J’efface pas
Patrick est rassuré: sa fille est rentrée saine et sauve du Teknival.
Chez elle avant le départ de l’équipée, dans un angle du salon, elle avait
stocké vingt packs de 24 canettes de bière premier prix. Non, dix. Un pack = 24
bières =>
dix packs = 240 bières.
Vous êtes bien gentils tous.
Mon cher, elle habite Montmorency. et à Montmorency il n’y a pas de
livres. À Montmorency, il y a deux gros molosses. Ma chère, que quelqu’un est
venu garder spécialement du Jura. Ne pas confondre avec le petit chienchien qui
aime la poésie et la folâtre nature beauceronne. (Prochainement, photos des
chiens.)
Lequel? Jammes ou James. Henry? faut pas exagérer, ce n’est qu’un
chien; suivrait-il les méandres de la psychologie des personnages? Et puis je
ne me vois pas lire Les Ailes de la colombe à voix haute les long des chemins forestiers.
C’est un peu long…
Patrick a reçu une carte postale.
Quand nous étions jeunes, le cinéma de Claude Sautet c’était notre
bête noire. Pas plus tard qu’hier mon frère me dit: «Ça ne doit plus être
regardable.» Je lui ai répondu que, au contraire, ça avait dû acquérir une
sorte de charme désuet. (Mais, malin, j’ai bien pris garde de ne pas le
regarder!)
«Soirée FB: je me connecte, je reçois et envoie des points cool, des
cœurs et des moutons, je regarde qui est le nicest, le best looking, le best
lovable, je clique sur un peu tout, j’écris trois mots dans mes mails, je vais
prendre une douche et dîne.»
J’ai failli vous le dédier. Mais ce n’est pas votre Beauce. Et moi,
comme je suppose les vrais Beaucerons, je déteste la Beauce. je préfère la
Vendée et le Poitou, et surtout la Saintonge.
Patrick aime l’orage, le tonnerre et les éclairs, les ténèbres, le
vent en bourrasque, la pluie battante, brusque courte, et l’étrange accalmie
silencieuse qui suit.
Patrick a eu en cadeau une très belle image hier soir.
Patrick a lu La Mort du Vazir-Moukhtar, Le Lieutenant Kijé et Le Disgracié (Tynianov).
«Ce qu’on appelle la vallée de Montmorency n’est qu’un promontoire qui
s’avance vers la vallée de la Seine et directement sur le dôme des Invalides»
Stendhal
«Mais j’avais beau rester devant les aubépines à respirer, à porter
devant ma pensée qui ne savait ce qu’elle devait en faire, à perdre, à
retrouver leur invisible et fixe odeur, à m’unir au rythme qui jetait leurs
fleurs, ici et là, avec une allégresse juvénile et à des intervalles inattendus
comme certains intervalles musicaux, elles m’offraient indéfiniment le même
charme avec une profusion inépuisable, mais sans me le laisser approfondir
davantage, comme ces mélodies qu’on rejoue cent fois de suite sans descendre
plus avant dans leur secret.» MP
La prochaine fois j’essaie une brabançonne.
Mes quatre filles sont belles.
«A notre vieillesse!»
«Tout d’un coup au détour d’une allée je ressentis une impression
surnaturelle, délicieuse, comme si la nature était devenue solennelle et
mystique comme une église et le printemps surnaturel comme une fête religieuse,
je venais de reconnaître dans un arceau d’une haie les branches de cette
aubépine que j’avais vue sur l’autel de la Vierge. » MP
«De ceux à qui le monde ne suffit pas: les saints, les conquérants,
les poètes et tous les amateurs des livres» (Joseph Joubert, 26.10.1807).
Patrick a lu Jean-Michel Maulpoix commente «Choix de poèmes» de
Paul Celan, sans avoir lu Choix
de poèmes de Paul Celan.
Là il s’agit d’un livre entier, indépendant, au curieux titre du
reste, que j’ai recopié entier; quel est le titre? le nom de l’auteur fait-il
partie du titre?
Fellini Roma: quel est le titre? l’auteur est dans le titre?
En ce qui concerne,
par exemple, Balzac dans la Pléiade, ou tout aussi bien Faulkner, je lis (ou
survole) la préface après, et lis les notes à la file après, en me reportant si
je l’ai oublié au texte qui devient par là une note de la note.
Les titres de la collection «Ecrivains de toujours» sont curieux.
Exemple: Corneille par lui-même par Louis Herland. Faudrait savoir!
Sinon on a L’Histoire de la
peinture en trois volumes,
de Matthieu Bénezet, mais c’était un rigolo des années soixante. (Je l’ai vu
référencé en «Arts» dans des catalogues.) C’était un volume sans art et sans
histoire.
«Je me promettais alors de ne jamais rester un printemps sans aller
les voir et de ne pas imiter la vie bête des grandes personnes qui vont se
faire des visites au lieu d’aller voir les aubépines» MP.
