«Autrefois
l’homme n’avait qu’un corps et une âme. Aujourd’hui, il lui
faut en plus un passeport.»
«Avant
1914, la terre avait appartenu à tous les hommes. Chacun allait où
il voulait et y demeurait aussi longtemps qu’il lui plaisait. Il
n’y avait point de permissions, point d’autorisations, et je
m’amuse toujours de l’étonnement des jeunes quand je leur
raconte qu’avant 1914 je voyageais en Inde et en Amérique sans
posséder de passeport, sans même en avoir jamais vu un. On montait
dans le train, on en descendait sans rien demander, sans qu’on vous
demandât rien, on n’avait pas à remplir une seule de ces mille
formules et déclarations qui sont aujourd’hui exigées. Il n’y
avait pas de permis, pas de visas, pas de mesures tracassières, ces
mêmes frontières qui, avec leurs douaniers, leur police, leurs
postes de gendarmerie, sont transformées en un système d’obstacles
ne représentaient rien que des lignes symboliques qu’on traversait
avec autant d’insouciance que le méridien de Greenwich.»
Stefan
Zweig, Le Monde d’hier
«Je
suis si affady apres la liberté, que qui me deffendroit l’accez de
quelque coin des Indes, j’en vivrois aucunement plus mal à mon
aise.»
Montaigne,
Essais, Livre III, 13, De l’expérience