lundi 23 décembre 2013

Pont



Pierrette était une brune plantureuse.
Il n’y avait pas deux jours qu’elle était là qu’elle couchait dans son lit.
Anne-Marie qui dormait dans la même chambre avait rapporté à ma mère: Pierrette ne dormait plus dans la chambre des bonnes.

Il s’appelait du même prénom que Faustin.
J’étais très jeune, mais déjà à l’époque j’étais prêt à jurer qu’à part quelques bordels militaires du Sud-Algérien Pierrette était sa première femme.

Ça n’a pas duré longtemps.
Quatre jours, puis c’est Faustin lui-même qui a demandé à ma mère de renvoyer la nouvelle vendeuse.
Au reste, et pourtant Dieu sait que la boulangerie était dans une banlieue populaire, la saine vulgarité de Pierrette ne convenait pas à la clientèle.

Marie-Thérèse fut embauché, par une petite annonce dans La Presse de la Manche, comme d’habitude.

Quelques jours plus tard Faustin prit mon petit frère à part. Avec les doigts il lui attrapa le menton, le regarda les yeux dans les yeux et lui dit : «Pierrette! Pierrette! Elle n’a jamais existé!» Mon petit frère se le tint pour dit.

Elle avait des châteaux dans le Cotentin, il avait des propriétés dans le Languedoc.

Exactement comme dans le film que l’on connaît, ma mère attrapait le menton de Marie-Thérèse la regardait les yeux dans les yeux et lui demandait : «Marie-Thérèse, vous n’êtes pas enceinte?» «Non Madame», répondait celle-ci les yeux baissés.

Il fallut se marier. Mes parents furent les deux témoins. A-t-on seulement débouché une bouteille de Champagne ?

Puis il fallut rendre visite à la famille.
Il n’y avait pas de propriétés dans le Cotentin ni châteaux dans le Languedoc.

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