Maman me répète une parole qui n’est pas d’elle mais de son rigolo de cardiologue: «C’est bien de mourir du cœur, c’est une mort propre, ce n’est pas comme le cancer.»
Elle m’a fait la comédie pour ne pas y aller jeudi après-midi, entre la bouderie et une colère rentrée; puis elle a été bien contente de voir un peu du monde extérieur.
Nous avions laissé Charles seul dans son grand fauteuil (il y a petit fauteuil et grand fauteuil, celui que l’on peut incliner). Au retour je jette un œil au salon, où il repose, calme; maman dans le hall en train de se déchausser me dit: «Il est toujours là machin?»
Nous
attendons tellement quelque chose, que quelque chose bouge, que
quelque chose change, que nous nous réjouissons presque quand D ne
se sent pas bien et doit aller à l’hôpital; nous
revivons, enfin un petit événement, enfin nous allons pouvoir agir
et exprimer nos sentiments nobles de compassion, d’amour, nous
allons pouvoir lui montrer que nous tenons à elle; et puis,
dans le cas de ma mère, cela présente le très important avantage
de lui faire oublier ses propres petits soucis. Je ne dis pas que
secrètement elle se réjouit de ces malheurs qui arrivent aux
autres.
Discours
prononcé à l’académie à l’occasion de la remise d’un prix
de vertu (il serait de Jules Simon, peut-être en 1876): […].
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