A vendre, lot important d’ours en peluche: faire proposition.
A vendre pokes new-yorkais, par lot de cent (on ne fait pas au
détail).
A vendre mouton – lancé une seule fois – bonne occasion.
A échanger mère, style «château en péril», contre liberté de
mouvement.
A vendre: troupeau!
Ici, il n’y a que des «amis», donc vous comprendrez qu’il ne peut y
avoir de favoritisme, que diraient les autres qui nous lisent?
Donc, ça se
passe comme sur ebay: aux enchères les moutons!
Je suis drôlement fière: parmi mes amis, c’est moi qui ai le plus de
moutons.
A priori le texte de Kuchelbecker n’a rien à voir avec les prétendus
extraits cités par Tynianov. J’attends un lecteur qui sache le russe. Mais je
suis capable de me fourvoyer complètement.
Si l’on compare mes deux articles, l’on peut
penser à ce film ou deux personnages dialoguent par le truchement d’un
interprète. Le premier se lance dans un interminable discours, que l’interprète
traduit en deux syllabes. le second répond en un mot, que l’interprète traduit
pas des phrases interminables… (J’attends aussi qu’un lecteur me trouve le
film.)
Je ne me souviens pas trop de ça dans Lost in translation: je ne suis pas sorti, j’ai dormi (en
revanche j’ai bien aimé les Virgins). Je me demandais, un vieux film avec Bing Crosby,
ou alors Pierre Dac?
Je ne suis pas fan de Romy Schneider, ni trop de Clouzot (hum…
enfin…), mais ces quelques minutes de rush sont de purs… de purs quoi?… de purs
joyaux de cinéma!
2009. J’y pensais l’autre jour en regardant une émission sur Arte à ce
sujet. Finalement, hors nos joies (et peines personnelles), nous nés dans l’immédiate
après-guerre, ça a bien été le 9 novembre 1989 le plus bel événement que nous
avons vécu, le plus important, le plus joyeux, la divine surprise.
Patrick sent qu’il va être obligé de lire Béatrix.
J’vais m’coucher
Nota sérieux: il y a un livre extraordinaire (gros et cher), mais
passionnant et incroyable: la correspondance Louÿs-Valéry-Gide… bon… c’est
autre chose…
Sinon: Dossier secret, Louÿs et Marie de Régnier, avec des photos de
Marie toute nue.
Bilitis et Aphrodite, c’est tout à fait “camp”, le comble du
“camp”. Trois filles c’est
un peu comme les civilités.
Dans la correspondance (d’où Gide disparaît assez vite, trop raisonnable pour
ces deux déglingues que sont Valéry et Louÿs – car Valéry est aussi déglingue
cf. le journal de Catherine Pozzi), il y a deux moments très forts: la
rencontre extraordinaire de ces trois tout jeunes gens, puis bien plus tard la correspondance
frénétique entre Louÿs et Valéry dans les années 18, jouissif! Pierre Louÿs
était un pantin tragique. Remarquez, Valéry n’en est pas loin.
Je n’ai toujours pas de smileys pour vous répondre.
Si je comprends bien, tous les Français et Françaises ont une vie
sexuelle bien remplie parce qu’ils savent dessiné la belle queue en
tire-bouchon des cochons?
Paul Valéry est tout à fait un pantin tragique.
J’étais tranquillement en train de graver Adieu Philippine et Pierrot le Fou pour mon fils, quand soudain… mordu jusqu’à
saigner par son beau-père!
Mes amis ne savaient pas que j’avais la gale… maintenant ils le
savent.
Patrick est le gardien de sa mère.
«Alors je ne pourrai pas vous revoir. — Mais si, venez l’année
prochaine. — Vous viendrez sûrement? — Oh! sûrement, c’est réglé, à partir du
15 mai vous nous trouverez, peut-être même un peu avant s’il fait beau. Nous ne
bougerons pas d’ici. Donc, s’il fait un temps épouvantable, nous ne serons
peut-être pas là avant le 20 mai, mais vous verrez bien vous-même. Oh! et puis
si vous ne nous voyez pas nous saurons bien vous appeler, notre odeur ira bien
vous chercher, vous faire signe, il y a quelqu’un qui vous attend par là. — En
tout cas pas plus tard que le 20 mai. — Ah non, pas plus tard, nous sommes
forcées d’être parties au commencement de juin, cela ne vaudrait plus la peine.
— C’est que l’année prochaine je ne sais pas si je pourrai. — Ah! voilà… Mais
si vous pouvez, tâchez, on sera toutes là, on s’amusera comme autrefois, vous
verrez. » MP
Ah non! (mais peut-être ai-je tort de me sentir visé par l’allusion à
l’allusion ci-dessus.) Il n’y a pas de second degré, cette photo d’un cochon du
bord de Loire, en aval de Nantes, n’est que pour démontrer la taille des
oreilles de l’animal. Je n’ai pas de photo de cochons avec la queue en
tire-bouchon. Du reste, ça existe dans la nature? n’est-ce pas une légende pour
petits citadins?
