dimanche 25 novembre 2012

Deux femmes mystérieuses

Coïncidence, cohérence, et pourtant je ne pars jamais à la même minute, ce n’est pas mon genre, chaque dimanche matin je les découvre qui marchent devant moi dans l’avenue du maréchal Leclerc. Cette avenue, le dimanche, autour de neuf heures du matin, est très déserte. L’une, la plus petite, a les cheveux gris ou blanc, l’autre doit être bien plus jeune, plus grande, plus fine, elle a une chevelure rousse, et des jambes comme des allumettes. Elles sont toujours habillées de la même façon, pas élégantes, pas “classe”. Elles se donnent toujours le bras, serrées l’une contre l’autre. Je me suis demandé si c’étaient deux amies, la mère et la fille (le mari allant dans un café jouer au PMU), deux religieuses qui vivraient dans une hlm, formant une minuscule communauté avec deux ou trois autres, ou alors deux anges inconnus de tous, qui ne sont pas de notre Terre. Je fais un peu le stalker bienveillant, parce qu’elles ne marchent pas vite et que je suis obligé de ralentir mon allure pour ne pas les dépasser. Je ne les ai jamais vues de face. 




Je serais incapable de les reconnaître. Toujours elles prennent le même chemin. Il y a d’autres églises et d’autres cérémonies, à d’autres heures, plus proches de notre quartier que la cathédrale et sa messe de neuf heures. Mais justement cette messe est tôt, pratique si l’on a à faire après, cette messe est la seule qui est en grégorien, et cette messe a lieu dans un des plus beaux monuments de France. Je ne les ai jamais vues de face et, dans la cathédrale, jamais je ne m’aviserais de m’asseoir intentionnellement près d’elles. Elles sont très pieuses, avec un peu d’ostentation : agenouillements, etc. À la sortie elles repartent comme elles sont venues. Elles n’adressent jamais la parole à personne. Je les suis rarement alors. La filature de neuf heures est fortuite, celle de dix heures serait délibérée, et donc malvenue. Cependant il m’est arrivé, une des rares fois où je rentre aussitôt, de les retrouver le long du chemin. Au retour toujours elles prennent l’avenue du maréchal Patton, laquelle, à partir de la place Jeanne-d’Arc, s’écarte progressivement de l’avenue du maréchal Leclerc. J’en déduis logiquement qu’elles habitent pas loin de chez nous, entre les deux avenues. J’ai imaginé que c’était parce qu’elles allaient acheter leur pain à la boulangerie qui est à l’angle de notre rue qu’elles prenaient ce chemin au retour, mais ce n’est pas cela. Elles continuent tout droit. Je ne les jamais suivies jusqu’à chez elles. Et je ne les ai jamais croisées dans le quartier un autre jour de la semaine.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire