau-père!

Mes amis ne savaient pas que j’avais la gale… maintenant ils le savent.

Patrick est le gardien de sa mère.

«Alors je ne pourrai pas vous revoir. — Mais si, venez l’année prochaine. — Vous viendrez sûrement? — Oh! sûrement, c’est réglé, à partir du 15 mai vous nous trouverez, peut-être même un peu avant s’il fait beau. Nous ne bougerons pas d’ici. Donc, s’il fait un temps épouvantable, nous ne serons peut-être pas là avant le 20 mai, mais vous verrez bien vous-même. Oh! et puis si vous ne nous voyez pas nous saurons bien vous appeler, notre odeur ira bien vous chercher, vous faire signe, il y a quelqu’un qui vous attend par là. — En tout cas pas plus tard que le 20 mai. — Ah non, pas plus tard, nous sommes forcées d’être parties au commencement de juin, cela ne vaudrait plus la peine. — C’est que l’année prochaine je ne sais pas si je pourrai. — Ah! voilà… Mais si vous pouvez, tâchez, on sera toutes là, on s’amusera comme autrefois, vous verrez. » MP

Ah non! (mais peut-être ai-je tort de me sentir visé par l’allusion à l’allusion ci-dessus.) Il n’y a pas de second degré, cette photo d’un cochon du bord de Loire, en aval de Nantes, n’est que pour démontrer la taille des oreilles de l’animal. Je n’ai pas de photo de cochons avec la queue en tire-bouchon. Du reste, ça existe dans la nature? n’est-ce pas une légende pour petits citadins? 
Et puis ça change un peu des moutons.

Patrick prépare son sac. Entre le comptage des paires de chaussettes en fonction du nombre de jours, le choix des t-shirts, essayer de retrouver où est passé Balzac tome II, ne pas oublier le rasoir, le coupe-ongles, mettre à recharger le portable, l’autre p

La réponse est tellement évidente: un troupeau. Je vous vois bien en bergère dans la vallée de la Clarée ou pas loin du Parpaillon.

Oui… oui… ça très fort je l’ai… en somme c’est cela qui m’a amené à RC… et qui fait que j’aime tant certains textes de Julien Gracq. 
(En bergère vous seriez photogénique à ravir.)

«Pour celui qui ne veut pas être heureux, il n’a qu’à monter dans son grenier et il entendra, jusqu’au soir, siffler et gémir les naufrages. il n’a qu’à s’en aller dehors, sur la route, et le vent lui rabattra son foulard sur la bouche c

Patrick a lu Le Grand Meaulnes.

Patrick aimerait bien vivre en un lieu où il pourrait écouter du Ligeti à tue-tête sans que les autres habitants lui disent: «Arrête ton crin-crin.»

Encore deux photos, du 26 mai. Cette fois les aubépines n’ont plus de fleurs du tout, mais à leurs côtés d’autres arbustes ont fleuri.
Je n’y connais rien, mais: «Combien naïves et paysannes en comparaison sembleraient les églantines qui, dans quelques semaines, monteraient elles aussi en plein soleil le même chemin rustique, en la soie unie de leur corsage rougissant qu’un souffle défait» MP.

Je ne sais pas si c’est un pur chef-d’œuvre, bien décrié, mais pour moi c’est un livre magique, de bout en bout. 
2e partie, chapitre 12, page 192 de la bonne édition où je viens de le lire, une curieuse note: «ce chapitre est la frontière à laquelle se sont arrêtés bien des lecteurs, à commencer par Gide».

Patrick souhaiterait vivre en un lieu où il pourrait déclamer, proclamer, à voix forte et fausse, du Max Jacob sans qu’on le regarde bouche bée, avec des yeux de poisson, en menaçant de l’envoyer à Bonneval. (Quand j’étais petit c’était Charenton, plus tard Cadillac).

Dans ma famille, on n’était pas des bobos parisiens.

Quand j’entends Sainte-Anne je pense Lacan!

Patrick, toutes les après-midi, pratique les rêveries (ruminations) du promeneur solitaire (avec chien).

«Les pubs FB ne cessent de m’impressionner: “Obtenez un corps parfait maintenant, essayez-le gratuitement!”
— C’est en effet très impressionnant! j’essaye d’imaginer la chose.»

Patrick , chaque matin, avant de prendre son café, lance un mouton.

Pétard! Patrick est plus fort que M. Je viens de trouver ce qui n’allait pas. Donc, votre playlist, en haut à droite cliquer sur partager, puis copier le long code, puis le mettre dans l’application deezer de facebook, enregistrer, laisser mijoter cinq heures, à feu doux surtout, ajouter une gousse d’ail pour éloigner les fantômes, servir tiède nappé de violons pleurnichards, c’est bon.

«Je me demandais comment finissaient les fils de conversation: ou comme meurent les étoiles, par épuisement de leur énergie interne, ou en vertu de la mécanique des fluides, par frottements sur les bords. mais voici un fil qui sans doute va finir sur un beau point d’orgue de P.»

J’ai dormi en 232 lieux, et il faut cliquer à gauche sur le bas du deuxième ascenseur pour voir le sud-est. Impossible d’avoir une carte complète en une fois. Tous les lieux mentionnés sont certains, en revanche je n’ai pas mentionné des endroits dont je ne suis pas sûr. Ai-je dormi en telle ville en telle année?

«Pour me faire pardonner ma brutalité sur la S, je vous conseille de devenir “ami” avec Gunther. Une fois que cela sera fait, allez explorer ses photos. Suivez régulièrement ce qui se passe chez les autres, les liens déposés, etc, et quand quelqu’un vous “plaît” particulièrement (par ses goûts, ses recherches, etc) faites une demande d’“amitié”. C’est comme dans Tricks: dans Tricks on couche avant de se connaître, ici on devient amis pour faire connaissance. (Et il est toujours possible de supprimer un “ami” de sa liste: la personne n’est pas mise au courant, il faut qu’elle s’en aperçoive d’elle-même).»



jeudi 30 avril 2009

FB avril 2009

 

a lu L’Horloger d'Everton.

a lu Le Haut Mal.

a lu Les Cinq Paradoxes de la modernité. Il y a appris que la fin de la Modernité avait eu lieu le 15 juillet 1972 à 15 h 32. Il se doutait que ça s'était passé dans ces dates-là. Il est néanmoins étonné de ne pas en ressentir encore…

a lu Le Relais d’Alsace.

a lu Les Comédiens sans le savoir.

a reçu une carte postale.

«elle est ou la photo du chien tout pas beau?»

est en pleine déconfiture.

a reçu une carte postale.

laisse les débilités précédentes quelques heures, puis effacera tout. Il n'a pas honte des réponses, qui n'ont aucun sens, mais honte de les avoir faites.

Saint-Benoît.

a reçu une carte postale.

Contrairement à l'assertion de l'un des quizz bêtes que l’on trouve ci-dessous je n’habiterai pas dans le nord de la France. Et je cherche toujours un endroit où vivre. Une de mes amies m'a affirmé il y a quelque temps que là on s’y «amusait bien» ; mais peut-être ai-je confondu les Chabanais?

«Avez-vous lu l'intervention sur Mauriac dans le club (non) réactionnaire? Vous êtes bien plus qualifié que moi pour répondre!»

C'est le charme de votre jeunesse, à tous les deux. Incroyable mais faux; vous me confirmez que vous, et notre amie commune Elise êtes tombés dans ce piège de premier avril?

… en plus il est mort le premier avril.

a rajouté une chanson sur “Fatales”