Et puis ça change un peu des moutons.
Patrick prépare son sac. Entre le comptage des paires de chaussettes
en fonction du nombre de jours, le choix des t-shirts, essayer de retrouver où
est passé Balzac tome II, ne pas oublier le rasoir, le coupe-ongles, mettre à
recharger le portable, l’autre p
La réponse est tellement évidente: un troupeau. Je vous vois bien en
bergère dans la vallée de la Clarée ou pas loin du Parpaillon.
Oui… oui… ça très fort je l’ai… en somme c’est cela qui m’a amené à
RC… et qui fait que j’aime tant certains textes de Julien Gracq.
(En bergère
vous seriez photogénique à ravir.)
«Pour celui qui ne veut pas être heureux, il n’a qu’à monter dans son
grenier et il entendra, jusqu’au soir, siffler et gémir les naufrages. il n’a
qu’à s’en aller dehors, sur la route, et le vent lui rabattra son foulard sur
la bouche c
Patrick a lu Le Grand Meaulnes.
Patrick aimerait bien vivre en un lieu où il pourrait écouter du
Ligeti à tue-tête sans que les autres habitants lui disent: «Arrête ton
crin-crin.»
Encore deux photos, du 26 mai. Cette fois les aubépines n’ont plus de
fleurs du tout, mais à leurs côtés d’autres arbustes ont fleuri.
Je n’y connais
rien, mais: «Combien naïves et paysannes en comparaison sembleraient les
églantines qui, dans quelques semaines, monteraient elles aussi en plein soleil
le même chemin rustique, en la soie unie de leur corsage rougissant qu’un
souffle défait» MP.
Je ne sais pas si c’est un pur chef-d’œuvre, bien décrié, mais pour
moi c’est un livre magique, de bout en bout.
2e partie, chapitre 12, page 192
de la bonne édition où je viens de le lire, une curieuse note: «ce chapitre est
la frontière à laquelle se sont arrêtés bien des lecteurs, à commencer par
Gide».
Patrick souhaiterait vivre en un lieu où il pourrait déclamer,
proclamer, à voix forte et fausse, du Max Jacob sans qu’on le regarde bouche
bée, avec des yeux de poisson, en menaçant de l’envoyer à Bonneval. (Quand j’étais
petit c’était Charenton, plus tard Cadillac).
Dans ma famille, on n’était pas des bobos parisiens.
Quand j’entends Sainte-Anne je pense Lacan!
Patrick, toutes les après-midi, pratique les rêveries (ruminations) du
promeneur solitaire (avec chien).
«Les pubs FB ne cessent de m’impressionner: “Obtenez un corps
parfait maintenant, essayez-le gratuitement!”
— C’est en effet très impressionnant! j’essaye d’imaginer la chose.»
Patrick , chaque matin, avant de prendre son café, lance un mouton.
Pétard! Patrick est plus fort que M. Je viens de trouver ce qui n’allait
pas. Donc, votre playlist, en haut à droite cliquer sur partager, puis copier
le long code, puis le mettre dans l’application deezer de facebook,
enregistrer, laisser mijoter cinq heures, à feu doux surtout, ajouter une
gousse d’ail pour éloigner les fantômes, servir tiède nappé de violons
pleurnichards, c’est bon.
«Je me demandais comment finissaient les fils de conversation: ou
comme meurent les étoiles, par épuisement de leur énergie interne, ou en vertu
de la mécanique des fluides, par frottements sur les bords. mais voici un fil
qui sans doute va finir sur un beau point d’orgue de P.»
J’ai dormi en 232 lieux, et il faut cliquer à gauche sur le bas du
deuxième ascenseur pour voir le sud-est. Impossible d’avoir une carte complète
en une fois. Tous les lieux mentionnés sont certains, en revanche je n’ai pas
mentionné des endroits dont je ne suis pas sûr. Ai-je dormi en telle ville en
telle année?
«Pour me faire pardonner ma brutalité sur la S, je vous conseille de
devenir “ami” avec Gunther. Une fois que cela sera fait, allez explorer ses
photos. Suivez régulièrement ce qui se passe chez les autres, les liens
déposés, etc, et quand quelqu’un vous “plaît” particulièrement (par ses goûts,
ses recherches, etc) faites une demande d’“amitié”. C’est comme dans Tricks: dans Tricks on couche avant de se connaître, ici on devient
amis pour faire connaissance. (Et il est toujours possible de supprimer un
“ami” de sa liste: la personne n’est pas mise au courant, il faut qu’elle s’en
aperçoive d’elle-même).»