mardi 15 février 2011

La joie de vivre


C’est un de ces moments d’exception au cours desquels la vie semble facile et permanente. On a la certitude savoureuse de retrouver intact le lendemain ce qui fait la félicité d’aujourd’hui. On oublie que chaque minute érosionne et que tout glisse, tout bascule, tout se modifie insensiblement mais définitivement. Oui, tout: la gueule des gens et celle des rues, la gueule du monde! Les âmes, les corps, les minéraux, les mers, les astres, tout fout le camp vers les abîmes, comme un torrent de pourriture plus pourrie, plus sanieuse, plus pestilentielle le lendemain que la veille! Déroute affreuse! Démantèlement profond! Lave horrible de l’univers qui coule, foutraille épaissie, aux flans du néant! Crevure persévérante! Agonie purulent! Fin qui n’en finit pas et qui pourtant un jour finit! L’aurons-nous assez charriée, misère de mes os, cette merdeuse dégradation de nous-mêmes! Coltinée avec une rare extase, comme une bannière dont la hampe serait un épieu qui s’enfonce dans notre nombril!
Gloire à Dieu! Vive Boussac! Amenez-moi des gonzesses et faites monter du vin frais!

San Antonio


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